(L’appel du maitre 1963.02)
Voudriez-vous savoir qui fut le
premier traducteur de la Bible en anglais? Ce fut le vénérable Bède qui vivait
dans un monastère en 735.
Sa vie était simple, ses
habitudes frugales, et son plus grand désir était de faire la volonté de Dieu.
Il avait à cœur de donner à ses concitoyens une traduction de l’Evangile de
Saint-Jean, mais avant d’avoir terminé son travail, il tomba dangereusement
malade sans aucun espoir de guérison. Les moines marchaient doucement dans les
longs corridors avec des visages pâles et solennels, se demandant tout bas
comment allait le maître.
Suivez-moi dans la petite cellule
où, sur une humble couchette, Bède allait mourir. Ses yeux éteints, sa maigreur
et sa pénible respiration montraient que la
fin approchait. Son secrétaire était là, une plume à la main et un parchemin
sur les genoux.
— Continue Mon
fils! : dit la faible voix du vénérable moine.
— O mon cher
Maître, c’est plus que vous ne pouvez faire! Il reste encore un chapitre.
Sûrement Dieu ne redemandera pas plus à son serviteur que ce qu’il a déjà fait.
— Vrai? dit le saint en accents interrompus. Prends ta plume et
écris... Ecris aussi vite que tu le pourras, car la mort ne peut tarder; elle
arrive... et je ne dois pas laisser mon œuvre pour Dieu inachevée.
Et le scribe écrivit verset après verset en se hâtant, à mesure que le
glorieux Evangile s’échappait des lèvres tremblantes.
La fin approchait. Il se fit
un silence. Le vieillard ferma les yeux comme exténué.
— Maintenant,
cher maître, dit le secrétaire d’une voix remplie d’une anxieuse tendresse,
pourrez-vous encore parler? Il ne reste qu’un seul verset, et puis tout sera
fini.
Le mourant parut se ranimer; il se souleva, et d’une voix claire, il répéta le dernier verset de l’Evangile selon
Saint-Jean.
— C’est fini!
s’écria le scribe avec joie.
— Béni soit
Dieu! dit le mourant. Mon œuvre est terminée. Soulève-moi la tête et laisse-moi
me réjouir. Assieds-moi et bénissons Dieu, là où j’ai la coutume de prier.
Les mains du jeune homme le soulevèrent et le placèrent sur le siège où
il avait l’habitude de méditer; et le vieillard joignit les mains en disant:
— Et maintenant gloire au Père, au
Fils et au Saint-Esprit!
Et son âme s’envola vers le Dieu qu’il avait servi avec tant d’amour.
Il avait pu dire comme son Maître: «J’ai achevé l’œuvre que tu m’avais donnée à
faire».
Et nous
qui possédons le précieux volume tout entier, que faisons-nous pour le répandre?
Il y a dans cette Parole une saveur divine que ne possèdent pas les autres
livres. On ne se lasse jamais de la relire, elle est toujours nouvelle pour
nous et renferme de nouveaux trésors. Ne la lisez pas à la précipitée, sans
méditer; prenez votre temps pour cela. Havelock employait deux ou trois heures
chaque matin pour son culte particulier, malgré ses occupations pressantes;
négliger de se nourrir de la Parole est le plus grand tort que nous puissions
faire à nos âmes.