lundi 18 octobre 2021

LA LOI ROYALE

 


(Pensées journalières 7/01/1861)

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même. (Matthieu 22/37, 39.)

S'il est un trait qui élève la morale de l'Evangile fort au-dessus de toutes les morales humaines et qui nous y montre l'œuvre d'une sagesse toute divine, c'est qu'elle fait découler tous nos devoirs d'un principe aussi actif qu'il est doux et attrayant, savoir de l'amour pour Celui qui nous a créés et rachetés, et pour ceux qu'il a créés d'un même sang que nous et auxquels il a envoyé un même Sauveur.

Quand les hommes ont donné des préceptes de morale, ils se sont presque tous bornés à régler la conduite extérieure, du moins ils n'ont jamais pensé à réduire tous leurs préceptes à celui-ci : « Tu aimeras Dieu de tout ton coeur et ton prochain comme toi-même ; » ils n'ont jamais pensé à demander que tout se fît par un principe d'amour. Dieu seul a tout réduit à aimer, et a renfermé la Loi et les prophètes dans ces deux commandements qui règlent les affections de nos coeurs, et qui nous disent : « Tu aimeras. » Dieu, qui connaît bien ce qui est dans l'homme a su que nos affections étant le principe qui dirige notre conduite, c'est le coeur et les affections qu'il faut régler avant toutes choses. D'ailleurs Dieu était le seul qui pût nous commander d'aimer, parce que lui seul étant le maître d'incliner les coeurs où il veut, pouvait en même temps qu'il nous disait: « Tu aimeras,» mettre dans nos coeurs, par sa grâce, cet amour qu'il exige de nous. Enfin Dieu seul, qui est amour, pouvait dans sa pensée divine faire de la sainteté une loi d'amour, et renfermer la Loi et les prophètes dans le plus doux des sentiments, exprimé par ces paroles deux fois répétées : « Tu aimeras. »

A. ROCHAT.