par Jean
Vandenbroeck (Radio réveil 1978.07)
Jésus s’entretenait un jour avec un chef religieux
nommé Nicodème. Il lui fit cette déclaration surprenante: Il faut que vous naissiez de
nouveau (Evangile de Jean, 3:7).
N’était-ce pas affirmer que tout était à recommencer
pour son interlocuteur? Si Nicodème devait «naître de nouveau» — revenir à un nouveau point de départ —
c’est que la vie qu’il menait ne répondait pas aux exigences de Dieu. Or,
Nicodème était certainement un homme dont la moralité et la spiritualité
dépassaient la moyenne. Nous pouvons
en déduire tout naturellement que ce que Dieu demande se situe en dehors
des possibilités humaines.
C’est exactement ce que dit Jean, l’évangéliste: les
enfants de Dieu ne naissent pas par filiation naturelle, ni par les
efforts humains, ni en résultat d’efforts humains, ni par la volonté d’un
intermédiaire humain. Ils naissent de Dieu (cf. Jean 1:13).
C’est exactement ce que dit Jean, l’évangéliste: on ne
parvient pas au statut d’enfant de Dieu par filiation naturelle, ni grâce
à des efforts humains, ni par un intermédiaire humain. Il faut naître
de Dieu (cf. évangile de Jean 1:13).
Nous avons donné pour titre à cette causerie: «Faut-il
vraiment naître de nouveau?» En d’autres termes: la déclaration de Jésus doit-elle être prise au pied de la lettre,
et est-elle valable aujourd’hui ?
Si nous essayons d’actualiser le personnage auquel
Jésus s’adresse, nous commencerons par relever que Nicodème est religieux et
qu’il occupe un poste de direction spirituelle. Il est donc possible d’être
tout cela sans avoir vécu l’indispensable nouvelle naissance dont parle
Jésus. Un homme peut avoir une moralité exemplaire et jouir
d’un certain prestige religieux tout en restant en dehors de cette
réalité.
Serait-il
possible qu’un prêtre catholique ou un pasteur protestant exerce son ministère
sans être né de Dieu? Quelques
exemples de l’Histoire répondront à cette question : Martin Luther était
un prêtre exceptionnellement dévoué à la cause divine quand il
comprit, enfin, la seule condition indiquée par les Saintes Ecritures pour
devenir enfant de Dieu. Il fallait naître de Dieu... John Wesley, pasteur
protestant d’une piété profonde devint enfant de Dieu après avoir prêché
l’Evangile pendant plusieurs années. Plus tard, Wesley dira, en rappelant
cette période cruciale de son œuvre pastorale : «J’avais alors la foi d’un
serviteur et non celle d’un fils».
Ils sont très nombreux les prêtres et les pasteurs qui
ont fait la même expérience. Il est donc
vrai que la nouvelle naissance n’est pas indispensable pour accomplir
des œuvres remarquables. Il ne faut pas être né de nouveau pour lutter
contre le racisme, ou pour militer avec enthousiasme dans un
mouvement de révolution sociale ou politique, même d’obédience chrétienne.
Il ne le faut pas davantage pour chercher à aider les pays du tiers-monde.
Point n’est besoin de passer par cette intervention
divine dans sa vie pour être capable d’émouvoir les cœurs par les arts
religieux, par la littérature ou par la musique. La nouvelle naissance n’est pas
requise de celui qui veut se consacrer à l’union de toutes les églises ou
de toutes les religions. Elle ne l’est même pas pour être doué
de l’éloquence sacrée...
Il n’est donc pas indispensable d’être né de nouveau
pour chercher à créer un monde nouveau, un monde de justice et de
compréhension. On peut, dès lors, faire appel à toutes les bonnes
volontés, qu’elles soient religieuses ou non, unir toutes les options
philosophiques, morales ou politiques. Et c’est bien ce que l’humanisme
contemporain s’efforce de promouvoir.
Faut-il en
conclure que ce que Jésus impose à Nicodème est dépassé ?
Il est certainement utile de mieux connaître
l’intention du Seigneur. Quand il dit: «Il
faut que vous naissiez de nouveau», Jésus précise en vue de quoi cela
est indispensable : Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le
Royaume de Dieu.
S’il est
possible de faire beaucoup de choses sans naître de nouveau, on ne saurait
entrer dans le Royaume de Dieu, on ne pourrait même pas le voir ni le
comprendre, sans la nouvelle naissance! L’homme
peut créer un monde religieux qui lui soit propre, il peut multiplier les
religions et les actes que nous appellerons de bonne volonté. Mais le
Royaume de Dieu lui restera étranger.
La même précision se retrouve au prologue de l’Evangile
de Jean, dans lequel l’apôtre dit que le monde, dans son ensemble, n’a pas
voulu de Jésus-Christ. En même temps, il relève que la porte reste ouverte
pour quiconque veut effectivement entrer dans la famille de Dieu.
Voici quelques extraits de ses affirmations: «Le monde n’a pas reconnu le Christ. Il est
venu chez les siens, et les siens ont refusé de
l’accueillir. Quelques-uns, cependant, l’ont accueilli, ils ont cru
en lui, et ils ont placé leur confiance dans ce qu’il était; à tous ceux-là,
il a accordé le privilège de devenir enfants de Dieu... Ce n’est pas par
une naissance naturelle qu’ils le sont devenus, sous l’impulsion d’un
désir instinctif ou par une initiative d’homme: c’est Dieu lui-même qui les a
fait naître» (Jean 1:12-13 - Transcription A. Kuen).
L’apôtre Paul, parlant des intentions divines à
l’égard des hommes, écrit que Dieu «s’était
proposé à l’avance, dans son plan, de nous adopter par amour comme ses
propres enfants, par Jésus-Christ. Tel a été son dessein bienveillant, telle
sa volonté» (Ephésiens 1:5).
L’apôtre Pierre, de son côté, déclare que la nouvelle
naissance s’opère par l’action efficace de l’Ecriture Sainte: «Rappelez-vous, écrit-il dans sa première
lettre, que la semence de vie par laquelle vous êtes nés de nouveau n’est
pas de nature éphémère, c’est une semence immortelle : c’est la
Parole vivante et éternelle de Dieu» (I Pierre 1:23).
C’est un aspect du christianisme qui le différencie
absolument de toutes les autres religions, de toutes les tendances
philosophiques. C’est ce qui écarte toute possibilité de confusion ou de
mélange. La nouvelle naissance n’est pas
réservée à une certaine qualité de vie. Elle n’est pas assortie de
conditions que seule une élite ou simplement un groupe limité d’hommes et
de femmes puisse remplir. La nouvelle
naissance est la réponse certaine de Dieu à la confiance, à la foi que
l’homme accorde à l’œuvre expiatoire unique de Jésus-Christ, Dieu fait
homme.
L’obstacle
majeur à la nouvelle naissance ne vient pas des exigences divines. C’est le
refus d’une foi totale en Jésus-Christ, selon la révélation que Dieu nous a donnée par les
Saintes-Ecritures. C’est aussi le fol espoir de l’homme de se sauver
lui-même.
L’homme est aveugle quant à l’ampleur de son iniquité.
Et cet aveuglement l’empêche, d’une part, d’apercevoir son incurable
déchéance, d’autre part d’accepter l’amour infini de Dieu.
L’unique
condition de salut et de la naissance nouvelle est la foi, la réception de
l’offre divine, condition que tous les hommes peuvent remplir.
Sur la croix, «Dieu
était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même en n’imputant point
aux hommes leurs offenses...» Ainsi s’exprime saint Paul dans sa
lettre aux Corinthiens (II Corinthiens 5:19). Et, dans son entretien avec
Nicodème, Jésus déclare aussi : «Dieu n'a
pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner les hommes, mais pour que
le monde soit sauvé par lui. Celui qui place sa confiance en lui n’aura
pas à subir la condamnation, mais celui qui lui refuse sa confiance est
déjà condamné, car il n’a pas mis sa confiance en la personne du Fils
unique de Dieu» (Jean 3:17-18).
Il y a dix-neuf siècles que la rédaction de la Bible a
été achevée. Dans l’un de ses livres écrit en vue d’encourager et de
guider un jeune ministre du culte, nous lisons ceci: «Sache bien que des temps difficiles nous attendent. La période
finale de l’histoire de ce monde sera une époque périlleuse et trouble...
Les hommes seront imbus d’eux-mêmes, enflés d’un orgueil qui les
aveuglera, ils aimeront le plaisir plus que Dieu... Certes, ils resteront
attachés aux traditions extérieures de la religion et... garderont
l’apparence de la piété, mais, en réalité, ils ne voudront rien savoir de
ce qui en fait la force...» (II Timothée 3:1-5).
Qu’est-ce
qui fait la force de la piété chrétienne, sinon la croix de Jésus-Christ? C’est le regard de foi vers le Sauveur de tous
les hommes qui fait passer l’individu de la mort à la vie, des ténèbres
à la lumière. Dieu répond à cette foi en créant un homme nouveau. «Si quelqu’un entre en communion vivante avec
le Christ, il devient un homme nouveau,
dit encore l’apôtre Paul; il devient un homme nouveau, il est recréé. L’ancien
état est dépassé, ce qu’il était autrefois a disparu... tout (pour lui)
est devenu nouveau» (II Corinthiens 5: 17).
Faut-il
vraiment naître de nouveau ? Faut-il
vraiment faire abstraction de tout ce que nous sommes par nature? Devons-nous
nous «considérer comme morts au monde, à nous-mêmes, au péché»,
pour reprendre l’expression de Paul ?
Oui ! Pour être enfants de Dieu, il le faut d’une manière absolue.
Ce n’est pas l’aboutissement d’une vie exemplaire, c’est le
commencement d’une vie nouvelle qui, désormais, nous met au bénéfice de l’œuvre
parfaite de Jésus-Christ.
Pour terminer, citons encore quelques paroles de cet
entretien mémorable de Jésus avec l’une des personnalités dirigeantes de
la religion de son temps: «Le Fils
de l’homme doit être élevé (sur la croix) pour que tous ceux qui placent leur confiance en lui vivent
éternellement. Oui, Dieu a tant aimé les hommes qu’il a donné son Fils,
son unique, pour qu’aucun de ceux qui se confient en lui ne soit
perdu, mais que chacun accède à la vie éternelle» (Jean 3:14-16).