lundi 3 juillet 2017

FAUT-IL VRAIMENT NAÎTRE DE NOUVEAU ?



par Jean Vandenbroeck (Radio réveil 1978.07)
Jésus s’entretenait un jour avec un chef religieux nommé Nicodème. Il lui fit cette déclaration surprenante: Il faut que vous naissiez de nouveau (Evangile de Jean, 3:7).
N’était-ce pas affirmer que tout était à recommencer pour son interlocuteur? Si Nicodème devait «naître de nouveau» — revenir à un nouveau point de départ — c’est que la vie qu’il menait ne répondait pas aux exigences de Dieu. Or, Nicodème était certainement un homme dont la moralité et la spiritualité dépassaient la moyenne. Nous pouvons en déduire tout naturellement que ce que Dieu demande se situe en dehors des possibilités humaines.
C’est exactement ce que dit Jean, l’évangéliste: les enfants de Dieu ne naissent pas par filiation naturelle, ni par les efforts humains, ni en résultat d’efforts humains, ni par la volonté d’un intermédiaire humain. Ils naissent de Dieu (cf. Jean 1:13).
C’est exactement ce que dit Jean, l’évangéliste: on ne parvient pas au statut d’enfant de Dieu par filiation naturelle, ni grâce à des efforts humains, ni par un intermédiaire humain. Il faut naître de Dieu (cf. évangile de Jean 1:13).
Nous avons donné pour titre à cette causerie: «Faut-il vraiment naître de nouveau?» En d’autres termes: la déclaration de Jésus doit-elle être prise au pied de la lettre, et est-elle valable aujourd’hui ?
Si nous essayons d’actualiser le personnage auquel Jésus s’adresse, nous commencerons par relever que Nicodème est religieux et qu’il occupe un poste de direction spirituelle. Il est donc possible d’être tout cela sans avoir vécu l’indispensable nouvelle naissance dont parle Jésus. Un homme peut avoir une moralité exemplaire et jouir d’un certain prestige religieux tout en restant en dehors de cette réalité.
Serait-il possible qu’un prêtre catholique ou un pasteur protestant exerce son ministère sans être né de Dieu? Quelques exemples de l’Histoire répondront à cette question : Martin Luther était un prêtre exceptionnellement dévoué à la cause divine quand il comprit, enfin, la seule condition indiquée par les Saintes Ecritures pour devenir enfant de Dieu. Il fallait naître de Dieu... John Wesley, pasteur protestant d’une piété profonde devint enfant de Dieu après avoir prêché l’Evangile pendant plusieurs années. Plus tard, Wesley dira, en rappelant cette période cruciale de son œuvre pastorale : «J’avais alors la foi d’un serviteur et non celle d’un fils».
Ils sont très nombreux les prêtres et les pasteurs qui ont fait la même expérience. Il est donc vrai que la nouvelle naissance n’est pas indispensable pour accomplir des œuvres remarquables. Il ne faut pas être né de nouveau pour lutter contre le racisme, ou pour militer avec enthousiasme dans un mouvement de révolution sociale ou politique, même d’obédience chrétienne. Il ne le faut pas davantage pour chercher à aider les pays du tiers-monde.
Point n’est besoin de passer par cette intervention divine dans sa vie pour être capable d’émouvoir les cœurs par les arts religieux, par la littérature ou par la musique. La nouvelle naissance n’est pas requise de celui qui veut se consacrer à l’union de toutes les églises ou de toutes les religions. Elle ne l’est même pas pour être doué de l’éloquence sacrée...
Il n’est donc pas indispensable d’être né de nouveau pour chercher à créer un monde nouveau, un monde de justice et de compréhension. On peut, dès lors, faire appel à toutes les bonnes volontés, qu’elles soient religieuses ou non, unir toutes les options philosophiques, morales ou politiques. Et c’est bien ce que l’humanisme contemporain s’efforce de promouvoir.
Faut-il en conclure que ce que Jésus impose à Nicodème est dépassé ?
Il est certainement utile de mieux connaître l’intention du Seigneur. Quand il dit: «Il faut que vous naissiez de nouveau», Jésus précise en vue de quoi cela est indispensable : Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu.
S’il est possible de faire beaucoup de choses sans naître de nouveau, on ne saurait entrer dans le Royaume de Dieu, on ne pourrait même pas le voir ni le comprendre, sans la nouvelle naissance! L’homme peut créer un monde religieux qui lui soit propre, il peut multiplier les religions et les actes que nous appellerons de bonne volonté. Mais le Royaume de Dieu lui restera étranger.
La même précision se retrouve au prologue de l’Evangile de Jean, dans lequel l’apôtre dit que le monde, dans son ensemble, n’a pas voulu de Jésus-Christ. En même temps, il relève que la porte reste ouverte pour quiconque veut effectivement entrer dans la famille de Dieu.
Voici quelques extraits de ses affirmations: «Le monde n’a pas reconnu le Christ. Il est venu chez les siens, et les siens ont refusé de l’accueillir. Quelques-uns, cependant, l’ont accueilli, ils ont cru en lui, et ils ont placé leur confiance dans ce qu’il était; à tous ceux-là, il a accordé le privilège de devenir enfants de Dieu... Ce n’est pas par une naissance naturelle qu’ils le sont devenus, sous l’impulsion d’un désir instinctif ou par une initiative d’homme: c’est Dieu lui-même qui les a fait naître» (Jean 1:12-13 - Transcription A. Kuen).
L’apôtre Paul, parlant des intentions divines à l’égard des hommes, écrit que Dieu «s’était proposé à l’avance, dans son plan, de nous adopter par amour comme ses propres enfants, par Jésus-Christ. Tel a été son dessein bienveillant, telle sa volonté» (Ephésiens 1:5).
L’apôtre Pierre, de son côté, déclare que la nouvelle naissance s’opère par l’action efficace de l’Ecriture Sainte: «Rappelez-vous, écrit-il dans sa première lettre, que la semence de vie par laquelle vous êtes nés de nouveau n’est pas de nature éphémère, c’est une semence immortelle : c’est la Parole vivante et éternelle de Dieu» (I Pierre 1:23).
C’est un aspect du christianisme qui le différencie absolument de toutes les autres religions, de toutes les tendances philosophiques. C’est ce qui écarte toute possibilité de confusion ou de mélange. La nouvelle naissance n’est pas réservée à une certaine qualité de vie. Elle n’est pas assortie de conditions que seule une élite ou simplement un groupe limité d’hommes et de femmes puisse remplir. La nouvelle naissance est la réponse certaine de Dieu à la confiance, à la foi que l’homme accorde à l’œuvre expiatoire unique de Jésus-Christ, Dieu fait homme.
L’obstacle majeur à la nouvelle naissance ne vient pas des exigences divines. C’est le refus d’une foi totale en Jésus-Christ, selon la révélation que Dieu nous a donnée par les Saintes-Ecritures. C’est aussi le fol espoir de l’homme de se sauver lui-même.
L’homme est aveugle quant à l’ampleur de son iniquité. Et cet aveuglement l’empêche, d’une part, d’apercevoir son incurable déchéance, d’autre part d’accepter l’amour infini de Dieu.
L’unique condition de salut et de la naissance nouvelle est la foi, la réception de l’offre divine, condition que tous les hommes peuvent remplir.
Sur la croix, «Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même en n’imputant point aux hommes leurs offenses...» Ainsi s’exprime saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens (II Corinthiens 5:19). Et, dans son entretien avec Nicodème, Jésus déclare aussi : «Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner les hommes, mais pour que le monde soit sauvé par lui. Celui qui place sa confiance en lui n’aura pas à subir la condamnation, mais celui qui lui refuse sa confiance est déjà condamné, car il n’a pas mis sa confiance en la personne du Fils unique de Dieu» (Jean 3:17-18).
Il y a dix-neuf siècles que la rédaction de la Bible a été achevée. Dans l’un de ses livres écrit en vue d’encourager et de guider un jeune ministre du culte, nous lisons ceci: «Sache bien que des temps difficiles nous attendent. La période finale de l’histoire de ce monde sera une époque périlleuse et trouble... Les hommes seront imbus d’eux-mêmes, enflés d’un orgueil qui les aveuglera, ils aimeront le plaisir plus que Dieu... Certes, ils resteront attachés aux traditions extérieures de la religion et... garderont l’apparence de la piété, mais, en réalité, ils ne voudront rien savoir de ce qui en fait la force...» (II Timothée 3:1-5).
Qu’est-ce qui fait la force de la piété chrétienne, sinon la croix de Jésus-Christ? C’est le regard de foi vers le Sauveur de tous les hommes qui fait passer l’individu de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière. Dieu répond à cette foi en créant un homme nouveau. «Si quelqu’un entre en communion vivante avec le Christ, il devient un homme nouveau, dit encore l’apôtre Paul; il devient un homme nouveau, il est recréé. L’ancien état est dépassé, ce qu’il était autrefois a disparu... tout (pour lui) est devenu nouveau» (II Corinthiens 5: 17).
Faut-il vraiment naître de nouveau ? Faut-il vraiment faire abstraction de tout ce que nous sommes par nature? Devons-nous nous «considérer comme morts au monde, à nous-mêmes, au péché», pour reprendre l’expression de Paul ? Oui ! Pour être enfants de Dieu, il le faut d’une manière absolue. Ce n’est pas l’aboutissement d’une vie exemplaire, c’est le commencement d’une vie nouvelle qui, désormais, nous met au bénéfice de l’œuvre parfaite de Jésus-Christ.

Pour terminer, citons encore quelques paroles de cet entretien mémorable de Jésus avec l’une des personnalités dirigeantes de la religion de son temps: «Le Fils de l’homme doit être élevé (sur la croix) pour que tous ceux qui placent leur confiance en lui vivent éternellement. Oui, Dieu a tant aimé les hommes qu’il a donné son Fils, son unique, pour qu’aucun de ceux qui se confient en lui ne soit perdu, mais que chacun accède à la vie éternelle» (Jean 3:14-16).