(Viens et vois 1944/02)
« N'aspirez
pas à ce qui est élevé, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble... » (Rom. 12/16.)
Le célèbre docteur Morisson, missionnaire en Chine, ne
pouvant suffire aux immenses travaux qu'il avait entrepris pour l'avancement du
règne de Dieu dans ce pays, écrivit à la Société des Missions qui l'employait
pour la supplier d'envoyer le plus tôt possible un autre missionnaire pour
l'aider.
Après avoir reçu cette lettre, les directeurs de la
Société firent des recherches pour trouver un homme capable et dévoué qui
voulût se consacrer à cette œuvre. A cette époque, la cause des Missions
n'avait pas encore excité parmi les chrétiens tout l'intérêt qu'elle y a fait
naître depuis et, en conséquence, l'appel de la Société ne produisit d'abord
aucun résultat. A la fin, pourtant, quelqu'un se présenta. C'était un jeune
homme pieux, mais arrivant de la campagne, pauvre, mal vêtu, timide et n'ayant
rien de ces manières polies et distinguées que donne l'éducation ou le séjour
des grandes villes. Quand les directeurs de la Société l'eurent examiné, ils se
trouvèrent fort embarrassés. Sous le rapport du fond, de la piété, des
connaissances bibliques, il n'y avait rien à dire, mais le reste laissait tant
à désirer ! Après avoir fait retirer le postulant, ils s'entretinrent longtemps
ensemble, et le résultat de leurs délibérations fut que décidément ce jeune homme ne pouvait pas
être missionnaire, mais que s'il voulait partir comme aide attaché à la
personne du docteur Morrison, on accepterait ses services à ce titre, en
attendant mieux. Un des membres de l'assemblée, le docteur Philip, homme grave
et pieux, fut chargé de faire part de cette décision au jeune homme.
Le docteur Philip aurait aimé à ne pas avoir à
s'acquitter d'un tel message. Néanmoins il se rendit auprès du jeune homme, qui
attendait dans une pièce voisine le résultat de l'entretien, et cherchant à
adoucir, autant que possible, ce que la nouvelle avait de pénible, il lui dit
que le Comité ne le trouvait pas capable d'être missionnaire, mais que s'il
voulait partir comme aide, on lui fournirait les moyens de faire le voyage. A
cette proposition, beaucoup se seraient probablement trouvés choqués et
auraient répondu par un refus ; mais telle ne fut pas la pensée du jeune homme.
Sur le champ, et avec le plus grand calme, il répondit au docteur Philip : «
Comme le Comité voudra, monsieur. Si l'on ne me juge pas capable d'être
missionnaire, je partirai comme aide. Je suis prêt à me faire coupeur de bois,
porteur d'eau, ou toute autre chose, pourvu que je puisse travailler au service
de mon Maître céleste. »
Et les choses s'arrangèrent en effet ainsi. Le jeune
chrétien alla rejoindre le docteur Morrison à titre de serviteur ; mais il ne
resta pas longtemps dans cette humble situation. A force de travail et de
persévérance, il accrut le trésor de ses connaissances, ses manières
s'affirmèrent et, en très peu de temps, il devint missionnaire en titre.
C'est lui qu'on connaît sous le nom du docteur Milne,
l'un des missionnaires les plus excellents et les plus capables que
l'Angleterre ait envoyé au milieu des idolâtres.
Dévouement et humilité, telles sont les deux vertus
que prêche cet exemple, bien digne d'être imité de quiconque comprend ses
devoirs envers le Seigneur. Le jeune missionnaire, dont le mérite fut d'abord
ainsi méconnu, avait compris son devoir envers le Seigneur.
Magnifique exemple à suivre par nos
frères qui ont un appel au service du Seigneur, mais qui n'arrivent qu'à peu de
chose ou à rien parce qu'ils ne veulent pas subir la tutelle des anciens. Ils
n'acceptent de travailler pour le Maître qu'à condition de sortir le plus
rapidement possible comme évangélistes ou pasteurs volant de leurs propres
ailes, bien entendu, sans trop d'effort ni de persévérance dans l'étude de la
Parole.