Jacques
Gloaguen « La foi victorieuse 1976/01 »
Certains hommes du passé restent à
nos yeux comme des monuments de prière. Six heures, sept heures et même
davantage, passées en prière chaque jour, tel est le témoignage que leur
rendent leurs biographes. Les œuvres qu'ils ont accomplies sont aussi
pour leur part les témoins irréfutables de l'intimité de leur vie avec
Dieu. Nous nous sentons petits à côté d'eux et quelquefois nous
nous étonnons de l'importance de la prière dans leur vie, nous qui n'éprouvons
pas toujours le besoin de prier. Nous oublions que, comme toute chose, notre prière est tributaire d'une discipline
de vie qui la rend plus forte.
Comment
parler de discipline dans ce qui est essentiellement une communion avec Dieu ?
Il semble que nous accolions ainsi
deux notions absolument inconciliables, l'une, la glorieuse liberté
des enfants de Dieu dans le Saint-Esprit, l'autre, les règles
disciplinaires et leurs obligations.
Regardons le Seigneur. Il est en tout
notre modèle. L'exemple et les conseils qu'il nous donne jalonnent pour nous le
chemin d'une communion parfaite avec notre Dieu dans la prière. Jésus se
présente à nous comme l'homme libre par excellence. Aucune tradition,
aucun préjugé n'entravait son action. Tout ce qu'il faisait, les
solutions qu'il apportait aux problèmes qu'on lui soumettait étaient
empreints de fraîcheur et de spontanéité. Pourtant, au cœur de sa vie, il
y avait des habitudes, des coutumes, une discipline.
«
Après être sorti, il alla selon sa coutume à la montagne des Oliviers. Ses
disciples le suivirent » (Luc 22.53).
Ainsi, après la Cène, Jésus se rend
au jardin des Oliviers. Qu'allait-il donc y faire ? S'y détendre ? Il faisait
déjà nuit. Nous savons ce qu'il y fit ce soir-là : il pria. Les disciples
en furent-ils étonnés ? Non ! Jésus avait cette habitude d'y aller prier.
Gethsémané, qui représente pour nous un combat extraordinaire et
unique, n'était pour le Seigneur qu'un des Gethsémanés de sa vie, le
plus douloureux, le plus angoissant peut-être, mais qui avait été
précédé d'autres nuits de prière dans ce même jardin. C'est, nous
pouvons le dire, à cause de ces « petits » Gethsémanés que Jésus a pu
suivre le « grand » Gethsémané que nous connaissons.