(Extrait
du livre Elie de Paul Rosseel)
Lecture: I Rois 18.
Elie dit adieu à Sarepta. Il
dit adieu à ce coin de terre où il a passé quelques années qui compteront
parmi les meilleures de sa vie. Il quitte d'un dernier signe amical de la main
la veuve qui l'avait, au début, assisté de ses biens et était devenue une
véritable sœur en la foi, ainsi que son fils qui a traversé en vainqueur la
vallée de l'ombre de la mort. Il n'est point besoin d'une féconde imagination
pour raconter le voyage du prophète au travers de la Galilée et de la Samarie.
Rien ne devait être aussi pénible que de voir les ravages de la sécheresse dans
ce bon pays. Partout, la désolation! Pas de récoltes à moissonner, pas de
fruits à cueillir. La vision d'une telle misère devait allumer dans son cœur
le désir d'en finir au plus vite et de braver le courroux du roi Achab. Car,
avouez-le, chers amis, ce n'était pas une mission facile que devait remplir le
prophète. Passe encore si le Seigneur lui avait dit: Retourne dans ton pays,
je vais ouvrir les sources des cieux... Mais tel n'était pas le cas. Le
Seigneur lui avait donné un ordre: «Va, présente- toi devant Achab. » Autant
dire: va te jeter dans la gueule du loup! Pensez donc, la colère de Jézabel
était telle qu'elle faisait périr tous les serviteurs de Jéhovah. Si l'un
d'eux était encore en vie, il le devait à un nommé Abdias, de la cour, qui
avait caché et nourri plus de cent prophètes de l'Eternel.
Quel contraste d'ailleurs
entre cet Abdias et cette Jézabel! Le texte nous dit que Jézabel nourrissait à
sa table plus de quatre cents faux-prophètes et qu'Abdias protégeait dans deux
cavernes cent prophètes de l'Eternel. Chacun avait son protecteur. Le mensonge
trouve toujours un asile auprès des puissances de ce monde. Les vrais
chrétiens, cela s'est vu de tout temps, ne peuvent compter que sur le Seigneur
et les hommes qu'il veut bien susciter.
C'est aussi par
l'intermédiaire de cet Abdias qu'Elie fixera son rendez-vous au roi, qui est en
voyage pour chercher - ô ironie! - de la nourriture pour son haras. Sans doute
avait-il moins de préoccupations pour les familles de sa nation! Les chevaux de
son écurie avaient vraisemblablement plus de valeur pour lui que les enfants
faméliques de son peuple. Cela se voit encore de nos jours, soit dit en
passant! Une dame, qui se disait chrétienne et dépensait un argent fou pour son
caniche de race, a osé me dire un jour que la dernière collecte pour la «Chaîne
du Bonheur» ne l'intéressait pas parce que ce n'était qu'une organisation mondaine.
Pourtant il s'agissait de secourir de petits enfants misérables et mourant de
faim, qui se seraient contentés de la nourriture que l'on donnait au toutou!
Mais revenons à Elie. La
suite de cette histoire et la dramatique confrontation du Carmel nous
permettront de répondre à une question importante qui concerne le réveil de
nos communautés.