Henri Blocher
(radio réveil 1978/07)
Le
ministre des finances de la reine d’Ethiopie mérite qu’on le salue comme un
Sage. Il était en train de lire un passage de la Bible, lorsque Philippe,
l’apôtre, s’approchant de lui, lui demanda s’il comprenait ce qu’il
lisait. Alors, au lieu de lui répondre orgueilleusement: «Mais bien sûr!»,
il a prié Philippe de l’aider (cf. Actes des Apôtres, 8:30-31). Il a donc reconnu qu’il faut apprendre
à lire la Bible pour bien la comprendre.
Il n’a
pas non plus répondu: «Pas tout à fait, mais ça ne fait rien; je sens que cette
lecture me réchauffe le cœur et cela me suffit...» Ce premier croyant
d’Afrique a reconnu qu’il est important, vital même, de bien lire la Bible
pour savoir exactement ce qu’elle dit, ce que Dieu nous donne et ce qu’il
nous ordonne par elle.
Bien des
guides se proposent à nous, prétendant nous montrer comment lire la Bible, mais
leur voix couvre souvent celle de Dieu ; ils séduisent beaucoup de
gens et l’Eglise qui les suit tombe malade: qu’elle tombe de faiblesse ou
que la fièvre l’excite.
1 — Pour certains, c’est la tradition de
l’Eglise qui doit indiquer comment lire la Bible. Mais l’Eglise est
aussi faite d’hommes qui peuvent se tromper. Si c’est leur tradition qui
décide, elle annule la Parole de Dieu, la voix des hommes couvre
celle de Dieu (cf. Matthieu 15:6).
2 — Pour d’autres, c’est une révélation
du Saint-Esprit qui doit nous dire comment lire la Bible, une
révélation reçue le plus souvent par le conducteur spirituel, parfois par
des chrétiens individuels. Cette attitude revêt une apparence de grande
piété, car elle semble honorer le Saint-Esprit (voir Colossiens 2:23). En
réalité, elle est charnelle, humaine. Les pensées de la chair,
et Satan lui-même, savent se déguiser (cf. II Corinthiens 11:13-14).
Qui peut dire si les révélations reçues viennent du Saint-Esprit ou
d’un autre esprit? C’est la Bible seule qui nous permet de le savoir! Ce
n’est donc pas une «révélation» qui peut nous dire comment lire la Bible, c’est la Bible qui peut nous dire si
les prétendues révélations sont de Dieu. C’est là l’origine, dans
l’Histoire, de toutes les sectes qui se contredisent entre elles
et qui, toutes, corrompent l’Evangile.
3 — Pour
d’autres encore, c’est la raison humaine, armée de philosophie et de
science, qui doit nous dire comment lire la Bible. Ils pensent que
l’homme moderne est devenu «majeur» et qu’il ne peut plus épouser
naïvement les conceptions enfantines des hommes d’autrefois. Ils enseignent
à trier dans la Bible ce qu’on peut garder pour notre siecle et ce que l’on
doit comprendre tout autrement que les auteurs des textes sacrés. Eux
non plus ne sont pas d’accord entre eux et, dans leur orgueil, ils ne
se rendent pas compte que leur raison est esclave de l’esprit du siècle,
avec ses mensonges. Non seulement leur voix étouffe celle de Dieu,
mais ils s’opposent ouvertement à beaucoup de paroles de la Bible, donc de
Dieu. Même s’ils l’appellent encore «Parole de Dieu», c’est une
formule creuse. Ces hommes qu’on appelle libéraux ou modernistes,
conduisent les Eglises à la mort spirituelle.
Comme les
Réformateurs que Dieu a suscités pour guérir l’Eglise malade, il y a quatre
cent cinquante ans, il faut dire : la
Bible elle-même doit nous apprendre la Bible. Que les hommes
se taisent et que, d’abord, parle Dieu !
Certes,
les erreurs contre lesquelles nous vous avons avertis contiennent un petit
grain de vérité (qu’elles réussissent à gâter): c’est bien
dans l’Eglise, avec l’aide de nos frères d’aujourd’hui et de nos
pères d’autrefois, que nous devons lire la Bible. C’est bien le Saint-Esprit
qui illumine les yeux de notre cœur (Ephésiens 1:18). C’est bien avec
l’intelligence que nous devons comprendre la Parole de Dieu (I Corinthiens
10:15). Mais l’aide des autres chrétiens, l’exercice de l’intelligence,
et même l’œuvre du Saint-Esprit en nous doivent être placés sous
l’autorité de la Bible que le Saint-Esprit a inspirée une fois pour
toutes.
Comment la Bible nous guide-t-elle quand nous voulons
la lire ?
Elle nous
guide par la comparaison de divers passages: un verset en éclaire un autre, les enseignements
principaux éclairent les questions de détail. Mais auparavant déjà, la
Bible nous guide par ce qu'elle est. Telle est la Bible, telle doit
être notre lecture de la Bible.
La Bible, c’est Dieu qui parle: elle est tout entière la Parole de Dieu (voir la
manière dont Jésus cite un verset en Matthieu 19:4-5). Nous devons donc la
lire comme il convient d’écouter Dieu :
— avec un entier respect (ce que la
Bible appelle: la crainte de l’Eternel), car elle est une «terre
sainte»;
— avec une entière confiance, car le Dieu
qui parle ne peut ni se tromper ni nous tromper;
— avec prière et le désir de connaître
personnellement le Dieu qui a parlé, lui qui est vivant aujourd’hui pour
se faire connaître par sa Parole.
La Bible, c’est Dieu qui parle par le truchement des
hommes. Dieu n’a dit que quelques
mots directement du ciel ; il a parlé sous la forme d’une parole
humaine ensuite mise par écrit et conservée pour nous à travers les
siècles. La Bible est aussi une parole d’hommes qui ont parlé de sa part
(cf. II Pierre 1:21). Elle est le fondement des apôtres et des
prophètes (Ephésiens 2:20). Nous devons donc la lire aussi comme il
convient de lire un livre humain :
— en étudiant le sens des mots dans les
langues humaines et en respectant les lois du langage;
— en tenant compte des images, de la poésie, de
la manière de raconter;
— en faisant très attention au contexte: ce
qui suit et ce qui précède le passage que nous lisons.
La Bible, c’est Dieu qui parle par le truchement des
hommes dans l'Histoire. Elle n’a pas
été écrite en une fois, comme un grand discours sur l’éternité, mais
au fil d’une histoire de plus de mille cinq cents ans, qui a culminé avec
la première venue du Seigneur Jésus. La Bible est très liée à tous
les événements de ces siècles, et suprêmement à la venue de Jésus. Elle
s’articule selon les divisions du temps; Ancien et Nouveau Testament.
Nous devons donc la lire comme il convient de lire une histoire :
— en recherchant toujours dans quelle
situation la parole a été dite ;
— en distinguant les époques du plan de
Dieu (sans oublier, cependant, l’unité du plan de Dieu dans son
déroulement);
— en nous rappelant que la Parole de Dieu
se rapporte à l’œuvre de Dieu : ce qu’il a dit nous fait connaître ce
qu’il a fait.
Quand on
lit la Bible on y découvre la vérité pour tous les hommes, que j’ai définie en
ces termes pour ses élèves africains: «Les éléphants y trouvent assez
d’eau pour s’ébattre à leur aise et les petits agneaux pour traverser à gué».