lundi 6 janvier 2020

LE TEMPS S’ÉCOULE



Andrée M. Parli  (Appel du Maitre 1966.06)


Sur le grand beffroi d'une ville d’Allemagne, on peut lire cette sentence latine parlant des heures de la vie: « Toutes nous blessent, la dernière nous tue. »

Au lieu de ces paroles désespérantes, la Marquise de Lespinay avait fait graver sur la vieille horloge de sa demeure: « Toutes nous acheminent, la dernière nous introduit. »

Que voilà donc un beau message de fin d'année!

L’attrait des heures du passé devient particulièrement irrésistible en cette fin de décembre. A peine sorti de l’enfance, l’adolescent se retourne pour retrouver les souvenirs de Noël, si vivants dans sa pensée. Que dire de l’homme mûr et, plus tard, du vieillard qui sait évoquer avec une étonnante précision des tableaux imprimés dans sa mémoire, il y a plus d’un demi-siècle... Le cercle du foyer se reforme tel qu’il était autrefois, sans les vides cruels qui s’y sont creusés au cours des années. Des parents, pleins de tendresse, transformaient alors, même au prix de sacrifice, l’atmosphère du foyer en faisant de lui un lieu de joie, jusqu'au matin de Noël où les présents attendus avec impatience étaient distribués à chacun.

Comme tout cela est loin pour certains! Cela, c’était autrefois...

Puis, l’heure de l’indépendance a sonné. Les enfants ont quitté le foyer, peut-être même brisé le cercle familial en rompant ses liens et en reléguant de gênants parents dans un recoin méprisable de leur cœur.

D. L. Moody relate la triste expérience d’un jeune homme qui lui donnait pourtant les plus belles espérances. Son père, ivrogne notoire, ne se souciait guère de pourvoir aux besoins de son foyer. Sa mère avait dû se mettre au travail et blanchissait du linge pour assurer le pain quotidien et l’instruction de ses enfants. Or, ce garçon était l’un des plus brillants élèves du gymnase. Un jour, alors qu’il parlait avec sa mère devant leur modeste demeure, un de ses camarades vint à passer. «Qui est celle femme avec qui tu parlais?», lui demanda-t-il. «C’est ma blanchisseuse», répondit le garçon sans rougir. Pauvre garçon, pensa alors Moody, tu n’iras pas loin. Il ne s’est pas trompé. Tombé aussi bas qu’un homme puisse le faire, il n’est plus maintenant qu’un misérable dont la société même a honte.

Vous vous félicitez, je pense, de ce que votre cas est bien différent. Certes, en apparence, il est tout autre, mais attention! Combien de crève-cœur et d’humiliation inutiles pourraient être évités à ceux qui ont élevé des enfants avec tant de tendresse et de sollicitude...

Une question se pose maintenant: S’il peut en arriver ainsi de parents aimants, qu’en sera-t-il de la place réservée dans votre foyer à l’Auteur même de Noël ?

Votre foyer est-il trop étroit pour que vous puissiez l'y accueillir ? Est-il trop luxueux pour Celui qui naquit dans une crèche? Est-il trop gai et tapageur pour l’Homme de douleur? Est-il trop rempli pour s’ouvrir à l’Indésirable ?

Le juge McLean, un des premiers magistrats des Etats-Unis, en pensait tout autrement.
— Je viens de trouver Christ, dit-il un jour à sa femme. Je veux qu'il ait sa place dans notre foyer. Allons prier ensemble au salon.

Sa femme, qui était chrétienne, objecta cependant à sa proposition, car il y avait dans leur salon quatre avocats, tous inconvertis.
— Nous ferions mieux d'aller prier à la cuisine, observa-t-elle.
Mais son mari répondit aussitôt:
— C'est la première fois que j'invite Jésus à venir chez moi, et je ne vais pas le recevoir à la cuisine! Il se rendit donc au salon, souhaita la bienvenue aux avocats, puis il leur dit:
— Mes amis, je viens d'être convaincu de la vérité de l’Evangile. J’ai découvert que Jésus-Christ est mort pour moi; je me suis donné à Lui et maintenant, je vais le prier de venir habiter dans mon foyer. Vous pouvez, selon votre désir, assister à mon premier culte de famille ou vous retirer dans une autre pièce.

Les avocats se déclarèrent tous heureux de rester. Ils le firent, pendant que leur hôte lut la Parole et pria.
«Messire Dieu, premier servi!» déclarait Jeanne d’Arc.

Peut-être quelqu’un a-t-il volontairement éloigné de son cadre familial de vieux parents ? La pensée même de ce geste suscite un immédiat mépris... Mais, qu’en est-il du Fils de Dieu ? En ces jours de fêtes, quelle sera Sa place à votre foyer ? Le recevrez-vous au salon ou à la cuisine ? A-t-Il la place d’honneur dans votre cœur, ou doit-Il se contenter d'un recoin conventionnel dans votre pensée ?

Puissiez-vous comprendre que Lui seul peut apporter la douce chaleur de Sa présence à votre foyer et, par Sa puissance, en réparer les brèches qui s’y sont creusées et colmater les fissures que l’ennemi y a faites au cours des années !

Les heures s’égrènent lentement au cadran du temps, mais ininterrompues. Que vous apportera la dernière ? La mort ou l’entrée glorieuse dans la Patrie ?

Cela dépendra de la place que vous aurez accordée à Jésus dans votre foyer et dans votre cœur.