(Andrew Murray)
C'était
une vingtaine d'années après la première Pentecôte. À son arrivée à Éphèse,
Paul remarque certaines lacunes dans l'expérience ou dans la foi de quelques
disciples. « Avez-vous reçu le Saint-Esprit depuis que vous avez
cru ? » leur demande-t-il d'emblée. Non, ils n'avaient pas même
entendu parler du Saint-Esprit. C'étaient des disciples de Jean-Baptiste qui
les avaient baptisés du baptême de repentance en attendant Celui qui devait
venir ; mais ils ignoraient tout du grand événement de l'effusion du Saint-Esprit,
ou tout au moins de sa signification.
Paul
alors les instruit, leur parle du Sauveur glorifié, et de l'Esprit qu'il a
envoyé de la part du Père et qui est à la disposition de tout croyant. Ils
consentent aussitôt avec joie à être baptisés au nom de ce Sauveur qui baptise
du Saint-Esprit ; et dès que Paul a prié pour eux et leur a imposé les
mains, le Saint-Esprit descend sur eux avec puissance, « Ils parlaient en
langues et prophétisaient ».
Je
voudrais montrer dans ces pages qu'il y a deux manières de comprendre la vie
chrétienne. Tandis que les uns ne connaissent par expérience que peu de chose
de l'action du Saint-Esprit, à peu près ce qu'on en pouvait connaître sous
l'ancienne alliance, les autres le reçoivent comme l'Hôte divin habitant
personnellement dans leur cœur, où il répand une vie puissante, une plénitude
de joie et d'amour. L'Eglise ne retrouvera pas sa puissance primitive
d'expansion tant qu'elle n'aura pas saisi l'importance de cette différence, et
qu'elle n'aura pas compris que chaque croyant doit, - c'est la volonté de Dieu,
- posséder cette vie débordante.
Examinons
maintenant à ce point de vue les leçons qui ressortent de l'incident d'Éphèse.
1. Il
n'y a de vie chrétienne normale que si l'on a pleinement conscience d'avoir
reçu le Saint-Esprit à demeure.
Sinon, à quoi bon la question de Paul ? Ces disciples étaient des
croyants, reconnus comme tels. N'était-ce pas suffisant ? Et ceux qui
avaient joui de l'intimité du Seigneur Jésus pendant sa vie, d'où vient qu'il
leur ordonne de ne rien entreprendre avant d'avoir reçu « la promesse du
Père » ? Paul avait aussi vu le Seigneur dans sa gloire céleste, et
il avait été amené par cette vision à la conversion ; il fallut cependant,
pour compléter l'œuvre spirituelle, qu'Ananias vînt lui imposer les mains, et
qu'il reçût le Saint-Esprit. Alors seulement il put servir de témoin à Christ.
Tous ces
faits montrent bien que le Saint-Esprit agit en nous de deux manières. Dans une
première opération préparatoire, il agit sur nous, pour nous amener à la
conversion, en nous inspirant l'horreur du péché et la foi. Puis vient une
seconde phase : nous le recevons alors comme un don permanent, un Hôte
divin, qui se charge de vivifier l'homme intérieur, créant en nous le vouloir
et le faire. C'est là la vie chrétienne normale dans sa plénitude.