J'étais un
Musulman
Pasteur Rachid
Bouchami
(L’appel du maitre 1969)

J’ai pratiqué l’Islam, la religion de mes pères.
Ce que j’étais
avant de connaître Dieu est facile à décrire: un jeune homme de vingt-quatre
ans, désirant vivre et profiter le plus possible de la vie par tous les
moyens qui se présentaient à lui. Je n’étais rien d’autre qu’un Algérien
parmi des millions d’autres, un Musulman parmi la foule musulmane. Je
n’étais ni tout à fait honnête, ni vraiment pieux, quoique l’on ait pu
dire l’un et l’autre de moi. J’ai pratiqué la religion de mes pères et je
suis souvent allé à la Mosquée dire les prières rituelles. Aux yeux de tous, je
passais pour pratiquer le «Ramadan», jeûne de trente jours observé une
fois par an dans le monde musulman; mais ce que je cachais aux hommes, Dieu
le voyait; j’en avais conscience, j’en éprouvais une certaine crainte, sans
toutefois pouvoir y apporter de changement.
C’est en 1958, à Alger, que j’entendis l’Evangile.
J’avoue qu’au
début, je n’en saisis pas grand-chose ou, plus exactement, je ne voulais pas
comprendre. Je me regimbais, car je pensais que la personne qui me parlait de
Jésus-Christ essayait de me convertir à la religion des blancs. Je me
souviens lui avoir rétorqué un jour:
— Ecoutez,
Madame, je suis ici pour apprendre la sténo-dactylo, et non pour parler de
religion. D’ailleurs si vous avez une religion, j’ai aussi la mienne. Vous
avez pour guide et prophète Jésus-Christ, moi j’ai Mahomet. Nous sommes à
égalité. Laissez-moi donc en paix avec tout cela!
Mais si j’ai
réussi momentanément à faire taire cette voix, Dieu n’en continua pas moins à
me parler et à travailler mon cœur, si bien qu’un jour je me trouvai une
portion de la Bible entre les mains, l’Evangile selon St. Jean. A la lecture de
l’Ecriture inspirée de Dieu, la lumière commença, petit à petit, à se faire en
moi et je compris bien des choses qui m’étaient cachées jusqu’alors. Je
réalisai que Dieu aime tous les hommes sans distinction de race ou de
couleur, qu’ils sont tous frères et qu’il leur accorde à tous un même
amour. Je compris aussi que j’étais un misérable pécheur, indigne de
l’amour de Dieu, incapable par moi-même de faire le bien tant le mal était
attaché à moi. Je voyais toutes les mauvaises actions dont j’étais capable
et toutes les mauvaises pensées dont j’étais coupable.