COMMENT LA BIBLE A ETE DIVISEE EN CHAPITRES ET VERSETS
« Revue :
Croire et servir »
Les différents livres de la Bible sont
divisés en chapitres et en versets.
Il n'en a pas toujours été ainsi. Pire
encore, bien des siècles se sont écoulés durant lesquels il n'y avait aucun
espace entre les mots, où l'on ne mettait pas les voyelles et où l'on ne
faisait pas de distinction entre les lettres majuscules et les minuscules ! En
ce temps-là, si le livre de la Genèse avait été écrit en Français, il aurait
été lu comme ceci: CMMNCJKLGCVBZLKSRT ! A cette époque, trouver un passage en
particulier pouvait être aussi difficile que de trouver de l'eau fraîche dans
le désert ! En fait, cette tâche pouvait prendre des heures ou même des
journées de recherches.
Afin d'éviter les erreurs, les scribes (ceux
qui copient les manuscrits à la main) comptaient d'abord chaque lettre sur la
page à copier, puis comptaient ensuite chaque lettre sur la page qu'ils
venaient d'écrire !
Accroupis sur leurs pupitres, dans une
crainte perpétuelle de faire la moindre petite erreur, ces copieurs de la Bible
ne s'épargnaient pas. Plus d'un exprimait : « Ecrire, c'est avoir le dos
courbé, les côtes enfoncées dans l'estomac et sentir une débilité générale du
corps».
DIFFICILE A TROUVER.
Face à tous ces problèmes, il semblerait que
la Bible, sous cette forme, serait pratiquement impossible à lire. Pas du tout
! Les gens instruits de ce temps-là, pouvaient la lire sans difficulté, mais
trouver un certain passage... voilà le problème!
On a commencé à diviser les mots de l'Ancien
Testament qu'après le retour des Juifs de l'exil de Babylone (voir Esdras et
Néhémie). Après cela, presque mille ans se sont écoulés avant qu'on y ajoute
les voyelles, soit au 6ème siècle après Jésus-Christ.
Le travail sur la séparation des mots,
l'addition des lettres majuscules, la ponctuation et les paragraphes, se
faisaient peu à peu. Le Codex Vaticanus, un manuscrit biblique du milieu du
4ème siècle après Jésus-Christ, était la première Bible à apparaître en
chapitres divisés. Mais quelles divisions ! Matthieu, par exemple, était divisé
en 170 parties et Luc en 152 !
Les divisions en chapitres, comme on les
trouve dans nos Bibles actuellement, ne firent leur apparition qu'au début du
13ème siècle. Ce travail fut accompli par le savant Stephen Langton, Archevêque
de Canterbury.
A cause de Stephen Langton, nous pouvons
trouver facilement le troisième chapitre de Jean, le huitième de Romains ou le
premier de la Genèse. On ne sait pas pourquoi il ne continua pas son travail en
divisant chaque chapitre en versets.
En 1448, trois ans après la naissance de
Christophe Colomb, le Rabbin Nathan a surpris le monde juif en divisant
l'Ancien Testament en versets. Cet événement ne fut qu'un petit choc quand on le
compare à l'invention de l'imprimerie. En 1456, Jean Gutenberg, un Allemand,
imprima sa Bible — le premier livre à être imprimé avec des caractères mobiles
— dans une édition de 1200 pages !
Mais ce n'est qu'en 1524 que la version de
l'Ancien Testament du Rabbin Nathan fut imprimée avec l'indication des versets.
Quant aux divisions en versets du Nouveau
Testament, il restait à un imprimeur parisien, Robert Estienne, à accomplir
cette tâche, en 1551. Robert, apprenti de son père, a vu son commerce fleurir
pendant les premières années de la Réforme ; lui-même devint protestant. C'est
lui qui a imprimé plusieurs des œuvres de Calvin, en particulier une belle
édition de son Institution.
En 1551, Estienne décida de sortir une
édition du Nouveau Testament fort intéressante : trois colonnes sur chaque page
; au milieu, le grec ; d'un côté, la traduction latine (la Vulgate) et de
l'autre côté, la traduction d'Erasme. Il savait qu'une telle édition serait
très utile à des savants qui voulaient comparer les textes de ces deux
traductions avec le grec (langue originale du Nouveau Testament).
ET LES VERSETS?
Ce même Estienne eut l'idée, par la suite, de
diviser ces textes en versets. La manière dont il accomplit cette tâche est
très intéressante. Il existe une «petite histoire» qui veut que... n'ayant pas
beaucoup de temps, il fit ces divisions pendant ses voyages entre Paris Lyon.
Puisqu'il entreprenait ce voyage à cheval, il est dit qu'on peut attribuer
certaines divisions mal placées aux inégalités du terrain sur lequel le cheval
passait et qui faisaient sauter la plume de Robert au hasard ! Son fils, au
contraire, indiqua que le travail fut accompli dans les auberges où Estienne
passait la nuit !
A part quelques petites exceptions, les divisions que nous avons
actuellement dans le Nouveau Testament sont bien l'œuvre de Robert Estienne.
Ainsi, nous devons nos chapitres et versets à un Archevêque Catholique romain,
un Rabbin juif et un imprimeur protestant !