lundi 12 juin 2017

VRAI ET FAUSSE PIÉTÉ suite...



Jésus nous met en garde contre les dangers de la fausse piété, il y en a quatre

1° La piété fleuve
Les païens croient qu'en "forçant la dose" ils auront plus de chances d'être entendu. Ce que Jésus leur reproche, c'est de prétendre faire pression sur Dieu par la longueur de leurs prières. J’ai entendu, quand j'étais hospitalisé, en juin 1997 le catholikos arménien, le responsable de l'église arménienne dans le monde, citer un auteur ancien à la télévision : "plus de paroles dans la prière égale moins de prière et plus de prière égale moins de paroles". Cela veut dire que ce n'est pas la longueur de la prière qui est efficace mais c'est la sincérité, l'élan du coeur vers Dieu qui est reçu par le Seigneur et non pas un fleuve.

Jésus nous rappelle que "ce sont les païens qui s'imaginent qu'à force de prière ils seront exaucés". Dieu n'est pas sourd, il n'est pas non plus endormi et la prière n'a pas pour but de le réveiller

Ce texte condamne, bien entendu, les répétitions inlassables qui finissent par transformer celui qui prie en "moulin à prière".

Les chrétiens évangéliques, qui se méfient des prières toutes faites ou apprises par coeur, ne sont pas à l'abri des longueurs inutiles, ils peuvent, eux aussi, en rajouter, comme pour faire pression sur Dieu.

La prière dite "d'abondance du coeur" peut traduire la liberté du croyant devant Dieu, elle peut aussi n'être qu'une prière abondante, qui attend plus de sa longueur que de l'amour de Dieu.

Il est vrai que Jésus nous exhorte à la persévérance dans la prière

Mais s'il faut persévérer, ce n'est pas parce que Dieu est "dur à la détente" ou "dur d'oreille", mais au contraire parce que rien, pas même son silence apparent, ne doit nous faire douter de lui

Jésus ne nous dit pas que Dieu est semblable à l'ami endormi ou au juge inique de nos deux paraboles. Il est différent, au contraire, cette différence s'exprime dans l'expression : "à plus forte raison" Luc 11 : 13. Il faut persévérer dans la prière parce qu'il ne faut pas désespérer de Dieu, quelles que soient nos situations

2° La prière calcul

Une autre erreur dans la piété consiste à croire que si l'on se conforme scrupuleusement à ses obligations religieuses, on en sera forcément récompensé

La religion, l'observation du sabbat (Matthieu 12:1-5), la pureté rituelle (Matthieu 15:1-2), les dîmes (Matthieu 23:23-24). Comme Jésus leur dira : vous nettoyez l'extérieur du plat, mais l'intérieur est plein de rapines. La piété calcul va être une piétée dans les formes, on oublie le fond, on regarde à l'apparence, mais Dieu regarde au coeur. Le pharisien dira : "je jeûne deux fois la semaine... Tandis que lui, là-bas, ce publicain..."

Il observait tous les commandements, il était un propre juste

les prescriptions rituelles et le rituel passent avant le spirituel

D'où leurs critiques contre les disciples de Jésus et surtout leur incompréhension de l'attitude de Jésus qui était l'ami des pécheurs, (Marc 2:15-17), (Luc 15:1-2), (Luc 7:36-50).

N’attachons-nous jamais plus d'importance à des détails de la piété ou du comportement chrétien qu'à l'amour du prochain...

3° La piété étalage :

Un des reproches adressés par Jésus aux gens de son temps, c'est de faire étalage de leur piété, (Mat. 6 : 1-15 ; 23 : 5-14 ; 23 : 25-28).

Ils se soucient au moins autant de ce que pensent les autres, que de ce que Dieu attend d'eux.

Nous avons l'exemple de ce pharisien dont nous avons déjà parlé, ils n'étaient pas tous comme cela. Il les accuse d'hypocrisie, autrement dit de jouer la comédie de la piété, de faire du théâtre avec leur religion.

Certaines formes de piété sont suspectes, d'autres, au contraire, sont recherchées de telle ou telle église, cela dépend où l'on se trouve.

Il ne faut pas imposer aux autres sa propre règle; ce qui est valable pour vous n'est pas forcément valable pour moi dans certains domaines.

Celui qui vit sa foi "en esprit et en vérité" ne sera pas tenté d'en faire étalage. Les choses spirituelles ne se mesurent pas à des signes extérieurs ni avec des dimensions humaines.

Par conséquent le chrétien s'abstiendra de juger la foi de ses frères d'après la manière dont ils expriment cette foi.

4° La piété alibi :

La piété quelle que soit la forme sous laquelle elle se manifeste, n'est pas une fin en elle-même. La vraie piété est un moyen de résister à la tentation mais aussi et surtout de rester en communion avec Dieu, un moyen de grâce dit-on généralement. Elle permet au croyant de "marcher avec Dieu", en restant attentif à sa Parole. Elle ne doit pas être un domaine réservé de la vie, coupée de la vie quotidienne.

Rien n'est plus grave qu'une vie pseudo-spirituelle, même sincère ou fervente, si elle ne transforme pas la vie et ne conduit pas les chrétiens à accomplir la volonté de Dieu.

Déjà les prophètes de l'Ancien Testament ne cessent de dénoncer la tromperie de ceux qui offrent des prières et des sacrifices à Dieu et se moquent de sa volonté, dès qu'ils sont sortis du Temple. (Es. 1 :10-15; 58 : 3-10; Jérémie 7 : 3-11...).

Le souci des obligations religieuses peut même être un obstacle à l'amour du prochain (Mat. 15:3-6; Marc 3:1-5).

Sous prétexte de faire passer Dieu avant les hommes, on néglige ce qui compte avant tout devant Dieu. On peut tous se frapper la poitrine dans ce domaine. On oublie d'être un fidèle témoin. Jésus le soulignera "Si ton âne est tombé dans un puits un jour de sabbat, est-ce que tu vas le laisser mourir dans ce puits, car c'est un jour de sabbat, tu vas le retirer de là et tu glorifieras Dieu car tu auras sauvé la vie de ton âne". Dieu premier servi, je suis d'accord, mais attention aux autres !

Tout doit baigner dans le spirituel et non pas dans la religiosité.

Mais n'imposons pas aux autres ce qu'il nous demande de façon tout à fait personnelle.