(Extrait
du livre « notes explicatives et pratiques de Matthieu » de Albert Barnes)
« Le
royaume des deux est proche. » Les expressions, royaume des cieux, royaume
de Christ, et royaume de Dieu, se rencontrent souvent dans la Bible. Elles
désignent toutes la même chose. L’attente d’un tel royaume est empruntée
à l’Ancien Testament, et surtout dans Daniel, (7/43, 44.) Les prophètes avaient
annoncé à David roi un successeur. (1 Rois 2/4; 8/25; Jérémie 33/47.) Les Juifs
attendaient un grand libérateur de leur nation.
Ils
supposaient qu’à L'apparition du Messie, tous les morts ressusciteraient; que
le jugement aurait lieu; que les ennemis des Juifs seraient détruits,
et qu’eux-mêmes deviendraient une nation grande et honorée.
Les paroles
qui leur servaient à décrire; cet événement furent conservées par notre Sauveur
et ses apôtres, qui cependant essayèrent, de bonne heure, de redresser les
notions qu’ils avaient à cet égard. Tel était sans doute le dessein de
Jean en prêchant la repentance. Au lieu de les entrainer à des exercices
militaires, à la formation d’une armée, ce qui eût répondu à leur attente, il
les appela à un changement de vie ; à la repentance, ce qui s’harmonisait bien
mieux avec l’approche d’un royaume de sainteté.
On a donné aux
expressions : royaume de Dieu, et
royaume des cieux, une multitude de sens. Les uns pensent qu’elles désignent
l’état de choses dans les cieux; d’autres, le règne personnel de Christ
sur terre; d’autres, l’Église ou le règne de Christ dans le cœur de son
peuple. Il ne peut y avoir de doute qu’elles ont rapport à notre avenir
dans les cieux. Mais l’Église de Dieu est un état préparatoire à celui de
l’autre vie, un état dans lequel Christ règne et gouverne ; il n’y a pas
de doute que ces expressions se rapportent quelquefois à l’Église sur la
terre. Elles désignent donc l’état de choses, que le Messie devait faire
naître ; son règne spirituel, commencé dans l’Église ici-bas, et
complété là-haut.
La phrase
serait mieux traduite, « le règne de Dieu s’approche. » On ne peut pas dire
qu’un royaume approche, mais bien qu’un règne est proche. Dans ce sens,
cela signifierait que l’époque à laquelle le Christ régnerait où établirait son
royaume sur la terre, sous l’économie chrétienne, allait commencer. La
phrase ne doit donc pas s’appliquer à telle ou telle période de ce règne,
mais comprendre toute sa domination dans l’Église, sur la terre et dans les
cieux.
Dans ce
passage, cette expression signifie clairement que la venue du Messie était
proche, ou que l’époque du règne de Dieu, que les Juifs attendaient, allait
arriver.
Le mot ciel ou cieux, dans le texte, signifie
quelquefois l’endroit appelé de ce nom, et s’emploie au figuré, pour désigner
l’Être suprême qui y habite, comme dans Daniel 4/26, « Les cieux dominent. » (Voy. aussi Marc 11/30; Luc 15/18.)
Comme ce royaume était un royaume de sainteté, il était convenable que le
peuple s’y préparât en abandonnant ses péchés et en prenant toutes les
dispositions qu’exigeait son royaume.