mardi 18 février 2014

L'Exemple des Apôtres Par E.M. Bounds

"Donnez-moi une centaine de prédicateurs qui ne craignent rien d'autre que le péché et n'ont pas d'autres désirs que Jésus seul, et je ne me ferai pas de soucis au sujet de leurs diplômes. Ces quelques-uns seuls feront trembler les portes de l'enfer et établiront le Royaume des Cieux sur la terre. Dieu ne fait rien qu'en réponse à la prière." - John WESLEY

Les apôtres connaissaient la nécessité et l'importance vitale de la prière, pour leur ministère. Ils savaient que leur grande mission d'apôtres, confiée par leur Seigneur, au lieu de les dispenser de la nécessité de prier, les y forçait, bien au contraire, par un besoin plus impérieux. De sorte qu'ils étaient extrêmement jaloux de leur temps pour éviter qu'une autre œuvre importante ne viennent l'employer. C'est pourquoi ils firent désigner sept hommes pour s'occuper des délicates et grossissantes affaires de l'administration matérielle des chrétiens pauvres de Jérusalem afin qu'eux-mêmes, les apôtres, puissent, sans en être empêchés, se "donner continuellement à la prière et au ministère de la Parole" (Actes 6). Remarquez que la prière est mise ici en premier lieu, et que leur devoir, dans cet exercice, y est très fortement exprimé: se donner eux-mêmes continuellement à la prière et au ministère de la Parole. Ils font de cela un profond travail, y ajoutant un abandon d'eux-mêmes, y mettant de la ferveur, de l'urgence, de la persévérance et du temps.

Ô combien les saints hommes de l'époque apostolique se donnaient-ils à cette œuvre divine de la prière! " Nuit et jour, nous le prions avec une extrême ardeur ", (1 Thessaloniciens 3) ; " Epaphras... ne cesse de combattre pour vous dans ses prières " (Colossiens 4). " Nous nous donnerons nous-mêmes continuellement à la prière "; tel est le témoignage de la dévotion apostolique. Combien ces prédicateurs du Nouveau Testament s'unissaient à Christ en faveur du Peuple de Dieu! Comme ils mettaient Dieu en pleine puissance dans leurs églises par leurs prières! Ces saints apôtres ne s'imaginaient pas avoir accompli leurs hauts et solennels devoirs en ayant simplement délivré avec fidélité la Parole de Dieu; mais leurs sermons étaient rendus clairs et pénétrants par l'ardeur et l'insistance de leurs prières.

La prière apostolique était aussi laborieuse, exigeante et impérative que la prédication apostolique. Ils priaient instamment jour et nuit pour amener les brebis aux régions les plus hautes de la foi et de la sainteté. Ils priaient plus puissamment encore pour que le Seigneur les garde à cette haute altitude spirituelle. Le prédicateur qui n'a jamais appris à l'école de Christ l'art élevé et divin de l'intercession pour son peuple, n'apprendra jamais non plus l'art de prêcher comme Dieu l'entend; et cela, même s'il était le plus doué des génies pour faire et délivrer des sermons.

Les prières des conducteurs véritablement saints et apostoliques sont le meilleur moyen de faire des saints de ceux qui ne sont pas apôtres. Si les conducteurs de l'Eglise qui a suivi celle des apôtres avaient été aussi exigeants et fervents en prière que l'avaient été leurs prédécesseurs, les temps tristes et sombres de la mondanité et de l'apostasie n'auraient pas souillé l'histoire et arrêté en partie l'avancement de l'Eglise de Jésus-Christ.

Quelle grandeur d'âme, quelle pureté et quelle élévation des motifs, quel oubli de soi-même, quel sacrifice de soi, mais aussi quelle ardeur de l'esprit et quel divin tact ne sont-ils pas requis de celui qui veut être un intercesseur pour les hommes!

Celui qui porte la parole doit d'abord se donner lui-même dans la prière pour le peuple de Dieu; et ce, non pour qu'il soit seulement sauvé, mais pour qu'il soit puissamment sauvé. Les apôtres présentaient comme à bout de bras les saints, à leur Dieu, pour qu'ils soient perfectionnés en Christ; non pour qu'ils aient seulement un peu de goût aux choses de Dieu, mais afin qu'ils puissent être " remplis jusqu'à toute la plénitude de Dieu ". Paul ne se reposait pas sur sa prédication d'apôtre pour arriver à ce but; mais, " à cause de cela, il fléchissait les genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus-Christ". Les prières de Paul transportaient ses convertis bien plus loin que ses prédications, sur le chemin de la sainteté. Epaphras, de même, faisait autant et même plus par ses prières pour les Colossiens que par ses paroles. Il ne cessait d'œuvrer dans ses prières, avec ferveur, pour eux, afin qu'ils puissent se tenir " parfaits et pleinement persuadés dans toute la volonté de Dieu ".

Les anciens sont, en premier lieu, les conducteurs appelés de Dieu. Ils sont les premiers responsables de la condition de l'Eglise. Ils forment son caractère, donnent le ton et la direction à sa vie. Le chemin qu'elle prend dépend pour beaucoup et parfois tout entier de ses conducteurs. Ils en font l'emploi du temps et les institutions. L'Eglise est d'origine divine, le Trésor qu'elle encaisse est également divin, mais elle porte l'empreinte de l'humain. Ce Trésor est dans des vases de terre, et il sent son contenant. L'Eglise de Jésus-Christ fait, ou est faite par ses conducteurs. Qu'elle les forme ou qu'elle soit formée par eux, elle sera ce qu'ils sont: spirituelle s'ils le sont, mondaine s'ils le sont, liée ensemble s'ils le sont.

Les rois d'Israël donnaient un caractère à la piété du peuple. Ce n'est que rarement qu'une Eglise emploie des moyens spirituels pour s'élever au-dessus de la religion de ses conducteurs. De puissants conducteurs spirituels, de saints hommes de Dieu à la tête, sont de sûres marques de la faveur divine; tandis que le désastre et la faiblesse marquent le sillage de conducteurs faibles et mondains. C'est parce qu'Israël était tombé bien bas que Dieu lui donna des enfants pour princes, et de petits enfants pour le gouverner.

Ce ne sont pas des temps de bonheur que prédisent les prophètes quand les enfants oppriment l'Israël de Dieu et que les femmes dominent sur lui! L'époque des véritables conduites spirituelles est aussi celle de la grande prospérité spirituelle de l'Eglise.

La prière est l'une des caractéristiques les plus marquantes des véritables conducteurs spirituels. Les hommes expérimentés dans la vraie prière le sont aussi pour modeler les événements. Leur puissance avec Dieu leur fait conquérir tout lieu que foule la plante de leurs pieds. Comment un homme peut-il prêcher s'il n'a pas fraîchement reçu son message de Dieu même, dans le lieu secret? Comment peut-il parler aux autres si sa foi n'a pas été vivifiée, sa vision clarifiée et son cœur rendu brûlant par son temps de communion intime avec Dieu? Hélas pour les lèvres de chair qui n'ont pas été touchées par cette intime flamme! Ces discours seront toujours secs et sans Onction d'En-Haut, et la vérité divine ne sortira jamais avec efficacité de telles lèvres!

Un chrétien qui ne prie pas n'apprendra jamais que par l'intelligence la vérité de Dieu; un ministère sans prière ne sera jamais capable d'enseigner la vérité de Dieu. Qui dira combien de gloires ont été perdues par une Eglise légère? Même le retour de notre Bien-Aimé Seigneur a été retardé à cause d'une Eglise qui ne prie pas. L'enfer s'est élargi et a rempli ses affreux abîmes, grâce au service mortel d'une Eglise qui ne prie pas.

La meilleure, la plus grande offrande, est une offrande de prières. Si les prédicateurs du 20ème siècle veulent apprendre avec sérieux la leçon de la prière véritable, et se servir pleinement de sa puissance, le Millénium viendra dans toute sa majesté avant que le siècle ne se termine.

" Priez sans cesse ", tel est l'appel de trompette qui résonne maintenant aux oreilles de tous les chrétiens. S'ils veulent recevoir leurs textes, leurs pensées, leurs paroles, leurs prières, leur mentalité nouvelle et biblique, dans le lieu secret, le siècle prochain s'ouvrira alors sur des Cieux et une terre renouvelés; les choses anciennes, souillées par le péché, ne tarderont pas à disparaître sous la puissance d'une libre manifestation du Saint-Esprit.