(Extrait
de "la vraie paix " de H. Bonar 1879)
L'Évangile fut entre les mains des apôtres un marteau
pour briser les cœurs les plus durs, et pour produire la repentance qui donne
la vie. » L'Évangile seul put fondre
la dureté du Juif enveloppé dans sa propre justice ; et rien que la
proclamation de l'amour gratuit de Dieu, frappant le péché et épargnant le
pécheur, ne peut maintenant encore toucher le cœur, et faire « de ces pierres
des âmes vivantes.» La loi et ses terreurs ne peuvent qu'endurcir ; et leur
puissance, fût-elle déployée dans un Élie, est faible en comparaison de la
prédication de la croix.
Le mot repentance, dans l'original, signifie
changement d'esprit, ou de disposition ; et ce changement, le Saint-Esprit le
produit non point par la loi, mais par l'Évangile. Ces paroles : « Amendez-vous, et croyez à l'Évangile
» ( Marc 1:15 ) ne signifiaient pas : arrivez à la repentance par la
loi, puis croyez à l'Évangile ; mais que cette bonne nouvelle du royaume que je
vous annonce vous amène à changer de vues, et à recevoir l'Évangile. La
repentance nommée ici avant la foi indique simplement qu'il faut se détourner
de ce qui est faux pour pouvoir recevoir ce qui est vrai. Si je veux aller vers
le nord, je dois nécessairement tourner le dos au midi ; cependant je ne
songerais pas à dire que l'une de ces actions me prépare à l'autre. Si je veux
me débarrasser des ténèbres, je laisse pénétrer la lumière ; mais je ne puis
pas dire que le fait de me débarrasser des ténèbres soit une préparation pour
recevoir la lumière ; il est dans la nature des choses que les deux soient
simultanées. Ainsi la repentance n'est
pas une préparation à la foi, surtout dans le sens de la douleur du péché.
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« Il est entendu,
dit Calvin, que la repentance non-seulement suit la foi, mais qu'elle en
découle... Ceux qui pensent que la repentance précède la foi, au lieu d'en être
le produit comme le fruit d'un arbre, n'en ont jamais compris la nature. » « La
foi qui sauve, dit Colquhoun, est le moyen de la vraie repentance ; et cette repentance est non pas le moyen mais
le but de la foi. »
Sans doute, les terreurs de la conscience peuvent
précéder la foi. Mais ces terreurs ne sont pas la repentance selon l'Ecriture ; elles détournent l'âme de la croix plutôt qu'elles
ne l'y conduisent. Que des pécheurs puissent être réveillés par les tonnerres
de la loi, je le sais. Mais les alarmes qu'ils produisent ne sont pas la
tristesse selon Dieu. Elles sont assez communes parmi les hommes qui ne sont
pas croyants, comme Achab, ou Judas. Elles retentiront d'une manière redoutable
en enfer, mais elles ne sont pas la repentance. La douleur du péché vient de « l'appréhension de la miséricorde de Dieu
en Christ, » de la vue de la Croix, et de l'amour qu'elle nous révèle. Un « cœur froissé et brisé » est le
résultat de notre foi au grand amour de Dieu ; et la repentance en tant qu'elle
exprime la douleur du péché n'est produite que par la vue de la croix ; en
tant qu'elle exprime un changement de disposition à l'égard de Dieu ou de
Christ, c'est la même chose que de croire à l'Évangile.
Christ n'exige du pécheur qui s'approche de Lui aucune
préparation ni légale ou évangélique, ni intérieure ou extérieure. Et celui qui ne veut pas venir tel qu'il est, ne
viendra jamais. Ce ne sont pas des « âmes exaucées, » ou des « croyants
repentants, » ou les meilleurs entre les fils et les filles d'Adam que Christ
accueille, ce sont des pécheurs. « Je suis venu appeler à la repentance non les
justes, mais les pécheurs. » ( Luc 5:32 )
Il y a une fausse repentance, produit et expression de
l'incrédulité et de la propre justice qui peut précéder la foi ; comme tous les autres mauvais sentiments abondent
dans le cœur naturel. Mais la foi pénètre le cœur en dépit de cette soi-disant
repentance que le vrai croyant ne regarde plus que comme un de ces efforts de
la justice propre, dont l'effet est de retenir le pécheur loin du Sauveur. Ceux qui appellent à la foi « les pécheurs
repentants » se trompent sur la nature même de la repentance et de la foi.
Et ce qu'ils enseignent n'est pas la bonne nouvelle, annoncée au pécheur. C'est
une bonne nouvelle peut-être pour ceux qui, à force d'efforts, pensent s'être
humiliés eux-mêmes suffisamment ; mais ce n'est pas la bonne nouvelle efficace
pour ceux qui sont « sans force », perdus, impies, endurcis, pour les boiteux,
les aveugles, les impotents et les perclus.