Par Jacky Leprat (Realités de la foi 1996/02)
Il y a longtemps que les chamans d’Asie Centrale
pratiquent la visualisation pour la divination et pour la guérison des malades.
Aujourd’hui, c’est une technique de pensée pour se guérir et changer sa
vie. La visualisation, c’est créer des images mentales pour réaliser ce
que l’on veut. Les spécialistes de cette vieille pratique, qui fait
désormais partie du bric-à-brac du Nouvel-Âge, pensent que la
visualisation fait appel à des « forces créatrices » pour le bien et
la transformation du monde. C’est donc sérieux, et l’Église
doit veiller au grain et à l’ivraie, car la visualisation s’est
infiltrée dans ses rangs.
Qu’est-ce que la visualisation ? C’est imaginer
les choses que l’on désire pour les posséder. Quelqu’un rêve-t-il
d’une belle maison ? Quoi de plus normal ! Alors, qu’il ferme les
yeux et qu’il imagine la maison qu’il veut, sous tous les angles,
avec une précision extrême ! En pensée, qu’il se promène dans chaque
pièce, qu’il imagine les couleurs, les meubles, la moquette, les parfums,
les bruits, etc. Comme dans les films de fiction, il peut s’approcher
des choses jusqu’au niveau microscopique. Se balader dans les fibres
des rideaux, traverser les murs entre les atomes... toujours en
pensée. Bien sûr, pour arriver à ce cinéma intérieur où tous les sens
peuvent entrer dans l’imaginaire, il faut une technique assez proche du
yoga et de l’hypnose avec relaxation, mantra, musique choisie, etc. Tout
un mode d’emploi pour la convoitise des yeux, la convoitise de la
chair et l’orgueil de la vie.
Nous savons par la Bible que les hommes se sont
égarés dans leurs pensées (Romains 1/21), mais l’Église doit
connaître la séduction de cet égarement.
En projetant ses désirs et ses convoitises sur
son cœur pour « refaire» le monde, l’homme devient un créateur, un dieu
ayant pouvoir de se guérir. Jamais l’être humain n’a été aussi
proche de la vieille promesse de Satan : «Vous serez comme des
dieux, connaissant le bien et le mal» (Genèse 3/5). La visualisation
se situe dans le prolongement de la chute originelle de
l’homme. Elle est une négation de la vérité évangélique sur l’homme et sur
Dieu.
On parle aussi du « sanctuaire intérieur». Une
sorte de paradis que l’on crée dans l’imagination, et qui sert de refuge
à l’homme moderne pour soulager ses angoisses et son stress.
On s’isole quelques minutes, on ferme les yeux et on entre
en pensée dans son jardin enchanté, comme Alice au Pays des
merveilles. Que doit penser l’Église devant toute cette imagerie qui
séduit aujourd'hui certains croyants ? L’Église doit dire que le «
sanctuaire intérieur», construit en rêve et en rose, veut occuper la place de
la prière et de la méditation de la Bible. L’Église doit dénoncer dans la
visualisation plus qu’un miroir aux alouettes. C’est un retour à
l’idolâtrie. L’homme veut effacer l’image de Dieu qui est en
lui, pour se tourner vers l’image de ses illusions, vers une image
taillée selon sa volonté.
La visualisation est aussi utilisée pour décider
de l’avenir.
Pour créer l'avenir. On appelle cela « fixer des
objectifs». Il ne s’agit pas d’espérer seulement que l’on deviendra
riche, il faut être précis et créer les choses dans ses pensées comme
nous les voulons dans cinq ou dix ans. Si quelqu’un veut une voiture,
il devra visualiser la marque, la couleur, la puissance ! La visualisation
décide. Tout le contraire de la foi qui dit : «Que ta volonté soit
faite».
Ces techniques archaïques ne devraient pas
surprendre l’Église. C’est l’histoire de l’homme qui marche au gré
de ses pensées (Ésaïe 65/2). « L’Éternel connaît les pensées
de l'homme, il sait qu’elles sont vaines » (Psaume 94/11). Mais l’Église
doit être sur ses gardes dans un temps où menace l’abandon de la foi. La
visualisation ne peut ni aider ni expliquer la foi et la prière. «
Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes
voies, dit l’Éternel» (Ésaïe 55/8).