(Charles-G. Finney)
Appel du maitre 1966/06
La
Bible attribue la conversion il Dieu
J'ai toujours trouvé étrange que des
hommes puissent voir la moindre contradiction entre ces deux affirmations.
Ils n’en ont pas su voir la logique. Il est bien facile de comprendre
qu’il y a un sens dans lequel Dieu convertit les pécheurs, et un
autre sens dans lequel les hommes les convertissent.
L’Ecriture attribue la conversion à
quatre agents différents : aux hommes, à Dieu, à la vérité, et au pécheur
lui-même.
Les passages qui l’attribuent à la
vérité sont les plus nombreux. Que les hommes aient négligé ces distinctions et
regardé la conversion comme une œuvre accomplie exclusivement par Dieu est
une chose étonnante. Il est étonnant aussi qu’on ait toujours trouvé des
difficultés à ce sujet, ou que les gens se soient toujours déclarés
incapables de concilier ces différentes catégories de passages bibliques.
La Bible tient, sur ce point, le même langage
que nous emploierions pour des sujets ordinaires. Voilà un homme qui
relève d’une grave maladie. N’est-ce pas bien naturel pour lui de
dire, en parlant de son médecin: «Cet homme m’a sauvé la vie»?
Entend-il par là que le médecin l’a guéri sans que Dieu soit pour
rien dans son rétablissement? Certainement non, à moins d’être un
impie. C’est Dieu qui a fait le médecin et qui a fait les remèdes
aussi. Son intervention est aussi nécessaire pour que ceux-ci
puissent agir, et sauver une vie qu’elle l’est pour que la vérité
puisse opérer à salut sur une âme. Affirmer le contraire ne serait
que pur athéisme. Il est donc vrai que c’est le médecin qui a sauvé
le malade, et il est aussi vrai que c’est Dieu qui l’a sauvé. Il
est également vrai que le remède lui a sauvé la vie, et vrai aussi
qu’il a sauvé sa vie en prenant le remède; car s’il l’avait refusé, il
n’aurait produit aucun bien.
Il est vrai que c’est Dieu qui donne à
la vérité le pouvoir de convertir les pécheurs. Dieu est un agent actif,
volontaire, puissant pour changer un cœur; mais celui qui annonce la
vérité est aussi un agent. Nous appelons d’habitude simples
instruments les pasteurs et d'autres hommes qui convertissent les
pécheurs. Ce n’est pas parfaitement correct. L’homme est plus qu’un
instrument inconscient. L’homme est plus que cela: il est à
l’œuvre comme un agent responsable, volontaire.
Supposons que vous vous trouviez sur la
berge, près de la chute du Niagara. Vous voyez un homme perdu dans une profonde
rêverie s’approchant du bord sans avoir conscience du danger.
Il s’approche toujours plus, toujours plus. Il lève déjà le pied pour
faire le dernier pas qui le précipitera dans le gouffre. A ce moment terrible,
vous lui criez d'une voix qui surmonte le mugissement des eaux: Arrêtez!»
Cette parole parvient à ses oreilles et rompt le charme qui le tenait
lié; il recule à l’instant, pâle, éperdu et se retire en tremblant des
bords du précipice qui allait devenir son tombeau; il chancelle, sa
terreur est si grande qu’il est sur le point de tomber évanoui. Il se
retourne et se dirige lentement vers son hôtel. Vous le suivez;
l’agitation peinte sur son visage attroupe les gens autour de lui. Vous
l’abordez; il vous montre à ceux qui l’entourent en disant: «Cet
homme-là m’a sauvé la vie.» Ici, il vous attribue son salut,
certainement dans un sens, c’est à vous qu’il le doit. Quand on le
questionne à nouveau, il répète: «Arrêtez»!
«Comme ce mot retentit à mes oreilles.
Oh! ça a été pour moi une parole de vie!» Maintenant, il attribue son
salut à la parole qui l’a réveillé, et l’a fait revenir sur ses pas. Il
dit encore: «Si je ne m’étais pas retourné à l’instant, j’étais un homme
mort.» Il en parle ici comme d’un acte de sa propre volonté, et il a
raison. Mais aussitôt après, vous l’entendez ajouter: «Oh! Quelle grâce de
Dieu! Sans sa miraculeuse intervention, j’étais perdu! Le seul trait qui ne
soit pas entièrement juste dans cette comparaison, c’est que l’intervention
de Dieu n’était que providentielle. Ce n’est que dans ce sens que cet homme
pouvait attribuer son salut à Dieu tandis que, dans la conversion des
pécheurs, il y a plus que la Providence de Dieu: celle-ci, non
seulement conduit le prédicateur à crier: «Arrêtez!», mais l’Esprit
de Dieu Lui-même les étreint, par la vérité, avec une si grande puissance
qu’il les pousse à se convertir.
Non seulement le prédicateur crie:
«Arrêtez!» mais l’Esprit aussi, parlant par sa bouche, crie: «Arrêtez!» Le
prédicateur s’écrie: «Retournez-vous, pourquoi voudriez-vous mourir?»
L’Esprit rend cette exhortation si
pénétrante que le pécheur se retourne. Donc, en parlant du changement
qui s’est opéré en lui, il est parfaitement juste de dire que c’est
l’Esprit qui l’a converti, comme vous diriez, d’un homme qui aurait fait
changer d’opinion à son ami au sujet de la politique: «Il l’a converti.»
Il est également exact de dire que c’est la vérité qui a converti le
pécheur, de même que, dans le cas où les idées politiques d’un homme ont
été changées par tel ou tel argument, nous attribuerons ce changement à
l’argument. De même aussi, nous pouvons parfaitement attribuer le
changement du cœur à celui qui en a présenté les motifs, comme nous
disons d’un avocat: «Il a gagné sa cause, il a converti le jury. C’est
aussi juste d’attribuer la conversion à l’individu lui-même: il s’est
repenti; il a changé de direction. C’est vrai, au sens le plus
élevé et le plus absolu, que cet acte lui est propre; tandis que
Dieu, au moyen de la vérité, l’a sollicité de se convertir.
Cependant, c’est strictement vrai qu’il s’est retourné et qu’il l’a fait
lui-même. Vous voyez donc dans quel sens c’est l’œuvre de Dieu et
dans quel sens c’est l’œuvre de l’homme.
L’Esprit de Dieu, au moyen de la vérité,
pousse le pécheur à se convertir; dans ce sens, Il est la cause
efficiente de la conversion. Mais le pécheur se convertit effectivement
et, dans ce sens, il en est l’auteur. Plusieurs personnes, en lisant
la Bible, arrêtent leurs yeux sur les passages où cette œuvre est
attribuée à l’Esprit de Dieu et paraissent négliger ceux qui l’attribuent
à l’homme, et ceux qui en parlent comme étant l’acte du pécheur lui-même.
Quand elles ont cité l’Ecriture pour
montrer que la conversion est l’œuvre de Dieu, elles croient avoir
prouvé que c’est une œuvre dans laquelle l’homme est passif.
Dans un traité intitulé: «La génération,
effet de la puissance divine», l’auteur démontre que cette œuvre est
accomplie par l’Esprit de Dieu, et il en reste là. Un traité pourrait
être écrit sous ce titre: «La conversion, ou régénération, œuvre de
l’homme»
Ce serait tout aussi juste, tout aussi
scripturaire que le premier. Aussi l’auteur dans son zèle
pour reconnaître et honorer Dieu comme agent de la
transformation laisse de côté le fait qu’un changement de cœur est l’œuvre
du pécheur lui-même; il laisse le pécheur fortement retranché
dans son ignorance coupable, les armes de la rébellion dans la
main, résistant hardiment aux sommations de son Maître, et attendant
passivement que Dieu crée en lui un cœur nouveau. Vous voyez la
liaison qu'il y a entre ce que demande notre texte et le fait évident
que c’est Dieu qui renouvelle le cœur. Dieu vous commande de vous
faire un cœur nouveau. Il attend que vous le fassiez vous-même.
Pécheur, laisse-moi te dire que, si tu
refuses de le faire, tu iras en enfer et que, durant
toute l’éternité, tu sentiras que tu as mérité ton châtiment pour
avoir négligé ce devoir.