« A.
Vinet. »
La conscience, qui devrait parler en tout temps avec la même force,
parle moins haut et moins distinctement dans le temps de prospérité et de paix
où les châtiments de Dieu ne nous parlent pas de sa justice et ne nous
rappellent pas ses immuables droits.
La conscience est paresseuse ; elle s'endort aisément, elle s'éveille
avec peine ; il ne faut pas moins, pour la tirer de son sommeil, que le bruit
des fortes et grosses eaux de la colère divine.
Parce que la sentence contre les mauvaises œuvres ne s'exécute pas
incontinent, parce que quelquefois même elle tarde longtemps, le cœur de
l'homme se remplit à la fois et de l'envie et du courage de mal faire. Il
cherche, pour s'autoriser et se fonder dans le mal, beaucoup de discours, et il
les trouve ; ·et tant que sa vie est heureuse, ces discours et ces
raisonnements lui paraissent admirables et sans réplique. ·
Mais les discours du malheur ont bien une autre force, et réfutent vigoureusement les sophismes du péché.