D. GEE « Proverbs for Pentecost »,
dans (Esprit et Vie 1939/10)
LE PARFUM GACHE
Le parfum contient quelque chose de réellement
puissant. Quoiqu’il ne dégage rien de tangible, d’audible ni de visible, son
influence peut, néanmoins, remplir une maison et révéler la présence de
quelqu’un. Ce qui est vrai pour les odeurs délicieuses, l’est aussi pour ce que
notre proverbe appelle « les mauvaises odeurs ».
Rien ne peut mieux illustrer, comme le parfum, cette
influence spirituelle intangible et invisible qui émane, à des degrés
différents, il est vrai, de tout chrétien. Il doit y avoir quelque chose d’essentiel dans notre être qui
donne de la vertu à tout ce que nous disons ou faisons. Certains
caractères sont très sympathiques, et d’autres pas ! Certaines
personnalités apportent toujours avec elles une ambiance de radieuse
sainteté où qu’elles soient : d'autres apparaissent comme étant d’une qualité
spirituelle très inférieure. Certains témoignages laissent après eux
une beauté telle qu’ils sont comparables à un doux parfum, et il est même
possible qu’ils restent vivants encore après la mort du témoin : d’autres,
par contre, ne laissent après eux que déception et dégoût.
Notons bien que ces remarques ne s’appliquent pas
nécessairement aux faits extérieurs d'un ministère public, ni à nos
expériences personnelles et conduite extérieure dans la vie de l’église.
Un prédicateur, même, peut avoir une saine doctrine, être
brillamment doué, capable d’attirer et de captiver des foules nombreuses,
et, cependant, être envieux, manquer d’égards dans la vie de famille en
tant que père ou hôte, se livrer constamment à des exagérations, à
l’orgueil, à la médisance, être chicanier à propos de futilités...
! Tout cela enlève au ministère cette « douce odeur de Christ » qui
est la seule couronne de gloire de tout notre service.
Dans la même ligne, un simple fidèle peut être très
assidu aux cultes et aux réunions, généreux, prompt à louer Dieu en
public, intercéder fréquemment dans les réunions, voire occuper une
position en vue dans l’église, et, néanmoins, manquer absolument d’attrait. Un état spirituel normal exige la
totalité de notre personne et de notre vie, plus cette «chose »
indéfinissable que nous savons être l’onction sainte de l’Esprit et qui donne à
notre activité la vertu et la saveur. Et si « les mouches mortes » peuvent
infecter et ruiner une telle vie, combien il est nécessaire
de veiller sans cesse sur un tel danger.
LES CHARISMES DE L’ESPRIT
Même les dons surnaturels de
l’Esprit peuvent être gâchés par les « mouches mortes » du manque
de charité, (1 Cor. 13/1-3) et rendre désagréable et repoussant ce qui fut à la
fois rafraîchissant et convaincant. La faute ne réside pas dans quelque
imperfection ou contrefaçon dans l’onction originelle, mais dans les
petites choses qui se sont infiltrées du dehors et ont finalement produit
la « mauvaise odeur ». La « parole de sagesse » est teinte d’orgueil ; les
« dons de guérisons » produisent l’envie, ou le charisme de prophétie
trahit l’intérêt personnel.
Il est de toute importance
de marcher selon l’Esprit si nous sommes appelés à exercer des charismes
spirituels de manière visible. Vigilance dans les petites choses, tel est
l’ordre de notre proverbe.
« Veillez à vous conduire
avec circonspection ».
Jamais les mouches mortes
n’auraient gâté l'odeur de l’onction si le parfumeur avait été
suffisamment vigilant. L’onction sainte de l’Esprit est un trésor inestimable qui doit
être gardé jalousement et préservé à tout prix de toute impureté. La grande
attention dont faisaient preuve les anciens prêtres ayant reçu l’onction
est très significative : « Il n’ira
vers aucun mort ; il ne se rendra point impur, ni pour son père, ni
pour sa mère. Il ne sortira point du sanctuaire et ne profanera point le
sanctuaire de son Dieu, car l’huile d’onction de son Dieu est une couronne
sur lui » (Lév. 21/11-12).
Nous nous réjouissons de la liberté que nous avons
dans l’application jusque dans les détails de cette loi ancienne ; mais si
notre sacerdoce chrétien est différent de celui de l’Ancienne Alliance, il n’en
reste pas moins que ses principes spirituels restent intacts
et toujours actuels : les actes de
négligence feront perdre rapidement au témoignage cette force particulière qui
émane de l’onction divine.
Ce qui est vrai pour la vie individuelle, l’est
aussi pour la vie des églises. Nous devons nous préserver des « mouches
mortes » dans toutes nos églises du Réveil de Pentecôte. Le témoignage peut être vite anéanti
dans tout un district si nous tolérons le mal au milieu de nous. « Ne savez-vous pas qu’un peu de levain
fait lever toute la pâte ?» (1 Cor. 5/6).
La règle scripturaire pour remédier à ces
situations, est la discipline ecclésiastique. La fausse charité, la faiblesse à
l’égard de ce qui est mal dans l’église, toute injustice et impureté sont
encore autant de mouches mortes qui infecteront le doux parfum du
témoignage chrétien et le rendront de mauvaise odeur. Les manifestations extérieures ne pourront jamais tenir lieu de la
présence authentique du Saint-Esprit.
Le parfum sacré de la sainteté est trop précieux et
trop vital pour ne pas vouloir le conserver à tout prix.