Andrée M.
Parli (Appel du Maitre 1966.06)
Sur le grand beffroi d'une ville d’Allemagne,
on peut lire cette sentence latine parlant des heures de la vie: « Toutes nous
blessent, la dernière nous tue. »
Au lieu de ces paroles désespérantes, la
Marquise de Lespinay avait fait graver sur la vieille horloge de sa demeure: « Toutes nous
acheminent, la dernière nous introduit. »
Que voilà donc un beau message de fin
d'année!
L’attrait des heures du passé devient
particulièrement irrésistible en cette fin de décembre. A peine sorti de
l’enfance, l’adolescent se retourne pour retrouver les souvenirs de Noël,
si vivants dans sa pensée. Que dire de l’homme mûr et, plus tard, du
vieillard qui sait évoquer avec une étonnante précision des tableaux
imprimés dans sa mémoire, il y a plus d’un demi-siècle... Le cercle
du foyer se reforme tel qu’il était autrefois, sans les vides
cruels qui s’y sont creusés au cours des années. Des parents, pleins
de tendresse, transformaient alors, même au prix de sacrifice,
l’atmosphère du foyer en faisant de lui un lieu de joie, jusqu'au
matin de Noël où les présents attendus avec impatience étaient distribués à
chacun.
Comme tout cela est loin pour certains!
Cela, c’était autrefois...
Puis, l’heure de l’indépendance a sonné.
Les enfants ont quitté le foyer, peut-être même brisé le cercle familial
en rompant ses liens et en reléguant de gênants parents dans un
recoin méprisable de leur cœur.
D. L. Moody relate la triste expérience
d’un jeune homme qui lui donnait pourtant les plus belles espérances. Son
père, ivrogne notoire, ne se souciait guère de pourvoir aux besoins de son
foyer. Sa mère avait dû se mettre au travail et blanchissait du linge
pour assurer le pain quotidien et l’instruction de ses enfants. Or, ce
garçon était l’un des plus brillants élèves du gymnase. Un jour,
alors qu’il parlait avec sa mère devant leur modeste demeure, un de ses
camarades vint à passer. «Qui est celle femme avec qui tu parlais?», lui demanda-t-il.
«C’est ma blanchisseuse», répondit le garçon sans rougir. Pauvre garçon, pensa
alors Moody, tu n’iras pas loin. Il ne s’est pas trompé. Tombé aussi
bas qu’un homme puisse le faire, il n’est plus maintenant qu’un
misérable dont la société même a honte.
Vous vous félicitez, je pense, de ce que
votre cas est bien différent. Certes, en apparence, il est
tout autre, mais attention! Combien de crève-cœur et d’humiliation
inutiles pourraient être évités à ceux qui ont élevé des enfants avec
tant de tendresse et de sollicitude...
Une question se pose maintenant: S’il
peut en arriver ainsi de parents aimants, qu’en sera-t-il de la place
réservée dans votre foyer à l’Auteur même de Noël ?
Votre foyer est-il trop étroit pour que
vous puissiez l'y accueillir ? Est-il trop luxueux pour Celui
qui naquit dans une crèche? Est-il trop gai et tapageur pour l’Homme
de douleur? Est-il trop rempli pour s’ouvrir à l’Indésirable ?
Le juge McLean, un des premiers
magistrats des Etats-Unis, en pensait tout autrement.
— Je viens de trouver Christ, dit-il un
jour à sa femme. Je veux qu'il ait sa place dans notre foyer. Allons prier
ensemble au salon.
Sa femme, qui était chrétienne, objecta
cependant à sa proposition, car il y avait dans leur salon quatre avocats, tous
inconvertis.
— Nous ferions mieux d'aller prier à
la cuisine, observa-t-elle.
Mais son mari répondit aussitôt:
— C'est la première fois que j'invite
Jésus à venir chez moi, et je ne vais pas le recevoir à la
cuisine! Il se rendit donc au salon, souhaita la bienvenue aux
avocats, puis il leur dit:
— Mes amis, je viens d'être convaincu de
la vérité de l’Evangile. J’ai découvert que Jésus-Christ est mort
pour moi; je me suis donné à Lui et maintenant, je vais le prier de
venir habiter dans mon foyer. Vous pouvez, selon votre désir, assister à
mon premier culte de famille ou vous retirer dans une autre pièce.
Les avocats se déclarèrent tous heureux
de rester. Ils le firent, pendant que leur hôte lut la Parole et pria.
«Messire Dieu, premier servi!» déclarait
Jeanne d’Arc.
Peut-être quelqu’un a-t-il volontairement
éloigné de son cadre familial de vieux parents ? La pensée même de ce geste
suscite un immédiat mépris... Mais, qu’en est-il du Fils de Dieu ? En ces
jours de fêtes, quelle sera Sa place à votre foyer ? Le recevrez-vous au
salon ou à la cuisine ? A-t-Il la place d’honneur dans votre cœur, ou
doit-Il se contenter d'un recoin conventionnel dans votre pensée ?
Puissiez-vous comprendre que Lui seul
peut apporter la douce chaleur de Sa présence à votre foyer et, par Sa
puissance, en réparer les brèches qui s’y sont creusées et colmater
les fissures que l’ennemi y a faites au cours des années !
Les heures s’égrènent lentement au cadran
du temps, mais ininterrompues. Que vous apportera la dernière ? La mort ou
l’entrée glorieuse dans la Patrie ?
Cela dépendra de la place que vous aurez
accordée à Jésus dans votre foyer et dans votre cœur.