lundi 17 décembre 2018

LA CONVERSION 2/2


(Charles-G. Finney) Appel du maitre 1966/06

La Bible attribue la conversion il Dieu

J'ai toujours trouvé étrange que des hommes puissent voir la moindre contradiction entre ces deux affirmations. Ils n’en ont pas su voir la logique. Il est bien facile de comprendre qu’il y a un sens dans lequel Dieu convertit les pécheurs, et un autre sens dans lequel les hommes les convertissent.
L’Ecriture attribue la conversion à quatre agents différents : aux hommes, à Dieu, à la vérité, et au pécheur lui-même.
Les passages qui l’attribuent à la vérité sont les plus nombreux. Que les hommes aient négligé ces distinctions et regardé la conversion comme une œuvre accomplie exclusivement par Dieu est une chose étonnante. Il est étonnant aussi qu’on ait toujours trouvé des difficultés à ce sujet, ou que les gens se soient toujours déclarés incapables de concilier ces différentes catégories de passages bibliques.
La Bible tient, sur ce point, le même langage que nous emploierions pour des sujets ordinaires. Voilà un homme qui relève d’une grave maladie. N’est-ce pas bien naturel pour lui de dire, en parlant de son médecin: «Cet homme m’a sauvé la vie»? Entend-il par là que le médecin l’a guéri sans que Dieu soit pour rien dans son rétablissement? Certainement non, à moins d’être un impie. C’est Dieu qui a fait le médecin et qui a fait les remèdes aussi. Son intervention est aussi nécessaire pour que ceux-ci puissent agir, et sauver une vie qu’elle l’est pour que la vérité puisse opérer à salut sur une âme. Affirmer le contraire ne serait que pur athéisme. Il est donc vrai que c’est le médecin qui a sauvé le malade, et il est aussi vrai que c’est Dieu qui l’a sauvé. Il est également vrai que le remède lui a sauvé la vie, et vrai aussi qu’il a sauvé sa vie en prenant le remède; car s’il l’avait refusé, il n’aurait produit aucun bien.
Il est vrai que c’est Dieu qui donne à la vérité le pouvoir de convertir les pécheurs. Dieu est un agent actif, volontaire, puissant pour changer un cœur; mais celui qui annonce la vérité est aussi un agent. Nous appelons d’habitude simples instruments les pasteurs et d'autres hommes qui convertissent les pécheurs. Ce n’est pas parfaitement correct. L’homme est plus qu’un instrument inconscient. L’homme est plus que cela: il est à l’œuvre comme un agent responsable, volontaire.
Supposons que vous vous trouviez sur la berge, près de la chute du Niagara. Vous voyez un homme perdu dans une profonde rêverie s’approchant du bord sans avoir conscience du danger. Il s’approche toujours plus, toujours plus. Il lève déjà le pied pour faire le dernier pas qui le précipitera dans le gouffre. A ce moment terrible, vous lui criez d'une voix qui surmonte le mugissement des eaux: Arrêtez!» Cette parole parvient à ses oreilles et rompt le charme qui le tenait lié; il recule à l’instant, pâle, éperdu et se retire en tremblant des bords du précipice qui allait devenir son tombeau; il chancelle, sa terreur est si grande qu’il est sur le point de tomber évanoui. Il se retourne et se dirige lentement vers son hôtel. Vous le suivez; l’agitation peinte sur son visage attroupe les gens autour de lui. Vous l’abordez; il vous montre à ceux qui l’entourent en disant: «Cet homme-là m’a sauvé la vie.» Ici, il vous attribue son salut, certainement dans un sens, c’est à vous qu’il le doit. Quand on le questionne à nouveau, il répète: «Arrêtez»!
«Comme ce mot retentit à mes oreilles. Oh! ça a été pour moi une parole de vie!» Maintenant, il attribue son salut à la parole qui l’a réveillé, et l’a fait revenir sur ses pas. Il dit encore: «Si je ne m’étais pas retourné à l’instant, j’étais un homme mort.» Il en parle ici comme d’un acte de sa propre volonté, et il a raison. Mais aussitôt après, vous l’entendez ajouter: «Oh! Quelle grâce de Dieu! Sans sa miraculeuse intervention, j’étais perdu! Le seul trait qui ne soit pas entièrement juste dans cette comparaison, c’est que l’intervention de Dieu n’était que providentielle. Ce n’est que dans ce sens que cet homme pouvait attribuer son salut à Dieu tandis que, dans la conversion des pécheurs, il y a plus que la Providence de Dieu: celle-ci, non seulement conduit le prédicateur à crier: «Arrêtez!», mais l’Esprit de Dieu Lui-même les étreint, par la vérité, avec une si grande puissance qu’il les pousse à se convertir.
Non seulement le prédicateur crie: «Arrêtez!» mais l’Esprit aussi, parlant par sa bouche, crie: «Arrêtez!» Le prédicateur s’écrie: «Retournez-vous, pourquoi voudriez-vous mourir?»
L’Esprit rend cette exhortation si pénétrante que le pécheur se retourne. Donc, en parlant du changement qui s’est opéré en lui, il est parfaitement juste de dire que c’est l’Esprit qui l’a converti, comme vous diriez, d’un homme qui aurait fait changer d’opinion à son ami au sujet de la politique: «Il l’a converti.» Il est également exact de dire que c’est la vérité qui a converti le pécheur, de même que, dans le cas où les idées politiques d’un homme ont été changées par tel ou tel argument, nous attribuerons ce changement à l’argument. De même aussi, nous pouvons parfaitement attribuer le changement du cœur à celui qui en a présenté les motifs, comme nous disons d’un avocat: «Il a gagné sa cause, il a converti le jury. C’est aussi juste d’attribuer la conversion à l’individu lui-même: il s’est repenti; il a changé de direction. C’est vrai, au sens le plus élevé et le plus absolu, que cet acte lui est propre; tandis que Dieu, au moyen de la vérité, l’a sollicité de se convertir. Cependant, c’est strictement vrai qu’il s’est retourné et qu’il l’a fait lui-même. Vous voyez donc dans quel sens c’est l’œuvre de Dieu et dans quel sens c’est l’œuvre de l’homme.
L’Esprit de Dieu, au moyen de la vérité, pousse le pécheur à se convertir; dans ce sens, Il est la cause efficiente de la conversion. Mais le pécheur se convertit effectivement et, dans ce sens, il en est l’auteur. Plusieurs personnes, en lisant la Bible, arrêtent leurs yeux sur les passages où cette œuvre est attribuée à l’Esprit de Dieu et paraissent négliger ceux qui l’attribuent à l’homme, et ceux qui en parlent comme étant l’acte du pécheur lui-même.
Quand elles ont cité l’Ecriture pour montrer que la conversion est l’œuvre de Dieu, elles croient avoir prouvé que c’est une œuvre dans laquelle l’homme est passif.
Dans un traité intitulé: «La génération, effet de la puissance divine», l’auteur démontre que cette œuvre est accomplie par l’Esprit de Dieu, et il en reste là. Un traité pourrait être écrit sous ce titre: «La conversion, ou régénération, œuvre de l’homme»
Ce serait tout aussi juste, tout aussi scripturaire que le premier. Aussi l’auteur dans son zèle pour reconnaître et honorer Dieu comme agent de la transformation laisse de côté le fait qu’un changement de cœur est l’œuvre du pécheur lui-même; il laisse le pécheur fortement retranché dans son ignorance coupable, les armes de la rébellion dans la main, résistant hardiment aux sommations de son Maître, et attendant passivement que Dieu crée en lui un cœur nouveau. Vous voyez la liaison qu'il y a entre ce que demande notre texte et le fait évident que c’est Dieu qui renouvelle le cœur. Dieu vous commande de vous faire un cœur nouveau. Il attend que vous le fassiez vous-même.
Pécheur, laisse-moi te dire que, si tu refuses de le faire, tu iras en enfer et que, durant toute l’éternité, tu sentiras que tu as mérité ton châtiment pour avoir négligé ce devoir.