Alors
que le temps des Juges approchait de son terme et qu’allait être suscité
Samuel, le premier prophète, l’infidélité de la sacrificature était manifeste.
Les fils d’Éli foulaient aux pieds et les droits de
l’Éternel et ceux des fidèles qui s’approchaient pour adorer. Au sein d’un tel
état de choses, Éli manquait du discernement
spirituel qui l’aurait conduit à faire face à sa responsabilité. « Ses
yeux commençaient à être troubles, il ne pouvait voir ». Et encore : « Il avait les yeux
fixes et il ne pouvait voir » (1 Sam. 3:2 ;
4:15). Certes il comprenait que ses fils agissaient mal et, même, souffrait de
leur conduite et les reprenait (1 Sam. 2:22 à 24),
mais il ne discernait pas ce qu’il aurait dû faire. Éli
était un homme pieux, mais manquant de l’énergie nécessaire pour exercer
l’autorité qui lui appartenait ; le discernement spirituel lui faisait
défaut pour cela (1 Sam. 2:27 et suivants ;
3:12-13).
Il
ne suffit pas de voir le mal, de dire sa désapprobation, il convient de s’en
séparer. Bien des choses, aujourd’hui encore, sont susceptibles de retenir un
chrétien pieux qui voit le mal et en souffre, mais ne s’en sépare pas. Ce
seront, par exemple, des relations selon la chair, des sentiments auxquels on
donnera le pas sur toute autre chose.
Quelle
obéissance et quelle fidélité que celle des fils de Lévi ! Ils prirent
leur épée contre leur frère, leur compagnon, leur intime ami, malgré tout ce
qu’il leur en coûtait ; il était douloureux d’accomplir l’acte que leur
commandait l’Éternel, s’adressant à eux par la bouche de Moïse, mais ils mirent
de côté les sentiments du cœur, car la gloire de l’Éternel passait avant
tout ! Pour Éli également, il était pénible
d’agir à l’égard de ses fils et il a reculé devant l’accomplissement de ce
devoir ; aussi, Dieu lui a fait adresser cette parole : « tu
honores tes fils plus que moi » (1 Sam.
2:29-30 ; cf. Matt. 10:37). Dans son aveuglement, il avait fait passer les
sentiments de son cœur avant la gloire de l’Éternel. Peut-être pensait-il que,
tout en réprouvant le mal de ses fils, il pouvait cependant le tolérer, user de
grâce envers eux ? — Quel aveuglement ! — N’ayant pas retenu ses
fils, ne s’étant pas séparé du mal qu’ils avaient commis, Éli
en demeurait solidaire (voir 1 Sam. 2:29 ;
remarquez le « vous » dans lequel Éli est
compris). Aussi Dieu va le mettre de côté ! Combien c’est sérieux. Malgré
sa piété, il est considéré comme un sacrificateur infidèle, car Dieu
déclare : « Je me susciterai un sacrificateur fidèle » (1 Sam. 2:35).