L’IMMORTALITE DE L’AME
par le professeur André Lamorte (Radio reveil 1977)
Pour comprendre la destinée de l’homme,
selon la Parole de Dieu, il convient de nous départir de nos notions
anthropologiques et psychologiques issues de notre culture grecque. Pour
les Grecs, l’homme est dichotome, c’est-à-dire composé de deux éléments:
l’âme et le corps. L’âme serait d’essence divine; le corps serait
d’origine matérielle et indigne de l’éternité.
La notion grecque de l’origine et de la
destinée humaine est contraire à la notion biblique. Elle l’est par la
doctrine d’abord, qui considère l’âme comme foncièrement divine, et le
corps comme un obstacle à toute relation de l’âme avec Dieu au cours de la
vie terrestre, obstacle dont la mort la libérera.
Une telle doctrine rejette la
résurrection du corps, le corps étant considéré comme nuisible à la
communion âme-Dieu; elle nie le péché, affirmant que l’âme, une fois
libérée du corps, doit automatiquement se retrouver en Dieu; elle repousse
toute relation entre l’homme et Dieu, c’est-à-dire toute piété, toute vie
spirituelle pour l’homme tant qu’il est dans son corps. Ici, l’idéalisme
tue tout spiritualisme fécond.
La notion grecque est contraire à la
notion biblique par sa conception dichotomique de l’homme. Pour la Bible,
en effet, l’homme est trichotomique, c’est-à-dire composé de trois
éléments: l’esprit, l’âme et le corps. Telle fut, du moins, sa
constitution originelle.
L'homme,
d'après la Bible
La psychologie moderne, à l’instar de la
psychologie grecque, ne voit en l’homme que l’âme (l’homme intérieur) et
le corps (l’homme extérieur). La psychologie de la Bible dédouble l’homme
intérieur. Ce dernier est, pour elle, esprit et âme. Certains passages
peuvent nous paraître confondre les deux éléments. En réalité,
la confusion ne se trouve que dans nos interprétations. Lire: I
Thessaloniciens 5:23; Hébreux 4:12; Luc 1:46-47.
L’homme, tiré de la poussière de la
terre, fut sans doute — comme les animaux — néphèsh haia: âme vivante (cf.
Genèse 2:7 ; Genèse 1:24). Mais, parce que Dieu voulait faire de lui
infiniment mieux qu’un animal, une créature à sa ressemblance, il
accomplit en le créant un acte tout à fait particulier: Il souffla dans
ses narines, dit le texte, un souffle de vie (Genèse 2:7). L’homme, âme
vivante (autrement dit: corps et âme), comme l’animal, recevait ainsi le
troisième élément qui le caractérisait : le souffle de vie supérieur, l'esprit.
Et c’est par ce souffle, par cet esprit en lui que l’homme fut fait
à l’image de Dieu (Genèse 1:26-27).
Par l’esprit instillé en lui, l’homme ne devenait pas Dieu, ni même fils
de Dieu, biologiquement parlant. Il restait homme, mais il possédait le
moyen de demeurer en contact permanent avec son Créateur, de communier
avec lui, de lui laisser la direction de sa vie. L’esprit était l’élément
par lequel l’âme et le corps pouvaient être maintenus en relation avec
Dieu pour que soit conservée en l’homme l’image divine.
L'âme, sur le plan biblique, est l’élément psychique (lit.
animal), siège de l’intelligence, des sentiments, de la volonté. Livrée à
elle-même, l’âme suit les impulsions du corps, comme chez l’animal.
Mais lorsqu’elle est dominée par l’esprit, c’est-à-dire en relation
avec Dieu, elle devient pour le corps un facteur efficace de contrôle et
de pureté.
Le
corps, l’homme extérieur, a été formé
pour manifester les facultés merveilleuses de l’âme unie à l’esprit.
Ainsi fut créé l’homme: esprit, âme et
corps, l’esprit occupant la place d’honneur et devant dominer âme
et corps. Si Adam, usant de son libre-arbitre selon la volonté de Dieu,
avait pris du fruit de l’arbre de Vie (c’est-à-dire s’il avait permis à
son esprit de saisir la vie éternelle qui lui était offerte), cette vie
circulant dans l’esprit eût pénétré l’âme; et cette transformation de
l’homme intérieur, réagissant sur l’enveloppe corporelle, eût éliminé les
possibilités de mort et de corruption. Au contraire, si Adam désobéissait à
Dieu, s’il se séparait de Dieu en éteignant en lui l’esprit, l’esprit et
l’âme se plongeaient par là même dans le désordre et dans la nuit. Ils
devenaient la proie de Satan, et les possibilités de mort et de corruption
pour le corps formé de poussière, s’affirmaient aussitôt.
La
destinée de l’homme
Quelle fut la destinée d’Adam après la
chute? Quelle est, depuis lors, la destinée de tous les fils d’Adam? La
mort! La mort physique, et la mort spirituelle, l’inéluctable dissociation
du corps et de l’âme, et la tragique séparation entre l’homme et
Dieu ici-bas et pour l’éternité. Car tous les hommes ont péché. «Comme par un seul homme le péché est
entré dans le monde, et par le péché la mort, dit l’Ecriture, ainsi
la mort s’est étendue à tous les hommes, parce que tous ont péché»
(Romains 5:12).
Au jardin d’Eden, Dieu avait dit à
l’homme: «Tu ne mangeras pas de l’arbre
de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu
mourras» (Genèse 2:17). De quoi s’agissait-il ? De la
dissolution du corps? Oui, sans doute, parce que la mort
physique faisait partie des malédictions de Dieu proclamées à Adam
(Genèse 3:19). Mais il s’agissait aussi, et de prime abord, de la mort
spirituelle, de la séparation d’avec Dieu. Car, nous lisons bien (Genèse
2:17): «Tu mourras le jour où tu en
mangeras!» Or, Adam n’est pas mort physiquement ce jour-là, le jour où il
a péché, puisqu’il vécut jusqu’à 930 ans (Genèse 5:5). Mais, ce
jour-là, le jour où il désobéit à Dieu, Adam fut frappé de mort. 11 devint
mort pour Dieu, séparé de Dieu. Le péché faussa l’esprit de nos
premiers parents, et, plus exactement, les sépara de Dieu, les frappa
de mort les premiers.
De l’esprit, la mort gagna tout l’homme:
son âme et son corps. Et ce corps formé de la poussière de la terre, mais
qui aurait pu être glorifié, s’inclina lentement vers la poussière où il devait
retourner (Genèse 3:19).
En attendant cette dissolution du corps,
c’est déjà, pour l’homme naturel, pour l’homme dont l’esprit est mort,
c’est déjà la mort à l’égard de Dieu, prélude de la seconde mort. Et ceci
nous explique comment un homme, quoique vivant par toute son activité
physique, intellectuelle, et même morale, peut être mort pour la vie
éternelle. Il peut avoir une grande connaissance de Dieu, parler de lui,
écrire des livres de théologie, et cependant être mort pour Dieu, parce
qu’il est sans écho, sans réponse à la voix du Saint-Esprit. Et cette situation
nous aide à comprendre le sens des passages suivants:
Mais celle (une veuve) qui vit dans les
plaisirs est morte, quoique vivante. (I Timothée 5:6).
C'est pour cela qu’il est dit :
« Réveille-toi,
toi qui dors, relève-toi d'entre les morts. Et Christ t 'éclairera ». (Ephésiens 5:14).
« Et
l'affection de la chair, c'est la mort, tandis que l'affection de l'esprit,
c’est la vie et la paix »
(Romains 8:6).
En Christ, toutes choses sont faites
nouvelles (II Corinthiens 5:17). Comprenons-nous le pourquoi de Christ ?
Alors que, héritiers de la condamnation et de la mort éternelle qui pesait
sur Adam, nous étions sans Dieu et sans espérance dans le monde (Ephésiens
2:12), Christ est venu. Il est venu pour chercher et pour sauver ceux qui
étaient perdus (Luc 19:10).
En mourant au Calvaire, lui juste, pour
nous injustes, Christ a payé la dette de notre péché; il a satisfait
la justice divine offensée; il a tué la mort, brisé le mur
de séparation, il nous a réconciliés avec Dieu. Et par
sa résurrection glorieuse, il nous a assurés de notre
propre résurrection (Romains 5:9-11 ; I Corinthiens 15:17-20):
Et si Christ n'est pas ressuscité, votre
foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés, et par conséquent
aussi ceux qui sont morts en Christ sont perdus. Si c 'est dans cette
vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux
de tous les hommes.
A la solidarité dans le péché et dans la
mort, Christ, second Adam, a substitué une solidarité nouvelle: celle de
la sainteté et de la vie éternelle.
Voilà l’œuvre de Christ, œuvre de
réparation, de rédemption qui, d’une destinée misérable, fait une destinée
glorieuse.
Toutefois, cette œuvre accomplie pour
nous, Christ ne veut pas la faire sans nous. «Nous sommes sauvés par grâce, par le moyen de la foi» Ephésiens
2:8).
La vie éternelle nous est offerte. Elle
est à notre portée. Encore faut-il la recevoir, l’accepter par la
foi, c’est-à-dire par l’adhésion totale de son être. «Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé» (Actes 16:31). «Si tu crois, tu verras la gloire de
Dieu» (Jean 11 :40). «Celui
qui croit en moi, dit encore Jésus, des fleuves d’eau vive couleront
de son sein» (Jean 7:38). «Celui qui
croit en moi vivra quand même il serait mort»
(sous-entendu: quand même il doive passer par la première mort), et
le Seigneur Jésus ajoute, faisant allusion à la seconde mort, à la
mort éternelle: «Quiconque vit et croit
en moi ne mourra jamais» (Jean 11:25 - 26).
Quiconque accepte Christ comme son
Sauveur, est en possession du Saint-Esprit, car le Seigneur, c’est
l’Esprit (II Corinthiens 3:17 et Romains 8:9 b). «Et si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts
habite en nous, celui qui a ressuscité Christ d’entre les
morts rendra aussi la vie à nos corps mortels par son Esprit
qui habite en nous» (Romains 8:11). L’esprit de l’homme que le
péché avait éclipsé surgit alors dans sa parfaite réalité, en l’Esprit
même du Christ prenant possession de tout notre être. Et l’échelle des
valeurs se trouve rétablie merveilleusement. L’homme régénéré est vraiment
tel que Dieu l’a voulu ; non pas âme et corps seulement, non pas
corps et âme, mais esprit, âme et corps, la première place appartenant à
l’esprit, à l’Esprit du Seigneur.
Comprenons-nous le vœu formulé par saint
Paul aux chrétiens de Thessalonique : «Que
le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entiers, et que tout ce qui
constitue votre être: l'esprit, l'âme et le corps (tout sans exception
et dans l’ordre normal) demeure
étroitement lié en vue de l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ»(I
Thessaloniciens 5:23). C’est-à-dire en vue de la glorieuse résurrection qui
associera notre destinée à celle du Vainqueur de la mort.
Puisse le vœu
de l’apôtre trouver en chacun de nous ? son exaucement !