lundi 24 février 2020

CE QUE LA BIBLE ENTEND PAR "LE MONDE"


Auteur inconnu (Réalités de la foi 1996.02)

Dans la Bible, ce mot n’a pas trait uniquement au globe terrestre, à l’endroit où habite l’humanité. Il est employé 186 fois dans le Nouveau Testament et, dans la plupart des cas, il revêt un sens moralement mauvais. En soulignant exagérément «la souveraineté de Dieu dans tous les domaines», on a trop souvent oublié qu’il existe cependant un domaine, celui du «monde», dont Satan est le «prince» (Jean 12/31; 14/30; 16/7). Avec la permission divine, et pour un temps, il est le «dieu de ce siècle» (2 Cor. 4/4).

En effet, quand Satan montra à Jésus tous les royaumes de la terre et leur gloire, en disant: «Elle m’a été donnée et je la donne à qui je veux» (Luc 4/5-6), le Seigneur ne l’a pas contredit.

En déclarant: «Mon royaume n'est pas de ce monde» (Jean 18/36), Christ nie qu’il en soit lui-même le Seigneur. Jean écrit dans sa première épître: «Le monde entier est sous la puissance du Malin» (5/19). C’est à cause de l’influence satanique que le monde est mauvais (Gal. 1/14), corrompu (1 Pierre 1/4), souillé (Jac. 1/27), coupable (Rom. 3/19), et sera condamné (1 Cor. 11/32).

Tout cela laisse entendre que le monde n’est pas un simple «concept» mais une sinistre réalité. L’idée que Christ plutôt que Satan règne sur ce monde tend à détruire les barrières qui doivent nous en séparer. Si notre entourage est soumis à Christ, comme on le prétend, pourquoi donc ne pas nous y accommoder et essayer de l'influencer en nous y mêlant ?

Il est logique, d’ailleurs, que ceux qui proclament (un peu prématurément) Christ comme Roi du monde, ne prennent pas nettement position contre les choses du monde.

Le mot lui-même: kosmos (monde), est le contraire du mot chaos (désordre) et signifie «ordre» ou «système». C’est le «système satanique», l’ordre qui se conforme aux objectifs et aux méthodes du diable. C’est toute la société humaine organisée qui s’efforce d’être «comme Dieu» (Genèse 3/5; Esaïe 14/14), mais à sa façon, sans vouloir tenir compte de lui ni se soumettre à sa volonté. C’est tout ce régime politique, social, culturel, scientifique, et même religieux qui poursuit ses propres fins dans un esprit d’indépendance vis-à-vis de Dieu. C'est tout ce qui cherche son agrément, son plaisir et son bonheur dans la créature plutôt que dans le Créateur.

D'aucuns, croyant que Satan est déjà lié, ont voulu ignorer qu’il est toujours dans le monde (1 Jean 4/4), et qu'il «rôde autour de nous comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera» (1 Pierre 5/8). Ils ont trop tendance à s’installer ici-bas comme chez eux, oubliant que le monde les hait, qu’ils n’en font pas vraiment partie (Jean 17/14) et qu'ils ne sont «qu’étrangers et voyageurs sur la terre» (1 Pierre 2/11). Ils mettent toute leur énergie à réformer et à influencer le monde, alors que Jésus n’en fit pas même l’objet de sa prière (Jean 17/9). Ils se sont tellement mêlés, en tant qu'églises, à la politique et à de vastes programmes d’action sociale, qu’ils n’ont plus le temps d’obéir à l’ordre ultime et suprême du Maître: «Allez par tout le monde et prêchez la bonne nouvelle à toute la création» (Marc 16/15). Il est certain que le chrétien doit exercer une influence salutaire dans le monde en tant qu’individu. Cependant celle-ci est toujours le sous-produit de l'Évangile et non le but principal que Dieu vise dans cette dispensation. (Paul n’a pas entrepris de bouleverser l’ordre social de son temps en prêchant en premier lieu l’émancipation des esclaves et la justice sociale. Cependant quand Philémon se convertit, l’apôtre ne manque pas de l’exhorter à libérer son esclave Onésime.)

Cherchant à établir ici et maintenant le royaume visible de Dieu, ils ne tiennent pas compte de ce que «Dieu a d’abord jeté les regards sur les nations pour choisir du milieu d’elles un peuple qui portât son nom» (Actes 15/14), et que c’est au retour de Christ seulement, que son règne sera établi sur la terre par la force (Ps. 2). Alors seulement, se réaliseront dans le domaine politique et social toutes les conditions idéales dont parlent en détail les prophètes. L'étymologie du mot «église» (ekklesia) nous suggère l’idée de «appelé hors de». Dans cette dispensation, Dieu ne s’est pas donné la tâche de sauver le monde, mais d’appeler les élus hors du monde, par le moyen de la prédication de l’Évangile. «Christ s’est donné lui-même afin de nous arracher au présent siècle mauvais» (Galates 1/4). Son programme ne consiste pas à réparer ou rénover la ruine qu’est le monde, mais à en retirer des pierres vivantes pour en bâtir son Église, une création nouvelle.

Cette révélation divine du caractère de ce monde qui nous entoure, ainsi que de la situation dans laquelle se trouve le chrétien, à son égard, jettera beaucoup de lumière sur notre problème. C’est ce caractère particulier qui explique que nous devons sans cesse faire face à une telle variété de problèmes.