Louis Dalliere.
(Esprit et Vie, septembre 1933, 17, p. 103-104.)
4. — Y a-t- il une « expérience » de sanctification ?
La sanctification n’est pas
une expérience, mais une marche (Gal. 5/16), un progrès (I Thess. 4/1), une réalité permanente
(Jean 15/1-8). Elle fait partie du salut
qui nous délivre de jour en jour (Rom 5/10). Elle commence à la nouvelle
naissance et pénètre toute la vie. Toutefois, il y a des croyants qui ont pour
ainsi dire une nouvelle naissance très imparfaite. Ils ne saisissent pas d’un
seul coup toute la grâce de la Croix. Souvent on ignore le principe de la
sanctification. (Soulignez ignorez-vous, ne savez-vous pas, dans Rom. 6/7). Le croyant peut avoir pris Jésus pour
Sauveur des péchés passés, mais non comme Seigneur de sa vie nouvelle. Il
vit alors la vie misérable de Rom. 7/14-24. Il est comme les Israélites dans le
désert, qui ont quitté l’Egypte (le péché), mais qui ne sont pas encore en
Palestine (la vie nouvelle). Voyez p. ex. Exode 16/3, Nombres 21/5. Si l’on
reste longtemps dans cette vie chrétienne médiocre, alors la découverte de
l’enseignement de la sainteté est vraiment une expérience nouvelle. Mais, au
fond, cette découverte, constitue alors la vraie nouvelle naissance, la
nouvelle naissance vraiment normale. Certes, nous ferons jusqu’à la fin de
nouvelles découvertes sur les résistances de notre vieil homme, sur la malice
de notre cœur naturel. Nous aurons à mettre sur l’autel des choses que nous
n’avons pas sanctifiées au début. Toutefois,
notre piété ne doit pas consister à faire, d’année en année, de nouvelles «
expériences », des re-consécrations qui ne seraient jamais satisfaisantes. Donnons-nous une fois pour toutes et
complètement au Seigneur Jésus :
a) Renonçons sincèrement à tout péché connu, et, à
l’avance, à tout péché que la lumière de Dieu révélera en nous ;
b) Acceptons notre vie avec ses souffrances et à l’avance,
tout ce que Dieu permettra pour nous ;
c) Soyons résolus à obéir à Dieu, à aller où il voudra, à
faire ce qu’il ordonnera sans lui opposer, à l’avance aucune condition.
Ceci fait une fois pour toutes, nous aurons à le pratiquer
dans une lutte vigilante chaque jour. La sanctification sera alors, non une
série « d’expériences » sans lien les unes avec les autres, mais une marche,
où Jésus nous conduira par un sûr chemin (Matth. 16/24).
5. — La part de l’homme dans la sanctification.
a) LA FOI. — La foi qui sanctifie est la foi en Jésus,
mort et ressuscité pour nous. La mort et la vie de Jésus se communiquent à
nous par la foi (Rom. 6-7/1-13). Par la foi en Jésus, notre vieil homme meurt :
c’est une grâce qui nous est donnée. Si nous sommes en Jésus, la
tentation n’a plus de prise sur nous. (Soulignez en Jésus, en Lui,
etc., dans Ephés. 1-2, spécialement Ephés. 2/10). Notre part est donc avant tout de demeurer en Jésus (Jean 15), de connaître Jésus d’une connaissance
spirituelle grandissante (Philip. 3/7/11), de regarder à Jésus (Hébr. 12/1-3).
La mort à nous-mêmes (Coloss. 3/) ne consiste pas en préceptes que nous nous
imposerions (Coloss. 2/20-23), mais en une communion de foi avec Jésus, par le
moyen de laquelle sa mort agit en nous pour nous détacher de tout ce qui est
mal. La sanctification progresse donc
dans la mesure où le fidèle approfondit sa foi en Jésus par un usage
intelligent des moyens de grâce (la prière, la lecture de la Bible. la
fréquentation des frères en la foi et des réunions, la Sainte-Cène).
b) L’OBEISSANCE. — Gardant par une foi vivante nos regards
fixés sur Jésus, nous devons le suivre (Matth. 16-24), obéir à la conduite de
sa grâce (Rom. 6/14).
La vie sainte ne peut donc pas être expliquée dans une Loi
quelconque. La sainteté consiste, sous
l’action de la grâce de Jésus, à aimer Dieu du fond de notre être, et à aimer
notre prochain pour Dieu (Matth. 22/37-40). C’est un but de vie tout
nouveau que le monde ne connaît pas. Celui que Dieu sanctifie ne fait rien de
mal. Toutefois il ne peut s’attendre à être approuvé par le monde, parce que
ses motifs d’agir sont inconnus du monde (Matth. 5/11-16, Luc 6/26, Jean
15/18-25, 17/13-19, I Cor. 10/31, II Timothée 3/12). L’obéissance à la grâce de
Jésus nous portera surtout à prier et à aimer davantage. Ainsi
nous inventerons sans cesse de nouvelles choses bonnes à accomplir, ou plutôt
Jésus nous les indiquera. Ainsi nous dépasserons infiniment l’observance sèche
et froide de la loi, faite du dehors et par devoir. C’est du fond du cœur que
nous servirons Dieu, comme des pécheurs pardonnés, sanctifiés par grâce. Nous
connaîtrons une vie abondante (Jean 10/10) que les efforts humains les plus
grands ne peuvent réaliser en dehors de la conversion à Jésus.