André BOULAGNON
En réalité, le brigand repenti et gracié par Jésus est également le premier d’une nouvelle multitude, dont nous devons être, à expérimenter l’ineffable grâce pressentie et annoncée par David. En vérité, immédiatement après son « passage », il aurait pu dire à Jésus : « O mon Roi-Sauveur, après t’avoir invoqué sur la croix, quand déjà je traversais la vallée de l’ombre de la mort, je ne connus aucune crainte, car ta présence m’a rassuré » (Psaume 23).
Oui, Jésus attend ce crucifié agonisant dont on hâta la délivrance en lui rompant les jambes (Jean 19/31). Alors, au moment où l’être spirituel de cet homme se détache de son corps disloqué, Jésus l’accueille, comme il nous accueillera lui, ou quelqu’un de ses envoyés, si nous nous sommes repentis de nos péchés après avoir accepté Jésus-Christ comme notre Sauveur et notre Seigneur. Et ils s’élevèrent bien au-dessus des ténèbres du mont terrible… Arrivés auprès de la Jérusalem céleste, au séjour des bienheureux, il y eut une séparation momentanée. Jésus s’arrêta, introduisit son compagnon et … s’en retourna. Le brigand aurait pu lui poser une question : « mais Seigneur, pourquoi ne viens-tu pas ? » Et Jésus aurait pu répondre : « Entre mon ami, je reviendrai dans 40 jours terrestres. Mais auparavant, j’ai encore une mission à accomplir... »
Cela explique pourquoi Jésus confiera à Marie de Magdala qui le surlendemain le verra dans le jardin : « Je ne suis pas encore allé auprès de mon Père et de votre Père… »
Et maintenant, je vous entends ! Vous dites : « Mais quelle mission Jésus a-t-il encore à remplir avant de retourner dans la gloire de son Père ? Essentiellement, il en a deux dont voici la première. Son corps reposant toujours dans le caveau, il va se rendre bien ailleurs, dans la grisaille d’un autre séjour des morts. Ces morts sont ceux qui n’ont pas accepté le message de la repentance dont NOE fut le premier prédicateur durant le temps de la longue patience de Dieu. C’est vers ces « esprits en prison » dit la Bible (1 Pierre 3/19), vers ces êtres captifs entravés par les trop lourds souvenirs de leurs péchés, c’est vers ces morts bien existants, vers ces âmes désincarnées que Jésus veut se rendre ! Quelle étonnante mission ! Et quel merveilleux missionnaire !
N’y aurait-il pas là comme une indication que les ministères fidèles ne s’interrompent pas, même après la mort ? Car à ceux qui ont été fidèles dans les petites choses, dit Jésus, il leur en sera confié de plus grandes ! Et cela, bien heureusement, ne s’adresse pas particulièrement aux prédicateurs, mais à tous ceux qui accomplissent fidèlement les plus humbles services pour Dieu et pour les autres ; tâches qui leur paraissent souvent insignifiantes. Mais rien n’est insignifiant quand on le fait au nom du Seigneur, par amour pour lui et pour autrui (Matthieu 10/42).
Voici donc ce même Jésus qui, dans son corps, « allait de lieu en lieu, faisant du bien et appelant à lui les fatigués et les chargés » (Matthieu 11/28). Le voici hors de son corps qui « dort » dans le tombeau, le voici dans son corps spirituel pour y accomplir une mission. Peut-on savoir vraiment quelle est cette mission auprès de ces âmes toujours dans les ténèbres de leur état ?
Oui, car la Parole de Dieu nous renseigne à ce sujet. Jésus, en son corps spirituel, est allé prêcher, précise la Bible. Il est allé annoncer quelque chose à ces âmes lourdes de leurs fautes et de leurs remords.
Remarquons ici que ces morts existent. Et ils sont conscients. On ne prêche pas à des momies ni, d’habitude, à des gens qui dorment… Oui, il y a une vie au-delà de la mort. Elle est soit libérée par la grâce reçue soit entravée, alourdie par les péchés sans rémission, c’est-à-dire sans pardon demandé et obtenu par la foi (Ephésiens 2/8). Et maintenant, direz-vous, qu’est-ce donc que Jésus est allé prêcher à ces âmes en peine ? Personne ne le sait ! Mais qui oserait affirmer que son message ne fut pas « une bonne nouvelle », une proclamation en harmonie avec la prédication qu’il avait fait entendre sur la terre ? Car Jésus, le Verbe, la Parole vivante est bien le même hier, aujourd’hui et pour toujours. Et il est partout le même.