lundi 2 novembre 2015

LA MORT EST LA PORTE DE LA VIE

LA MORT EST LA PORTE DE LA VIE

Revue « Le réveil années 30 »

Cette ancienne expression renferme une pensée profonde. L’image que l’homme naturel se fait de la mort est celle d’une fin redoutable dans la décomposition et la corruption. Certes, il a raison, car la mort, salaire du péché, est bien une fin.
Mais tout autre est le plan de Dieu pour le salut du monde. Il fait du résultat même de la malédiction — qui est la mort — le chemin qui mène à la gloire. La mort devient ainsi un commencement et non une fin, elle devient le point de départ d’une vie nouvelle.
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La mort de la Croix — heure du triomphe de la mort — voilà l’instant où s’ouvrit la porte qui mène à Dieu, porte où sans cesse nous revenons à mesure que nous avançons dans la vie, et par cette porte, déjà ici-bas, nous parvenons à une joyeuse résurrection, à une vie toujours plus abondante parce que chaque fois que nous mourrons à ce monde, nous mourrons plus complètement. La vie chrétienne est le chemin qui nous fait passer d’un monde dans un autre, et la mort, comme on l’a si bien dit, est l’unique porte de sortie du monde où nous sommes.
«La mort est la porte de la vie.» Nous apparaît-elle ainsi? Avons-nous appris à descendre toujours à nouveau dans son ombre grandissante avec calme et confiance sachant qu’au-delà nous attend une résurrection meilleure?
C’est par les divers stages de la croissance des plantes: leur bourgeonnement, leur floraison, la formation des graines, que j’ai appris cette leçon: la leçon du pouvoir libérateur de la mort. Elle s’est présentée à moi, non comme une image extraordinaire, mais comme l’une des nombreuses voix que Dieu emploie pour nous parler et qui nous apportent du Lieu très saint force et joie.
Ne voyons-nous pas le symbole de la Croix jusque dans les signes précurseurs du printemps prochain? Chez le marronnier, par exemple, avant qu’une seule feuille ne soit fanée, l’on peut voir au sommet des branches et des rameaux les bourgeons de l’année suivante, déjà formés et ressemblant parfaitement à une croix. Dans d’autres bourgeons les feuilles portent les marques de la croix, car elles sont rouge-sang quand éclate le bourgeon. Dans les premiers stages de la plante nous trouvons aussi la trace cramoisie dans le germe, dans sa sortie de la graine, ainsi que dans les pousses nouvelles. Examinez le gland quand il sort de son enveloppe, et voyez comme l’arbre miniature porte sa marque d’origine, il est rouge-sang.
Quoi qu’il en soit dans la nature, il est certain que, dans le domaine de la grâce, toute âme qui veut parvenir à la vraie vie doit posséder à sa naissance ce sceau cramoisi: l’aspersion du sang de Christ. Elle doit avoir passé par la Croix. Cela est nécessaire parce que la mort est la seule porte de sortie du monde de condamnation dans lequel nous vivons. Emprisonnés dans ce monde, il est inutile de tenter d’en sortir par nos propres efforts, rien ne peut révoquer ce décret: «L’âme qui pèche, c’est celle qui mourra».
Le choix nous est offert: ou bien, selon Adam, notre propre mort avec toute la signification que Dieu donne à ce mot, ou bien, selon Christ, la mort d’un autre à notre place.
C’est lorsque nous en arrivons à désespérer de nous-mêmes, nous sentant prisonniers, attendant notre sort, que nous commençons à comprendre la gloire et la beauté du salut en Dieu et que nous nous soumettons à Lui. Toute résistance est brisée quand par la foi nous nous attachons à ces paroles: «Christ m’a aimé et s’est donné lui-même pour moi». Nous acceptons la réconciliation si chèrement acquise et nous entrons dans la vie non seulement pardonnés, mais purifiés et justifiés.
Une fois libérés, nous nous apercevons que de l’autre côté de la Croix une vie nouvelle a vraiment commencé. L’amour du Crucifié a atteint les sources de notre être, nous sommes dans un monde nouveau, sous un nouveau ciel. «Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu (1 Pierre 3/18).
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Mais si riche en bénédiction que soit ce passage à une vie de paix avec Dieu, malheur à l’âme qui s’arrête là, parce qu’elle pense avoir atteint le but, et demeure pour ainsi dire au stage du bouton non éclos. C’est la sainteté et non la sécurité qui est le but de notre appel.
Pour celui qui est fidèle à la voix de Dieu qui parle dans son coeur, naît bientôt un nouveau désir de salut, de délivrance. En effet les deux vies sont là : l’une nouvellement créée et faible, l’autre forte qui s’est développée antérieurement. «La chair combat contre l’esprit, et l’esprit contre la chair.» La volonté est tiraillée entre elles, de même que chez la plante la sève nourrit les vieilles feuilles qui sont condamnées à tomber, comme elle nourrit les bourgeons nouveaux. C’est donc un royaume divisé contre lui-même, tantôt l’une, tantôt l’autre des vies grandit, elles se développent côte à côte, jusqu’à ce que de notre cœur ce cri d’angoisse s’élève: «Misérable que je suis, qui me délivrera!»
Il y a, gloire à Dieu, une issue à cette existence faite de luttes et de défaites, de péchés et de repentirs, cette issue, c’est encore une fois: la mort.
La plante doit passer par une nouvelle phase de mort avant que le nouveau feuillage puisse croître et se développer. Le gland doit à un moment donné quitter les haillons de son existence première, et se donner complètement au nouveau germe; le rameau doit retirer sa sève aux anciennes feuilles et la faire couler dans les bourgeons de l’année. Avant que l’âme arrive à la vie de sainteté avec toutes les possibilités bénies et infinies que renferme cette vie, il lui faut faire un choix. Tout péché connu doit être délibérément abandonné afin que la sève montante puisse accomplir toute son œuvre.
Si vous prenez une feuille morte et regardez sa tige au microscope, vous verrez que l’ancien canal par où passait la sève est fermé par une cloison invisible à l’œil nu. La plante a clos la porte de l’ancienne feuille, la condamnant ainsi à la mort, et sans autre effort, la tige se détachera, les vents de Dieu l’emporteront au loin.
Mais quelle barrière faut-il placer entre nous-mêmes et notre vieille nature?
Où trouver la sentence de mort à lui appliquer ?

Revenons à la Croix. Nous trouverons à notre portée ce dont nous avons besoin. «Notre vieil homme a été crucifié avec lui afin que le corps du péché soit annulé pour que nous ne servions plus le péché, car celui qui est mort est libre du péché» (Romains 6/6-7).