(Feuille religieuse du canton de Vaux
1836 )
« Car Démas m'a abandonné, ayant
aimé ce présent siècle. » 2 Timothée I4/10.
En passant en revue les noms de ceux qui avaient marché avec lui, qui
avaient été ses frères en Christ et ses compagnons d’œuvre dans son
ministère, combien le cœur aimant de l’apôtre dut être affligé d’avoir à dire
d’un de ceux dont il avait eu les meilleures raisons d’espérer : « Démas m’a abandonné ayant aimé
ce présent siècle! » Sans aucun doute, son âme fut profondément
affectée de cette apostasie; mais sa foi était trop bien affermie, ses
espérances trop sûrement fondées, pour être ébranlées par cette épreuve.
Comme un zélé et fidèle serviteur de son Dieu, s’appliquant toujours,
avec soin, à faire servir toutes choses à la sanctification de l’Eglise,
il tâche de faire tourner cette épreuve en avertissement salutaire,
afin que quelques-uns pussent avancer et être fortifiés par la chose
même qui l’avait affligé si profondément. En conséquence il rapporte
l’égarement du disciple infidèle, et en attribue la cause à l’amour du
présent siècle, sachant bien que dans tous les temps de l’Eglise chrétienne
le même piège exercera son action séductrice, pour la chute et la ruine finale
de plusieurs.
O vous ! qui, bouillants dans vos affections, mais encore faibles dans
la foi, donnez de si belles espérances à vos amis chrétiens! vous en qui le
jour de la grâce s’est annoncé par une aurore si fraîche et si pure, et
sur qui ils attendent, avec anxiété, de voir le soleil de justice se lever dans
sa splendeur, prenez garde de tromper ces espérances, et faites en sorte que le
pasteur appelé à veiller sur votre âme puisse en rendre compte avec joie et non
avec douleur. Ah! Ne souffrez pas que vos sens soient éblouis, et votre
cœur enlacé par les apparences brillantes ou les flatteuses caresses
d’un monde qui doit périr, qui inévitablement vous tromperait et finirait par
vous abandonner. Il vous détournerait de votre Dieu; il vous enlèverait votre
paix intérieure et votre part dans l’héritage des cieux ; vous ne pouvez
l'aimer et vous y attacher qu’au risque de votre ruine éternelle.
Les saintes Ecritures auxquelles vous croyez, sont claires et
formelles sur ce point; et l’expérience des autres, comme la vôtre propre,
rend témoignage à cette vérité : « Vous ne pouvez servir Dieu et
Mamon »
Plus nos cœurs sont occupés des intérêts visibles, plus notre temps et
nos pensées sont engagés dans ses choses qui n'ont que ce monde pour fin,
plus aussi la présence de Dieu s’éloigne de nous et nous nous
jouissons de l'influence vivifiante et sanctifiante du Saint-Esprit. Et
quel contraste ! A la place des trésors inappréciables du ciel ; la misère et
l’abandon de l'enfer ! Que choisirez-vous ? Les choses périssables ou
les éternelles? — Oh! puissiez-vous être guidés de manière à faire un
choix sage; à y persévérer avec courage et sans hésiter, « afin d’avoir votre part avec le
peuple de Dieu, d'aimer plutôt à souffrir des afflictions avec lui, qu’à jouir
pour un temps des délices du péché. Et alors tous serez bien véritablement
fortifiés dans la grâce qui est en Jésus-Christ. »