lundi 21 juillet 2014

Le PARLER en LANGUES (par Donald Gee)

Le PARLER en LANGUES
(par Donald Gee)
L’Age dans lequel nous nous trouvons a commencé au Jour de la Pentecôte ; il peut être appelé l’Age du Saint-Esprit. Comme, au début de cette Dispensation, Dieu accorda des Dons Surnaturels aux premiers chrétiens, aujourd'hui que nous approchons de la fin, Dieu rend ces mêmes Dons à Son Eglise. A la Pentecôte, les cent-vingt disciples, après dix jours d'attente, reçurent ce que le Père avait promis : « ils furent tous remplis du Saint-Esprit et se mirent à parler en d'autres langues selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. » S'il nous était possible de connaître les expériences des chrétiens aux différentes époques de l'histoire de l'Eglise, il serait facile de constater que ce genre de manifestations n’a jamais entièrement cessé.
Saint Augustin en fait mention au IVe siècle et Chrysostome y fait allusion. On retrouve « le Parler en Langues » à toutes les époques du Réveil chez les Huguenots, les premiers Quakers, aux débuts du Méthodisme et dans les Réveils qui marquèrent la fin du XlXe siècle. Dès longtemps on a eu connaissance de cas isolés de chrétiens dont la foi, triomphant de l’atmosphère de doute et de froideur spirituelle qui les entourait, s'empara des Promesses du Maître concernant « les signes qui accompagneront ceux qui auront cru. » (Marc XVI-17). Nous avons sous les yeux le témoignage de l'un d’entre eux qui reçut le Baptême du Saint-Esprit accompagné du « Parler en Langues » il y a une quarantaine d'années; mais son église ainsi que ses voisins, quoique le considérant comme un « saint homme », le traitaient comme un bon vieillard quelque peu déséquilibre.
C'est, spécialement, de nos jours que la prophétie s'accomplit « Dieu répand Son Esprit -sur toute chair ! » (Joël ll-28). Il y a vingt ans (écrit en l932), on ne comptait que bien peu de chrétiens véritablement entrés en pleine possession de leur héritage dans ce domaine. Mais, de nos jours, il y en a des multitudes sur la terre entière. Malgré l’incroyable opposition et les préjugés qu'ils rencontrent dans les églises, leur nombre s’accroît sans cesse avec une extraordinaire rapidité.
C’est pourquoi il est utile de revenir aux indications de la Parole de Dieu au sujet du Parler en Langues.

LES LANGUES SONT UN SIGNE.
Elles appartiennent, en effet à la liste des « signes » qui accompagneront ceux qui auront cru (Marc XVI-17). Les Actes, d’autre part, nous confirment qu'il en fut ainsi dans l’Eglise Primitive. C'est un « signe » qui se manifeste à travers les croyants et qui est destiné aux inconvertis. (1 Corinthiens XIV-22). Il est une démonstration surnaturelle de la Présence et de la Puissance de Dieu. Le but de ce Don n'est pas la Prédication de l'Evangile, comme on le suggère souvent car on ne trouve nulle part dans la Bible la moindre indication prouvant que le Saint-Esprit l'ait jamais employé ainsi. Il peut se présenter des cas dans certaines circonstances, comme au Jour de la Pentecôte, où les « langues » ont été comprises par des auditeurs présents. Mais il suffit de rappeler, pour démontrer, qu’il ne s'agit pas d'une règle générale, que dans l'église on avait besoin d'un autre Don surnaturel pour compléter le premier : le Don d'Interprétation des Langues (1 Corinthiens Xll-10).
Les « langues » sont un « signe » de cette plénitude de l'Esprit, de ce glorieux état de surabondance spirituelle où le croyant éprouve en son âme un tel sentiment de la Présence de Dieu que le langage naturel devient impuissant à exprimer la gloire et l'adoration dont il est rempli. C’est pourquoi le Parler en Langues constitue une preuve par excellence du Baptême du Saint-Esprit. L'Enfant de Dieu peut avoir connu plusieurs onctions de l'Esprit, mais les « Langues » marquent toujours un nouveau degré d'expérience spirituelle.

LA SANCTIFICATION ET LE. BAPTEME DU SAINT-ESPRIT
Le fait que Dieu accorde de nouveau à ses enfants le Baptême du Saint-Esprit sous la même forme en laquelle l'Eglise Primitive le reçut il y a vingt siècles, nous oblige à mettre au point notre terminologie religieuse et nos systèmes théologiques  Cela est vrai surtout de ceux qui avaient fait des expériences profondes de la grâce de Dieu. Certes il ne saurait être question de diminuer la valeur de ces expériences, mais elles ont été souvent faussement  « étiquetées ». Plusieurs ont grand peine à l’admettre et demeurent ainsi à l'écart des bénédictions nouvelles.
Souvent, par exemple, on a intitulé « Baptême du Saint-Esprit » l’expérience qui n’était autre que la « sanctification ». Cependant l'étude de la Parole de Dieu montre clairement que la « Sanctification » est une expérience négative : une séparation d’avec le péché, une purification, un dépouillement. Tandis que le « Baptême du Saint-Esprit » est, au contraire, une expérience positive ; c'est une plénitude, un revêtement. Le chrétien ne reçoit pas le « Baptême du Saint-Esprit » pour être purifié, mais bien parce qu’il est purifié par la repentance et il a foi au précieux Sang de Christ (Actes ll-38). Ceux qui sont déjà sanctifiés ont encore besoin de la Puissance que donne le « Baptême du Saint-Esprit » et ceux qui l’ont reçu ont plus que jamais besoin de croître dans la sanctification.
«  Les Langues », il est bon d'insister sur ce point, ne sont pas une preuve de sanctification, mais l'indice de la présence de Celui qui sanctifie.

LE DON DES LANGUESCOMME PREUVE DU BAPTEMEDU SAINT-ESPRIT
Le Livre des Actes montre que le « Parler en, Langues » est le Signe choisi par Dieu, c'est-à-dire la preuve décisive de la réception de la plénitude du Saint-Esprit par le croyant. Il était considéré comme tel dans l'Eglise Primitive et devrait l'être également de nos jours. En effet, quand on a reconnu que cette manifestation de l'Esprit marque l'effet où la surabondance de la grâce divine déborde les moyens ordinaires d'expansion de l'âme humaine, on ne peut contester que les « Langues » constituent un signe tout indiqué du « Baptême du Saint-Esprit ». D'ailleurs, il est normal que ce « Baptême » soit marqué par quelqu'indice extérieur, puisque c’est une expérience précise faite en un lieu et un temps déterminés, qui paraît être aussi évidente pour les assistants que pour celui qui en est l'objet (Actes ll-4;VIII-17; X-44; XIX-6).

LA RECHERCHE DU PARLEREN LANGUESEST-ELLE UNE ERREUR ?
Plusieurs ayant reconnu le bien-fondé de tout ce que nous venons d'exposer se sont mis avec ardeur à la recherche de ce « Don », désirant recevoir cette manifestation et ont même lutté, jusqu'à l'agonie pourrait-on dire, dans leurs prières pour l'obtenir. C’est là une profonde erreur. Ce que nous devons rechercher et demander c'est le Saint-Esprit, c’est Lui qui donne la possibilité de « parler en langues ». Rechercher les « langues » pour elles-mêmes est absurde et vain, et peut entraîner à toutes sortes d'abus et d'excentricités regrettables. Il ne faut pas se lasser de répéter que les « langues » sont l'indice d'une plénitude de l'Esprit dans le cœur du croyant. Même lorsqu'il s’agit du « Don des Langues », ce « Don » est encore destiné à servir de signe (1 Corinthiens XIV-2l/22). Sans la pression intérieure d'une plénitude spirituelle le« Parler en Langues » est un non-sens. Car, lors même qu'un croyant aura authentiquement reçu le « Don des Langues », il peut arriver qu'il en fasse un usage peu sage et peu judicieux sous la simple impulsion de sa propre volonté ce qui risque d'engendrer des désordres (1 Corinthiens XIV-23). Au moins, il n’y aura aucune bénédiction. C’est ce qu'implique tout l'enseignement de Paul dans 1 Corinthiens XIV. Lorsqu'il est besoin dans l'église, non d'un signe ou d’une manifestation surnaturelle, mais d’exhortation et d'édification ou d'encouragement inspirés(verset 3), le Don de Prophétie est préférable à celui des Langues (verset 5) et c’est lui qui, normalement transmet les messages inspirés. Mais il est des cas où le Seigneur désire manifester d'une façon plus nettement surnaturelle sa Présence et sa Puissance dans l’Assemblée. Nous croyons que ces cas deviennent de plus en plus fréquents de nos jours.  Alors, Il fera appel pour manifester la Présence de l'Esprit à un fidèle possédant le « Don «des Langues ». Et comme l’édification de l'église ne doit jamais être perdue de vue, ces messages en langues recevront une interprétation pour que chacun puisse les comprendre et en profiter.
De telles paroles « en langues » constituent alors un véritable message adressé à l'Assemblée et sont l’équivalent d'une prophétie. La seule différence est que leur caractère, plus évidemment surnaturel, sert de signe pour les incroyants qui se trouvent dans l'Assemblée (verset 22). Il est bon de noter cependant, que d’ordinaire c’est grâce au ministère d'autres « Dons » au caractère moins surnaturel apparemment, que la conviction de péché est produite dans le cœur des auditeurs (verset 24).

LE SAINT-ESPRITET LA MAITRISE DE SOI-MEME
D'après les enseignements «de la 1er Epître au Corinthiens, l'exercice des « Dons Spirituels » doit être accompagné d'une grande maîtrise de soi (XIV-27 et 32). Certains chrétiens y voient une contradiction ou, au moins, une Difficulté. Ils supposent que, dans toute inspiration de l'Esprit, Dieu impose en quelque sorte la manifestation de Sa Puissance au croyant qui n’en est plus que l'instrument plus ou moins passif. La vérité est, bien plutôt, qu'il s'agit d'une collaboration consciente et libre entre le Saint-Esprit et le croyant. Paul exprime cela fort bien lorsqu'il dit :» C'est à quoi je travaille, en combattant avec sa force, qui agit puissamment en moi « (Colossiens 1-29).
 Lors du « Baptême du Saint-Esprit »le croyant est tellement submergé par la Puissance de Dieu que ses paroles peuvent paraître momentanément sans lien avec son intelligence. C’est ce qui se produisit, par exemple, au jour de la Pentecôte. D'ailleurs, si le « Parler en Langues » n'était pas une manifestation de ce genre, on ne comprendrait plus comment il pourrait être un signe démontrant que le Saint-Esprit anime le croyant. Or, il faut souligner ici qu'il ne s’agit pas d'une passivité allant jusqu'à l'inconscience. Lorsque les premiers chrétiens parlaient « selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer » (Actes II-4); leur intelligence pouvait demeurer « stérile » pour quelques moments (1Corinthiens XIV-14), mais leur esprit n’en était que plus libre et jouissait en pleine conscience de cette exceptionnelle communion avec Dieu, tandis que leur volonté obéissait, le sachant et le voulant, à l’impulsion de l`Esprit. Paul ne fixe aucune règle pour de semblables occasions; lorsque le Seigneur baptise du Saint-Esprit, une multitude peut parler à la fois « en langues ». (Actes ll-4; X-44/46). L'interprétation n'a rien à faire en de tels cas puisqu’il s’agit uniquement d'adoration et de louanges.
 Mais ce sont là des cas spéciaux et nous pouvons avoir confiance que le Seigneur n'agira ainsi que lorsqu'Il le jugera convenable et n'exposera pas Son œuvre à des reproches mérités. Ceux qui recherchent le « Baptême d'En-Haut » feront bien, cependant, de choisir les conditions extérieures, de telle sorte que le Seigneur puisse agir sur eux avec une entière liberté et qu'ils n’aient pas à se contraindre eux-mêmes à une réserve indispensable en d’autres circonstances.
Quant 'au « Parler en Langues » dans l'Assemblée, il arrive que les jeunes chrétiens désirent ardemment retrouver la merveilleuse expérience faite lors de la réception du « Baptême du Saint-Esprit » et il en résulte, parfois, un certain désordre. Sentant la Présence et la Puissance de Dieu dans une Réunion, ils ont l'impression que Dieu désire se manifester par leur moyen et commencent à «  parler en langues ». Mais, peut-être n’était-ce pas du tout l’intention de Dieu à leur égard !... Il faut étudier 1 Cor. XIV.

QUAND FAUT-IL PARLER EN LANGUES ?
Il faut beaucoup de prière et vivre dans une étroite communion avec Dieu pour savoir réellement quand Il désire se servir de nous pour la manifestation d’un « Don Spirituel »  La première condition, cela va sans dire, c'est d’avoir conscience d’une puissante action de l'Esprit de Dieu en soi. Pour le reste, le croyant sincère et rempli du Saint-Esprit apprendra à discerner les occasions favorables ou non ; une occasion favorable est en somme, la plus sûre indication de la volonté de Dieu.
Le grand principe est « que tout se fasse pour l'édification » (verset 26).Un « parler en langues « prolongé, sans interprétation ne saurait, de toute évidence, être en édification à personne. Dès lors, il est condamné, quel que précieux soit-il pour celui qui parle, car il prendrait trop de place et empêcherait l'exercice d’autres formes du ministère de la Parole. Et si le croyant a le sentiment que l'Esprit continue à agir sur lui, rien ne l'empêche de « parler en langues à lui-même et à Dieu » c'est-à-dire, sans bruit (versets 27/28). Ainsi il continuera à maintenir la puissance divine dans la Réunion sans causer ni trouble ni désordre. Peut-être le Seigneur a-t-il l'intention dans ce cas, d’amener ce croyant à exercer le « Don de Prophétie » (versets 1 et 39).
 Lorsqu'il sent l'action de l'Esprit sur lui, le croyant, ayant toujours en vue l'édification des frères, cherchera intelligemment à se rendre compte de ce que Dieu désire à ce moment-là; il pourra, sans doute « parler en langues», (en vue d'une interprétation); mais Dieu désirerait peut-être autre chose ( ?).
 En terminant, insistons encore sur ce point : « le Parler en Langues » ne saurait être efficace et béni (qu'il s'agisse du signe initial ou du Don) qu'à la condition fondamentale d’être provoqué au moment même par un nouvel afflux de la plénitude de l'Esprit ? Sans cela les plus belles « langues » ne sont que l'airain qui résonne; mais, avec cela, elles sont le signe incontestable que l'Esprit de Dieu agit encore dans l'Eglise avec la même puissance qu'au Jour de la Pentecôte.

(« Viens et Vois », juillet 1932)