lundi 9 novembre 2020

LA OU EST TON TRESOR



 
Par Eric Denimal (Christianisme N° 276/1990)
 
À la sortie d'un culte, une petite fille demande au pasteur: «Qu'est-ce que tu vas faire avec les cinquante centimes que papa a mis à la collecte?» Vous imaginez les couleurs par lesquelles est passé le père! Nous connaissons tous beaucoup d’histoires sur les collectes, les quêtes, les offrandes et c’est d'ailleurs un moment différemment vécu dans les églises. On passe rapidement dans les rangées un panier, ou une «chaussette» au bout d'un long manche, ou encore, plus discret, un tronc est à la sortie. Parfois, le trésorier vous attend juste avant la poignée de main du pasteur, sur le perron du temple... Dieu et Mammon, couple impossible. Mais qui poussera l'hypocrisie jusqu'à dire que l'Église est bien au-dessus de ces détails matériels, elle qui sollicite sans cesse ses membres, perpétuels donateurs?
 Dans certaines communautés, on ne parle jamais d’argent, laissant juste une petite place de quelques minutes par an, lors de l'Assemblée générale, au trésorier qui, pendant douze mois, s'est «dépatouillé» avec des chiffres et des absences de chiffres. «On» lui fait confiance. «On» le remercie bien. Et à l’année prochaine.
Dans d'autres communautés, on en parle si souvent qu'une certaine oppression existe. Les références à l'Ancien Testament et à la pauvre veuve qui donne son nécessaire sont souvent invoquées. Les habitudes sont variables chez les donateurs aussi: ici on ne compte pas, là on calcule. Là on plafonne à 3% pour atteindre ce qui sera défalqué des revenus imposables, ici on va jusqu’à 10% pour répondre aux normes bibliques de la dîme. Là, on associe don à cotisation, ici on fait la différence entre dîme, offrande et sacrifice. Là on donne toujours aux mêmes, ici on s’informe et on diversifie. Là on centralise tout, ici on sème à tous vents... 
Quelle responsabilité et quelle angoisse. C'est parfois dans de telles situations qu'il vaut mieux, non seulement que notre main droite ne sache pas ce que fait la gauche, mais que personne ne sache... Combien vais-je donner à l’Église, c’est-à-dire - tout de même! - à l’œuvre de Dieu? Vais-je me laisser influencer par le récit pathétique d’un missionnaire venant d’ailleurs? Vais-je donner selon la qualité du message du pasteur?... Vais-je me dire que si tout le monde donnait autant que moi...? Le problème reste entier. S'il n'est pas bon que l'Église soit trop riche, il n'est pas bon non plus qu’elle soit trop pauvre. Et cet équilibre se fera lorsque nous aurons répondu à plusieurs questions. Dieu ne nous a-t-il pas tout donné? N’avons-nous pas été rachetés à un grand prix?

Si le salut est gratuit, n'a-t-il rien coûté? Que serait l’Église aujourd'hui si le partage n’avait pas été vécu?

Si je ne suis pas en mesure de donner de mon nécessaire, est-ce que je donne au moins mon superflu?

Est-ce que mon attitude à l’égard de l'argent m’encourage dans la foi et stimule ma dépendance de Dieu?

Au moment de la collecte, où va mon regard? Donner ne doit jamais être autre chose qu’un acte de reconnaissance.