lundi 20 janvier 2020

LA VISUALISATION N'EST PAS LA FOI





Par Jacky Leprat (Realités de la foi 1996/02)

Il y a longtemps que les chamans d’Asie Centrale pratiquent la visualisation pour la divination et pour la guérison des malades. Aujourd’hui, c’est une technique de pensée pour se guérir et changer sa vie. La visualisation, c’est créer des images mentales pour réaliser ce que l’on veut. Les spécialistes de cette vieille pratique, qui fait désormais partie du bric-à-brac du Nouvel-Âge, pensent que la visualisation fait appel à des « forces créatrices » pour le bien et la transformation du monde. C’est donc sérieux, et l’Église doit veiller au grain et à l’ivraie, car la visualisation s’est infiltrée dans ses rangs.

Qu’est-ce que la visualisation ? C’est imaginer les choses que l’on désire pour les posséder. Quelqu’un rêve-t-il d’une belle maison ? Quoi de plus normal ! Alors, qu’il ferme les yeux et qu’il imagine la maison qu’il veut, sous tous les angles, avec une précision extrême ! En pensée, qu’il se promène dans chaque pièce, qu’il imagine les couleurs, les meubles, la moquette, les parfums, les bruits, etc. Comme dans les films de fiction, il peut s’approcher des choses jusqu’au niveau microscopique. Se balader dans les fibres des rideaux, traverser les murs entre les atomes... toujours en pensée. Bien sûr, pour arriver à ce cinéma intérieur où tous les sens peuvent entrer dans l’imaginaire, il faut une technique assez proche du yoga et de l’hypnose avec relaxation, mantra, musique choisie, etc. Tout un mode d’emploi pour la convoitise des yeux, la convoitise de la chair et l’orgueil de la vie.

Nous savons par la Bible que les hommes se sont égarés dans leurs pensées (Romains 1/21), mais l’Église doit connaître la séduction de cet égarement.

En projetant ses désirs et ses convoitises sur son cœur pour « refaire» le monde, l’homme devient un créateur, un dieu ayant pouvoir de se guérir. Jamais l’être humain n’a été aussi proche de la vieille promesse de Satan : «Vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal» (Genèse 3/5). La visualisation se situe dans le prolongement de la chute originelle de l’homme. Elle est une négation de la vérité évangélique sur l’homme et sur Dieu.

On parle aussi du « sanctuaire intérieur». Une sorte de paradis que l’on crée dans l’imagination, et qui sert de refuge à l’homme moderne pour soulager ses angoisses et son stress. On s’isole quelques minutes, on ferme les yeux et on entre en pensée dans son jardin enchanté, comme Alice au Pays des merveilles. Que doit penser l’Église devant toute cette imagerie qui séduit aujourd'hui certains croyants ? L’Église doit dire que le « sanctuaire intérieur», construit en rêve et en rose, veut occuper la place de la prière et de la méditation de la Bible. L’Église doit dénoncer dans la visualisation plus qu’un miroir aux alouettes. C’est un retour à l’idolâtrie. L’homme veut effacer l’image de Dieu qui est en lui, pour se tourner vers l’image de ses illusions, vers une image taillée selon sa volonté.

La visualisation est aussi utilisée pour décider de l’avenir.

Pour créer l'avenir. On appelle cela « fixer des objectifs». Il ne s’agit pas d’espérer seulement que l’on deviendra riche, il faut être précis et créer les choses dans ses pensées comme nous les voulons dans cinq ou dix ans. Si quelqu’un veut une voiture, il devra visualiser la marque, la couleur, la puissance ! La visualisation décide. Tout le contraire de la foi qui dit : «Que ta volonté soit faite».

Ces techniques archaïques ne devraient pas surprendre l’Église. C’est l’histoire de l’homme qui marche au gré de ses pensées (Ésaïe 65/2). « L’Éternel connaît les pensées de l'homme, il sait qu’elles sont vaines » (Psaume 94/11). Mais l’Église doit être sur ses gardes dans un temps où menace l’abandon de la foi. La visualisation ne peut ni aider ni expliquer la foi et la prière. « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Éternel» (Ésaïe 55/8).