Pierre Nicolle (Viens et vois 1965/11)
« Novembre », retour des frimas et des sombres horizons ; cette saison
invite les âmes rêveuses à une réelle mélancolie, d'autant plus que le « Jour
des Morts », qui en marque le début, semble obliger la pensée à se reporter
au moment suprême où nous avons vu, hélas ! un visage bien aimé se glacer pour
toujours dans le masque de l'inexorable mort ! Fin fatale et irrémédiable d'une
vie, brisant les liens les plus sacrés de l'affection !
Ce deuil, surpassant sans doute les autres en douleur, a placé notre
âme devant l'angoissant mystère de l'Au-delà ! Mystère qui plonge l'esprit dans
un véritable vertige moral ! C'est précisément cette grande question qui attira
mon âme vers la lecture des Saintes Ecritures, il y a nombre d'années. En
effet, dès ma jeunesse, ce grand point d'interrogation s'était imposé à mon
cœur et à ma conscience avec une réelle persistance. Effectivement, la vie
vaut-elle la peine d'être vécue aussi longtemps qu'on se contente d'une vie
végétative ? Je trouvai, ainsi, une entière et apaisante satisfaction dans les
affirmations de Jésus, mon Sauveur. Puisse, chaque lecteur faire la même
expérience !
Je fais donc appel au cœur (centre des affections morales) de chaque
chrétien. Notre grand penseur, Pascal, n'a-t-il pas laissé cette pensée à la
postérité : « Si la Lumière n'entre pas par le chemin du cœur, elle n'y
entrera jamais par ailleurs, car le cœur a ses raisons que la raison ignore ».
En un mot, il faut arriver à découvrir en Dieu un Père, pour arriver entre
autres choses à la solution du Grand Problème de l'apaisante et consolante
Vérité qui nous occupe ici.
Que sont devenus nos chers disparus ? Y a-t-il une possibilité de communication avec eux ?
Que faire devant cette inexorable mort et cet impénétrable Au-delà ?.. Je sais
que je touche ici les sentiments les plus sacrés du cœur et de la conscience ;
ne nous dérobons pas, mais examinons, maintenant, ce qui est présent et
personnel pour chacun d'entre nous :
Au point de vue historique, nous savons que les prières POUR les
morts étaient inconnues avant l'an 1.000 de notre ère. D'autre part, on
n'en trouve aucune mention dans les catacombes avant le IVe siècle.
Cette pratique est donc totalement ignorée des Saintes Ecritures. A Lystre,
Paul et Barnabas refusèrent les honneurs offerts par la foule (Actes 14/11) et
Paul leur dit : « Nous sommes des hommes de la même nature que vous. »
On pourrait citer d'autres exemples identiques où un culte rendu à une créature
humaine est une hérésie doublée d'une idolâtrie. En un mot, la prière
adressée à des créatures humaines dans l'Au-delà est un acte non chrétien, donc
païen !
La Fête des Morts fut instituée par Odillon, abbé de Cluny en l'an 998
de notre ère ; elle appartient à une antiquité décadente et elle prit date au 2
novembre de chaque année. L'antiquité chrétienne, je le répète, a ignoré
totalement cette pratique.
Il ne peut donc intervenir aucune communication en
faveur de l'avenir de ceux qui nous ont précédé dans l'Eternité, pour la raison
absolue que le salut de l'âme est toujours chose personnellement et
définitivement réglée AVANT la mort. Le
lecteur voudra bien excuser ma franchise dans toute sa sécheresse ! Je ne puis
autrement ! Cette franchise m'est imposée par la Vérité des Ecritures ; mais
souvenons-nous que Dieu console les affligés ! Ses consolations dépassent nos
pensées et nos conceptions. Chères âmes en deuil, souvenez-vous que ses
consolations sont inépuisables.
« Cherchez l'Eternel pendant qu'il se trouve. Invoquez-le tandis qu'il est près. » (Esaïe 55/6)
« Jésus dit à la veuve : Ne pleure plus. » (Luc 8/13).