Henri De Worm. (Esprit et vie)
Je me souviens d'avoir rencontré, il y a quelques années, un prédicateur extrêmement triste, jusqu’à en être malade, d’avoir perdu la présence du Saint-Esprit en lui. Il croyait voir son cas dans ce passage de Hébreux 6/4- 6 «Ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part à l’Esprit-Saint, qui ont goûté de la Parole de Dieu et les puissances des siècles à venir, il n’est plus possible, s’ils retombent, de les amener à une nouvelle repentance, puisqu’ils crucifient de nouveau pour leur part le Fils de Dieu et l’exposent à l’ignominie... » Il me semblait que ce frère exagérait énormément son cas et que la cause en était un commencement de neurasthénie(1).
J’eus beau lui expliquer que si vraiment il était abandonné de Dieu, il ne ressentirait plus l’action de l’Esprit en lui qui était évidente par sa souffrance religieuse ; que les reproches qu’il se faisait au sujet de ses manquements multiples étaient précisément la preuve que le Saint-Esprit agissait en lui et qu’il n’en était donc pas abandonné ! Tous mes efforts de persuasion furent vains, rien ne le fit départir de son idée d’être abandonné de l’Esprit. Il répétait sans cesse : « J’ai désobéi trop de fois ! J’ai fait des choses que l’Esprit m’a expressément défendu de faire et j’ai refusé d’accomplir ce que l’Esprit m’a, en maintes circonstances, ordonné de faire. J’ai senti nettement l’Esprit se retirer de moi à mesure que je désobéissais... jusqu’à ce qu’il m’eut complètement abandonné. Et c'est fini, fini, pour toujours, car l’Esprit a usé de trop de patience à mon égard ».
Je sais que jamais personne n'a pu persuader ce pauvre homme du contraire : il a du reste définitivement quitté le ministère.
Pendant longtemps j’ai cru que c’était là un simple cas de neurasthénie très prononcée, mais aujourd’hui, après bien des observations et des expériences spirituelles, j’ai acquis la conviction que le sentiment d’abandon de l’Esprit chez cet homme était parfaitement et tristement exact.
Je cite ce cas pour mettre en garde et stimuler à la vigilance ceux qui ont reçu le précieux don de l’Esprit. En effet, un premier aspect du péché contre le Saint-Esprit: c’est la désobéissance. Bien des gens, hélas ! ne recherchent le don du Saint-Esprit que pour leur satisfaction personnelle, en vue de posséder le maximum de bien spirituel. Cela est assez égoïste, et il est à craindre dans une pareille condition spirituelle, que ces aspirants au Saint- Esprit aient à attendre ce don jusqu’à ce qu’ils auront compris que l’Esprit est donné pour être un témoin capable de servir efficacement le Maître. Cette puissance est donnée aux hommes non pour eux-mêmes, mais pour le service de Dieu (2). Et Dieu qui connaît tous les cœurs, sait à qui Il peut confier ce don précieux. Il en est du don de l’Esprit comme de la parabole des talents. Il est donné à chacun selon ses capacités et, en même temps, pour mettre à l’épreuve, car c’est dans l’épreuve que Dieu aussi connaît réellement la valeur d’un homme. Mais que l’on ait reçu cinq talents ou un seul, il faut être également fidèle.
1
Le syndrome de fatigue chronique
2
Actes 1:8