lundi 13 novembre 2023

LA VIE AU DELA DE LA MORT 1/4

 


André BOULAGNON

La méditation qui va suivre n’est pas dogmatique. Elle ne doit pas être utilisée, en tout ou en partie, pour illustrer ou étayer « une doctrine particulière ». Elle n’est qu'un « avis » (2 Corinthiens 8/10), fruit de la réflexion nourrie d'une certaine expérience de la Bible et de la vie, mais aussi de la mort de dizaines d'amis et de parents.

A propos d'un tel sujet on peut être aisément mais humblement d'un « autre avis » (Philippiens 3/15), car il est bien clair qu'en cela tout spécialement « nous ne connaissons qu'en partie » (1 Corinthiens 13/9). Toutefois, il est plus certain encore qu'un jour « nous connaîtrons pleinement », puisqu'il est réservé à chacun de dépasser le seuil de la vie...

Nous tenons également à souligner d'emblée que « la félicité existentielle au travers et au -delà de la mort », celle que nous tenterons de faire connaître, même faiblement, cette félicité concerne ceux qui sont, dès cette vie, « en Jésus-Christ ». Pour ceux-là, en vérité, « la mort n'a plus d'effroi », car elle « est précieuse aux yeux de l'Eternel la mort de ses bien-aimés » (Psaume 116/15).

Plaise à Dieu qu'après avoir lu cette méditation, nous puissions redire avec l'apôtre Paul, peut-être avec davantage de certitude qu'aujourd'hui : « Pour moi vivre c'est Christ, et la mort m'est un gain » (Philippiens 1/21).

L'EXPERIENCE DE JESUS.

Jésus, « le Fils de l'homme », est vraiment mort. Après d'atroces souffrances, son agonie se termine... Il expire ! La Bible dit : « il rendit l'esprit » (Matthieu 27/50). Vers le soir, Joseph d'Arimathée obtient de Pilate que le corps exsangue de Jésus soit couché dans un caveau neuf, taillé dans le roc, en un jardin, tout près de Golgotha.

Son corps est là : sur le dos, recouvert d’un drap, on dirait qu’il dort… C’est du reste pour cela que, pudiquement, on désignait les morts allongés dans leur linceul, les mains au repos, les yeux clos, comme étant « ceux qui dorment ». La Bible reprend du reste cette douce expression sans qu’elle veuille enseigner le moins du monde que les âmes sommeillent, bien au contraire !

Le troisième jour après sa mort, comme il l’avait prophétisé si clairement, Jésus devait ressusciter (Matthieu 16/21). Ainsi, aussi vrai qu’il est bien mort pour expier nos péchés, il va se relever pour justifier entièrement devant Dieu ceux qui se confient en sa grâce (Romains 4/25). Mais entre sa mort et sa résurrection, que s’est-il passé ? Jésus a-t-il dormi ? Était-il inconscient ? Ah ! Certes pas !

Que s’est-il donc produit dans l’expérience « post-mortem » de celui qui est « l’avant-coureur » de notre plein salut, aujourd’hui on dirait « l’ouvreur » de notre salut dans la vie chrétienne et au-delà de la mort physique ? Peut-on le savoir ?

Oui on le peut, à la fois par déduction et par révélation biblique. C’est cela que nous allons tenter de montrer.

Il est 15heures, le quatorzième jour du mois de Nisan (mars-avril). A la fin de l’agonie physique de Jésus, son corps spirituel se dégage lentement de son enveloppe inerte, toujours clouée sur la croix…

Sur ce « mont chauve », sur ce « lieu du crâne », les ténèbres sont descendues. Au travers de cette troublante obscurité, on entend les cris des deux autres crucifiés qui, eux, ne sont pas encore morts. Il y a comme une chape démoniaque, une chape d’angoisse sur la colline des horreurs…

Mais le « corps spirituel » du « Fils de l’homme » n’est pas emprisonné par ces ténèbres. Dans la « dimension différente », celle de l’invisible, il est accueilli en pleine et douce lumière par les accents de joie émerveillée des êtres angéliques. Certainement des anges l’accueillent, car ils n’ont vraisemblablement jamais quitté Jésus. Déjà au désert et dans le jardin du pressoir (Gethsémané), ils étaient présents afin de le réconforter (Matthieu 4/11 ; Luc 22/43). Mais, sans doute, d’autres hôtes de l’invisible glorieux se portent-ils à sa rencontre, tels MOÏSE et ELIE, par exemple qui, signale l’évangile, avaient conversé avec lui « parlant de son départ », alors que Jésus, déjà comme au ciel, se trouvait un jour sur le mont de la Transfiguration (Luc 9/31).

Dans cette enclave de lumière spirituelle et dans cette paix partagée, Jésus a vu, plus bas, son corps pendu au bois… Il a vu ceux qui regardaient en pleurant ou en ricanant.

Ici, dans ce monde séparé, caché aux yeux des humains et cependant tout proche, au pied de cette voie de lumière ascendante, chose étonnante, Jésus a attendu… N’a-t-il donc pas hâte de monter dans la gloire d’en haut ? Qu’attend-il ? Il attend quelqu’un. Quelqu’un qui, au terme de sa vie, s’est confié en lui et auquel Jésus a fait une promesse… Mais qui donc me direz-vous ? Jésus attend « le brigand » repentant qu’on avait crucifié en même temps que lui. Cet inconnu sera le premier d’une multitude à expérimenter, déjà dans l’agonie, « le grand calme » dont les témoins de sa mort horrible ne peuvent se douter. Certes, son corps apparaît bien comme un ver s’agitant, cloué à l’hameçon. Mais l’âme de ce supplicié est paisible. Déjà, malgré les apparences et comme pour les mourants fidèles, son esprit est davantage conscient d’une « présence spirituelle » que des souffrances physiques. Du reste, en dépit des soubresauts de son corps, ses souffrances physiques s’estompent, de plus en plus…