lundi 7 avril 2014

01 Colossiens Ch1 V 1 A 8

01 Colossiens Ch1 V 1 A 8

Introduction à l'épître aux Colossiens

Colosses et l'évangile

Colosses était une petite ville de la province de Phrygie, en Asie mineure, la Turquie actuelle. Située à 160 km à l'est d'Éphèse, elle était proche de Laodicée et de Hiérapolis, deux autres villes mentionnées dans l'épître (2.1 ; 4.13, 16).

L'apôtre Paul avait traversé la Phrygie à deux reprises (Act 16.6), mais il ne semble pas qu'il se soit arrêté à Colosses ; en effet, les Colossiens ne connaissaient pas son visage (2.1).

L'évangile avait donc été prêché dans cette région par d'autres que Paul, notamment Epaphras, fidèle serviteur du Christ et compagnon de service de l'apôtre (1.7). Les assemblées formées à la suite de son travail entretenaient d'heureuses relations de communion (4.15, 16).

Le but de la lettre aux Colossiens

Paul a écrit cette lettre au cours de sa première captivité à Rome (dans les années 62-63). Il jouissait alors d'une certaine liberté, entouré de quelques fidèles amis : Timothée, Luc, Aristarque, Tychique et Epaphras.

Ce dernier lui avait apporté des nouvelles récentes de Colosses. L'état général de l'assemblée était très bon, comme le montre le début de la lettre ; l'apôtre reconnaît tout le travail de la grâce de Dieu qui entretenait chez les Colossiens la foi, l'amour et l'espérance.

Mais de faux docteurs essayaient de propager parmi eux des erreurs dangereuses qui ont causé plus tard de grands ravages dans l'assemblée. Chez les galates, des docteurs judaïsants avaient déjà prêché le retour à la loi (l'obligation de la circoncision en particulier), en annulant ainsi la grâce de l'évangile (Act 15.1-5; Gal 2.12; 5.2,11,12).

A Colosses, le danger était différent, et tout aussi subtil. D'un côté, les faux docteurs étaient aussi des judaïsants qui voulaient imposer les ordonnances de la loi aux chrétiens. Mais, de l'autre côté, sous le couvert de différentes philosophies (grecque, égyptienne, perse et hindoue), ils propageaient des idées gnostiques et s'attaquaient aux gloires de Christ.

Ils accordaient aux anges une puissance excessive dans le monde invisible, tandis qu'ils rabaissaient la personne de Christ au rang inférieur d'une créature, osant ainsi nier même sa prérogative et ses gloires de Dieu Créateur.

Ils affirmaient que la matière est la vraie source du mal dans le monde ; par suite, ils niaient que la création soit l'œuvre de Dieu. Pour se libérer de la nature mauvaise, il fallait se soumettre à un ascétisme poussé à l'extrême.

Ils propageaient ainsi des enseignements de démons, en interdisant de manger des viandes et de se marier (1 Tim 4.3). Chose étrange, cette recherche d'une fausse spiritualité s'accompagnait d'une vie dissolue.

La lettre de Paul aux Colossiens, répond à ces dangers et développe les ressources de la grâce de Dieu en Christ pour nous en garder. Dieu a laissé le mal doctrinal se propager dans les assemblées déjà du temps des apôtres ; ainsi, des instructions morales nous sont données par l'enseignement même de leurs épîtres, pour nous avertir et nous garder de tels dangers.

À notre époque, le légalisme remplace le judaïsme, tandis que l'intellectualisme et mysticisme remplacent le gnosticisme. Pour ne pas nous laisser entraîner par ces deux courants, notre sécurité est de revenir toujours à la simplicité quant au Christ (2 Cor 11.3), en tenant ferme à ce qui nous a été enseigné dès le commencement (1 Jean 2.24)

Les Colossiens et la grâce de Dieu

Salutations : v.1-2

C’est de Rome où il était prisonnier, que Paul écrit cette lettre qu'il a chargé Tychique de porter aux Colossiens, comme celle aux Éphésiens (4.7-9)(Eph 6.21). Onésime a accompagné Tychique pour aller à Colosses, de même qu'il portera en personne à Philémon, la lettre qui le concernait particulièrement.

Paul se présente comme apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu. Sans en tirer de gloire pour lui-même, il revendique son titre d'apôtre (c'est-à-dire d'envoyé). Christ, le Chef glorieux de l'église, lui avait confié son autorité pour prêcher ou enseigner. Le message de Paul est donc non seulement inspiré, comme le sont toutes les Écritures (2 Tim 3.16), mais il émane directement de Jésus Christ, par la volonté de Dieu

Paul s'adjoint Timothée, son cher enfant dans la foi et fidèle compagnon de service. Ils avaient été ensemble en Phrygie (Act 16.6), et la signature de deux témoins renforçait le message de l'apôtre.

Paul s'adresse aux Colossiens comme à de "saints et fidèles frères en Christ". Comme "saints et fidèles", les chrétiens sont en relation avec Dieu et le Seigneur. Le titre de "frères" ajouté ici ne figure pas dans la salutation aux Éphésiens. En effet, l'apôtre voit les Colossiens comme marchant sur la terre et jouissant ensemble de la communion fraternelle.

Par contre, les Éphésiens sont déjà par la foi dans les lieux célestes. Par grâce, tous les chrétiens sont des saints en Christ, sanctifiés et mis à par par appel. Le Seigneur peut-il dire de chacun de nous que nous sommes de fidèles frères en lui ?

Paul souhaite aux Colossiens : "Grâce et paix...de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ". L'apôtre commence ses treize épîtres par cette même salutation, ce qui n'en réduit pas la valeur, au contraire. Dans ses messages à des personnes (comme Timothée), Paul y ajoute la miséricorde, expression de l'amour divin approprié aux besoins personnels du croyant.

Les actions de grâces de Paul : v.3-8

Paul ne connaissait pas personnellement les Colossiens, mais il rend grâces à leur sujet et prie pour eux.

-La foi et l'amour : Epaphras lui avait parlé de leur foi en Christ et de leur amour pour tous les saints. Ces deux fruits de la grâce de Dieu étaient la preuve de la vie divine en eux (Gal 2.20 ; 1 Jean 3.14). Quand le cœur contemple Christ par la foi, son amour s'élargit pour tous les chrétiens : c'est "la foi opérante par l'amour"(Gal 5.6).

Dès le début de sa lettre, l'apôtre se plaît ainsi à souligner tout le bien qui se trouvait chez les Colossiens. Il est touchant de retrouver cette même disposition de cœur de l'apôtre dans le motif de sa première prière en faveur des Éphésiens (Eph 1.15). L'Esprit Saint nous place bien sur le même terrain levé de la grâce.

- L'espérance réservée dans les cieux : Toutefois, Paul ne présente pas ici aux Colossiens, comme aux Éphésiens, L’exposé des desseins de Dieu envers Christ et envers nous (Eph 1.3-14). Il leur parle plutôt de l'espérance qui les attache au ciel en attendant qu'ils y soient introduits. Les ordonnances du judaïsme et les spéculations philosophiques du gnosticisme tendaient à diriger les regards des Colossiens vers la terre. Au contraire, la parole de la vérité de l'évangile leur révélait qu'une espérance céleste leur était réservée dès maintenant.

Tout croyant est spirituellement ressuscité avec Christ, pour vivre de sa vie. Or, Christ est dans le ciel, assis à la droite de Dieu (3.1). Même si nous sommes encore sur la terre, le christianisme fait donc de nous des hommes célestes, dont la destinée est le ciel, là où Christ se trouve. Cette espérance est un des thèmes de l'épître (v.5, 27 ; 3.4).

 C'est un motif puissant invoqué par l'apôtre pour nous détacher des préoccupations de la terre et lier nos âmes à Christ dans la gloire. Si nous perdons de vue notre espérance céleste, nous manquerons note vie et notre service chrétiens.

-          L'Évangile parvenu aux Colossiens : L'évangile nous délivre de la puissance du péché, et nous introduit en espérance dans la gloire céleste avec Christ. Cette bonne nouvelle était déjà parvenue aux Colossiens, en Asie mineure.

-          Contrairement aux judaïsme, qui concernait un peuple particulier, Israël, l'évangile de Dieu est destiné à tous, sans restrictions ni barrières : il est pour tous les hommes, "en tous lieux" (Act 17.30); "dans tout le monde" (v.6), "dans toute la création qui est sous le ciel" (v.23).

-          L'apôtre souligne ici le caractère universel de la prédication de l'évangile du salut, plutôt que sa diffusion historique dans toutes les nations de la terre, qui n'était pas achevée lorsqu'il écrivait son épître.

Le caractère de l'évangile est remarquable : c'est entendre et connaître la grâce de Dieu en vérité. Le cœur est ouvert pour recevoir le message de Dieu envoyé au monde par son Fils venu dans notre humanité : "la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ"(Jean 1.17). Connaître "en vérité" cette "parole de vérité", c'est accepter par la foi en toute simplicité e cœur le témoignage de Dieu, en dehors de tout raisonnement humain.

L'évangile est prêché pour porter fruit et pour croître. Ce n'était pas une doctrine stérile, comme les spéculations des hommes. La parole de vérité de cette bonne nouvelle avait produit du fruit pour Dieu, non seulement à Colosses, mais ailleurs aussi : des personnes étaient sauvées, amenées à Christ, et leur marche chrétienne, dans la foi et l'amour, était un fruit à la gloire de Dieu.

La paresse ou la décadence de l'homme infidèle ne doivent pas voiler la vitalité de l'évangile. Celui-ci conserve aujourd'hui la même puissance qu'au début du christianisme pour sauver des âmes. Et Dieu désire aussi que nous fassions des progrès dans notre vie chrétienne : "Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ" (2 Pi 3.18). L'état du monde et la ruine publique de l'Église ne sont pas des excuses valables à notre nonchalance spirituelle et à la mondanité dans notre vie chrétienne.

Epaphras et les Colossiens

En apportant à Paul des nouvelles des Colossiens, Epaphras avait souligné leur "amour dans l'Esprit"(v.8). C'est la seule mention de l'Esprit Saint dans cette épître. L'amour des Colossiens n'avait pas sa source dans ses affections naturelles, mais dans le Saint Esprit : c'était le fruit de la vie divine qui est en Christ. L'Esprit de Christ ressuscité (Jean 20.22), dirigeait ainsi les affections renouvelées des Colossiens. Il devrait en être de même pour nous aujourd'hui.