Et le temps, cette trame ténue dont la vie est faite...
Quelle partie de notre temps
appartient au Seigneur ? Non
seulement, la partie au sens des heures, mais encore la part dans le choix des
heures de la journée.
Si, d'une part, l'Ecclésiaste a
répété maintes et maintes fois « Qu'il y a un temps pour tout » Ecc.
3:1-8, il n'a pas omis de conclure au (v.17) par ces paroles : «
Dieu jugera le juste et le
Autrefois nous étions (hélas !)
«… sans espérance et sans Dieu dans le monde » (Eph 11:12). Nous
étions de ceux qui, écrasés (moralement parlant) par la matière, c'est-à-dire
la chair; accablés par l'insipidité du temps et effrayés par l'infini
vertigineux de l'espace qui ne cesse de parler à l'âme de sa propre
immortalité, nous réalisions hélas ! les vers du poète :
« ...Et de son vague ennui le
néant les enivre !
Car, le plus lourd fardeau,
c'est d'exister sans vivre ! »
Mais maintenant que nous sommes
devenus de nouvelles créatures grâce au grand salut que le Seigneur nous a
acquis sur la croix, il convient de nous appliquer à faire le maximum de
bien dans le minimum de temps, selon le conseil de l'apôtre : «
Conduisez-vous avec circonspection, non comme des insensés, mais comme des
sages, rachetez le temps car les jours sont mauvais » Eph 5:16. 6
Consacrons nos temps et nos moments au Seigneur. Apprenons à mettre tout le prix
nécessaire pour nous soustraire et nous dérober aux obligations secondaires qui
absorbent notre temps, nous souvenant qu'il appartient à Dieu et que nous
devons le lui consacrer. Il y a, cependant, bien des choses légitimes qui
nous sollicitent et qu'on ne peut moralement négliger, mais il y a, aussi,
des... frivolités innocentes, voleuses de temps, de ce temps précieux
qui passe et ne reviendra plus... Evitons-les car elles nous mettent en oubli l'esprit
de consécration chrétienne que nous ne devons jamais perdre de vue. Il y
aurait beaucoup à dire sur l'esprit de consécration, le meilleur
conseiller, en la circonstance comme en toute autre, d'ailleurs, est sans
contredit le Saint-Esprit. Livrons-nous à Lui sans réserve et IL nous conduira
en toute sûreté sur le chemin d'une joyeuse consécration au Seigneur.
***
Si notre
personne est réellement consacrée au Seigneur, il va de soi que :
Tout ce
qui nous appartient lui
est, normalement, consacré.
Comme tant
d'autres expressions religieuses, le mot consécration a perdu, dans bien des
milieux, sa réelle signification. En août 1932, un brave pasteur anglais
consentit à nous prêter l'Eglise Anglicane de Rouen en attendant que nous ayons
découvert un local qui convint à l'importance de notre Assemblée alors de 300
auditeurs réguliers. Dès le retour de vacances des Membres de sa Congrégation,
ces derniers l'accablèrent de violents reproches : « M. Nicolle n'a pas été consacré
dans l'Eglise Anglicane, la chaire est consacrée, le lutrin est consacré,
les fonts baptismaux qui ont été consacrés ont été profanés ayant
servi de troncs à offrandes etc. » — « Oui, leur répondit le vieux pasteur,
dans votre Eglise (votre Temple) tout est consacré, mais vous, vous
n'êtes pas consacrés ! » Nous avons là deux des interprétations du mot «
consacré ». Nos biens matériels lui sont-ils consacrés ? Si
par exemple la dixième partie de nos revenus peut nous suffire comme moyens
d'existence, pouvons-nous consacrer au Seigneur, d'une façon quelconque,
le reste qui peut être considéré comme du « superflu » ?
***
Nous nous
sommes entretenus de la consécration de nos dons naturels, de notre temps et de
nos biens matériels ; résumons nos pensées à cet égard en considérant la puissance
de travail et l'énergie que nous réservons au Seigneur.
Tout ce que
nous sommes et tout ce que nous faisons doit être normalement consacré au
service de Dieu par un moyen quelconque. Puissions-nous être en état de dire comme Paul : «
Je ne fais, pour moi-même, aucun cas de ma vie, comme si elle m'était
précieuse, pourvu que j'accomplisse ma course avec joie » Actes 20:24. Et
finalement :
« Que tout
votre être, l'esprit, l'âme et le corps, soit conservé irrépréhensible
lors de l'avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ ! » 1Thes. 5:23
P. Nicolle
(septembre 1956)