Le Noël du Jeune Boër
Réveil digeste chrétien 14
PIERRE Van Vereren — ou « Pit » comme l’appelait sa mère — était un jeune Boer,
habitant le Transvaal que venait de conquérir l’Angleterre. A quatorze ans,
grand, souple, fort, il guidait déjà un attelage de bœufs et montait à cheval
comme un vrai dragon.
A vrai dire, il n’était pas
aussi avancé en orthographe, et c’est à peine s’il pouvait lire les gros
caractères de la vieille Bible de famille. Mais Guillaume Van Vereren, son
père, ne s’en tourmentait guère se disant que son petit Pit pourrait comme lui
vivre en bon Boer et mourir en bon chrétien sans en savoir davantage.
Aussi le jeune garçon en
profitait-il pour ne lire que très peu et pour chevaucher le plus possible. Le
soir venu, à peine la prière du repas était-elle finie, que déjà il racontait
avec volubilité sa journée : un jour il avait fait un plongeon en traversant
la rivière; un autre jour il avait été poursuivi par une vache furieuse.
Un soir, c’était à la fin de
décembre, il revint tout ému :
— Père, dit-il, j’ai vu
là-bas vers le mamelon, une bande de Cafres campés pour la nuit.
Le front du vieillard se
rida, car Guillaume, comme les autres Boers, n’aimait pas les noirs, et les
redoutait même.
— Père, ils étaient tous tatoués et si maigres ! Comme des bâtons
noirs surmontés d’une grosse tête!
— Pierre, n’y avait-il pas parmi eux un vieillard de haute taille,
défiguré par une grosse cicatrice et portant une barbe blanche assez longue?
— Oui, oui; et même ça devait être le chef; mais il ne me disait
rien; et il a fini par me tourner le dos.
Sous les épais sourcils gris
du vieux Boer, les yeux lancèrent des éclairs, et durement il répondit à Pit:
C’est Mat Lombé, le descendant des possesseurs du sol, le misérable qui, par
vengeance, a tué ton frère aîné il y a dix-sept ans, et qui rôde souvent par
ici.
— Père, il avait l’air si triste et si doux.
— Tais-toi! Que cet homme ne paraisse pas à portée de ma
carabine...
L’enfant se tut, mais resta
préoccupé jusqu'au moment où l’approche de Noël vint absorber ses pensées.
Car, là-bas, dans ce lointain Transvaal, on
fête aussi la venue du Sauveur. Oh! Tout se faisait
bien simplement chez le fermier. Cette année-là, comme précédemment, tous les
habitants de la maison se réunirent dans la grande chambre. Le père prit la
grosse Bible — précieux héritage de ses ancêtres — et relut lentement
l’immortel récit de la naissance de Jésus : «...
et une multitude de l’armée céleste louait Dieu et disait : Gloire à Dieu dans
les lieux très hauts, paix sur la terre, bonne volonté parmi les hommes ! »
Puis on chanta un vieux psaume de Dathénus dont l’écho alla se perdre dans le
désert, jusqu’à la limite de ces tribus Cafres qui, dans la désolation du
paganisme, ne savaient rien du bon Sauveur et de la joie de Noël, Guillaume
lut encore les derniers feuillets de la Bible où ses pères avaient écrit leurs
annales, cette triste histoire de l’Inquisition catholique qui avait versé tant
de sang et chassé du bon pays des Flandres, jusque dans cette lointaine
Afrique, tant de familles évangéliques. Et il termina sa lecture par la parole
qu’avait prononcée un de ces aïeux, Joachin Van Vereren, au moment de monter
sur le bûcher : « Mon Dieu donne-moi la force d’aimer jusqu'à la fin ». Après
le culte ce fut le joyeux brouhaha des conversations particulières et des
petits cadeaux échangés. Puis l’on se mit à table pour le souper de Noël. Mais
une place resta vide, celle de Pierre. On appela, on chercha... en vain. On
envoya les chiens de bergers à sa recherche. La mère se rappelait la bande de
Cafres : « Mon Dieu, fit-elle, pourvu qu’ils ne lui aient pas fait comme à
notre pauvre Henri! »
Précisément, voici un Cafre
qui entre dans la cour, puis deux, puis trois, puis Pierre qui tire par la main
le vieux chef. Le père s’élance le poing levé; mais son fils le devance, et
d’une voix coupée par l’émotion ;
— Père, arrête, c’est moi qui l’ai amené. Il est si pauvre et les
petits avaient si faim ; ils mangeaient de l’herbe.
— Assassin, tu as osé...
— Père, il ne voulait pas venir. Il me disait qu’il était un
méchant, que depuis que le missionnaire blanc lui avait parlé de notre Sauveur
Jésus, ça lui brûlait dans le cœur, qu’il méritait la mort.
— Ah oui, attends...
— Alors je lui ai dit que nous aussi nous étions chrétiens et qu’à
Noël les chrétiens pardonnaient tout pour l’amour de Jésus... Tu l’as lu tout à
l’heure dans le gros livre. N’est-ce pas mon papa, tu veux pardonner comme
Jésus!
Le vieux Boër ne répondit
pas et rentra dans sa chambre. On le vit par la fenêtre s’y promener de long en
large. Dans son cœur aux sentiments rudes, se livrait un ardent combat. Tour à
tour, il entendait la voix de Pierre : « Père, pardonne-lui », et il revoyait
le fils aîné, tué raide, il y avait dix-sept ans, d’une balle ; — puis
résonnait à ses oreilles le cantique des anges : « Paix sur la terre. Bonne
volonté parmi les hommes... » Mais non, c’était trop...
Et voilà qu’en marchant il
arriva vers la table où la Bible était encore ouverte et il lut longtemps ces
mots de son ancêtre martyr : « Mon Dieu, donne-moi la force d’aimer jusqu’à la
fin. »
Brusquement il sortit, et d’une
voix rauque, il dit au vieux chef : « Allons pour l’amour de Jésus, viens! »
Ce soir-là, dans la ferme
isolée de ce lointain pays des Boers, les ennemis de la veille, les blancs et
les noirs, s’unirent dans un commun amour en Jésus. Et si le jeune Pierre avait
bien écouté, peut-être aurait-il entendu au-dessus de la ferme, dans la nuit
étoilée, les anges chanter joyeux :
(Mr. Fred Squire, à Nice, le 28 Mai 1950).
« Viens et vois 1952/12 »
Matthieu
2/1-12.
Dans un
certain sens, il n'est pas possible de séparer Noël de Pâques. De même, il est
difficile d'établir une séparation entre Pâques et la Pentecôte qui est
l'accomplissement de la Mission du Christ. La vie de Jésus commence à Noël et la vie de l'Eglise commence à la
Pentecôte ; il y a, ainsi, deux naissances : celle de Jésus et celle de Son
Eglise.
Le « Mouvement de Pentecôte » auquel nous appartenons,
est né il y a deux mille ans, le jour même de la Pentecôte. Ainsi, nous
appartenons à la véritable Eglise qui a la plus ancienne origine. Arrêtons-nous
maintenant un peu à cette histoire de Noël : il est dit que des Mages vinrent
de l'Orient ; c'étaient des hommes très intelligents ; ils étudiaient les
astres ; ils acquirent beaucoup de science et de sagesse par cette
contemplation du ciel sidéral. Une fois, ils découvrirent une nouvelle étoile
et ils se décidèrent à la suivre. Il leur sembla que cette étoile leur
racontait une histoire, elle leur fit penser à la naissance d'un roi et ils
restèrent fermes dans la connaissance de leur découverte. Il y a beaucoup de gens qui ont de la connaissance mais ils ne sont pas
toujours sages en raison de cette connaissance. Il est bon de posséder des
biens en ce monde, mais il ne faut pas les « gaspiller. ». Il est, bon d'être
sage, mais il faut faire bon emploi de sa sagesse. Les Mages, eux, ont fait un
très bon emploi de leur connaissance et en ont tiré un-véritable profit. Ayant
foi dans leur mission, ils entreprirent un très long voyage s'attendant à la
réussite et ils ne furent pas déçu dans leur foi.
J'aimerais
vous faire remarquer tout ce qu'il y a de surnaturel dans cette histoire, car
cette étoile n'était pas une étoile ordinaire. Toutes les étoiles sont merveilleuses mais je crois
que celle-là l'était spécialement. Ils sont partis parce qu'ils ont vu une
étoile nouvelle et spéciale qui a attiré leur attention. Dieu a plusieurs manières d'attirer les hommes à Lui : une grande
lumière ; Jean entendit une voix derrière lui et ces sages virent une étoile
resplendissante et surnaturelle dans le ciel.
L'effusion
du Saint-Esprit, le jour de la Pentecôte a un certain rapport avec Noël. L'étoile de Bethléem fut une réelle révélation pour
les Mages, en leur donnant connaissance de l'imminence de la naissance d'un roi
important; lorsqu'un roi vient au monde, c'est pour exercer un pouvoir, une
puissance. Le roi est une révélation de la puissance.
L'étoile a
mis les Mages à la recherche de la Vérité, ainsi le Saint-Esprit pousse à
l'action et à la recherche. Les Mages
ne cherchèrent pas très longtemps avant que l'étoile les amenât juste à
l'endroit où était l'enfant Jésus et lorsque
le Saint-Esprit voit des âmes qui cherchent Dieu, Il les dirige vers Christ.
Quand les Mages virent Jésus, ils se prosternèrent et l'adorèrent Il n'est pas
dit qu'ils se sont prosternés devant Marie sa mère ; ils se sont prosternés
devant Jésus et ils l'ont adoré. Ils se sont trouvés, conduits par le
Saint-Esprit ; ainsi, lorsque nous avons
une vision de Jésus-Christ sous l'inspiration du Saint-Esprit nous sommes
poussés à l'adoration. Le Saint-Esprit semblable à l'étoile de Bethléem,
nous conduit au Sauveur. L'étoile a guidé les mages vers Jésus et c'est Lui qui
a dit : « Le Saint-Esprit vous conduira
dans toute la vérité. » Ces hommes ont été « transformés » après avoir vu
l'étoile ; ils ont tout donné et, remplis de joie ils étaient prêts à aller
n'importe où. Quand le Saint-Esprit pénètre un cœur. Il révolutionne la vie :
on abandonne son ancienne vie pour suivre Jésus et le Consolateur remplit l'âme
de joie.
Le
Saint-Esprit agit sur le cœur comme sur les mages d'autrefois ; ils donnèrent
de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Ils ont donné ce qu'ils avaient de
meilleur et de plus précieux. Quand
l'Esprit remplit un cœur il s'en suit un don total.
Mais dès que le roi Hérode eût appris la chose il fut
troublé et tout Jérusalem avec lui. Hérode
est un type de l'Adversaire de Dieu, Satan ; et Jérusalem l'emblème du
formalisme religieux. Et, naturellement, les gens religieux aussi bien que
de vieil Ennemi des chrétiens furent très troublés lorsqu'ils apprirent la
naissance du Sauveur. Quand le Saint-Esprit fait son apparition le Diable est
triste et les gens religieux aussi. Lorsque le Saint-Esprit « tombe » avec la
même puissance qu'aux jours de la Pentecôte, Satan et les hypocrites religieux
dressent leurs batteries contre Lui. Le Saint-Esprit nous donne un cœur plein
de bonne volonté et nous remplit de joie. Mais, souvenons-nous que les étoiles
brillent dans la nuit, le Saint-Esprit brille dans la nuit de ce monde de
ténèbres. Chaque croyant est comme une étoile qui brille ici-bas et lorsque la
nuit disparaît avec les étoiles c'est le majestueux soleil qui fait son
apparition. Le soleil de Justice va venir bientôt ; Jésus revient. Que chacun
soit prêt pour Son Retour !