(Pent.
Evangel) (Trait d’union 1960/09)
Cet appel
tomba des lèvres du prophète Elisée immédiatement après l’enlèvement de son
prédécesseur et maître Elie. Une grande responsabilité était tombée sur ses
épaules. Etait-il capable de s'en acquitter? Pouvait-il, pauvre garçon
insignifiant, prendre la succession du puissant Elie ? Pourrait-il continuer
l'œuvre marquée par la puissance surnaturelle de Dieu ? Elie n’était plus.
Cette puissance opérait-elle encore? Le Dieu d’Elie avait répondu à son
serviteur en lui donnant la nourriture, et le feu, et la sécheresse, et la
pluie. Il lui avait donné ses miracles et sa bonté. Jamais il ne lui avait fait
défaut et c'est pourquoi le prophète pouvait dire, avec un regard de flamme :
"L’Eternel, devant lequel je me tiens, est vivant... "
Elisée
était là, au bord du Jourdain, ayant à la main le manteau d'Elie. Il l'éleva et
marcha d’un pas assuré vers sa première mise à l'épreuve. De l’autre côté du
fleuve, les étudiants en théologie l'observaient d’un œil critique. Elisée
n'était-il prophète que de nom? N'avait-il que le manteau de la profession? Il
y avait de l'émotion dans l’air au moment où le serviteur du Seigneur brandit
le manteau au-dessus de sa tête en s’écriant: "Où
est l'Eternel, le Dieu d’Elie ?".
Ce
n'était point un cri de doute. On se sert souvent de ces mots dans des périodes
où la foi s'affaiblit, où l’Eglise a perdu son autorité spirituelle et sa
puissance. Alors les saints se frappent la poitrine et demandent avec désespoir
: "Où est l’Eternel, le Dieu d'Elie ?" Plusieurs, en posant cette
question, pensent en réalité : "Où est Elie ? Elie le prophète aux yeux de
flamme et à la voix de tonnerre, Elie, l’homme de Dieu spectaculaire aux
puissantes victoires ?"
Le cri d’Elisée n’était pas un
manque de foi. Elie peut disparaître, mais le
Dieu d’Elie demeure et il est toujours prêt à agir, aujourd'hui encore. Le seul
danger, c'est que nous nous confiions dans le manteau d’Elie, au lieu de nous
confier en son Dieu.
Ce n'était pas non plus un cri
d'idolâtrie. Elisée n’a point dit : "Où
est l’Elie de Dieu ?" Mais bien : "Où est le Dieu d'Elie ?" De
nos jours, il y a une idolâtrie évangélique. Lorsque de grandes personnalités
chrétiennes se présentent devant les yeux de chrétiens encore charnels, ceux-ci
se prosternent comme en adoration. Certes nous remercions Dieu pour
l'inspiration et la force que sont pour nous les vies de puissants serviteurs
de Dieu; mais nous nous refusons à les adorer. Si tous les prédicateurs fameux
qui parcourent le monde mouraient demain, Dieu continuerait son œuvre sans eux.
Il est toujours le Dieu qui envoie le feu du ciel. Dieu enterre ses ouvriers, mais son œuvre
continue.
C’était un cri de victoire. Le langage d'une foi hardie. Elisée savait que le Dieu d’Elie était
avec lui, et il marchait avec assurance à sa première conquête. Les eaux se
partagèrent et le serviteur du Seigneur passa au travers.
Il y a victoire pour celui qui
regarde en face les difficultés, qui se tient ferme sur les promesses de Dieu,
et réclame son intervention miraculeuse. L.B. Fletcher a
dit : "C’est folie d'entrer dans l'œuvre de Dieu avec l'espoir de
remporter des victoires, avec un manteau qui a été rongé par les mites de doute
et de l’incrédulité. Un tel manteau n'a jamais ouvert de chemin pour aucun
prophète, même si auparavant il avait été un instrument puissant pour un autre
serviteur, enflammé de passion et de foi".
Elisée a été
assez hardi pour réclamer de Dieu ce que les gens ordinaires pensaient ne
pouvoir être accordé qu'à Elie. Beaucoup de chers enfants de Dieu marchent dans
la faiblesse et la désespérance, parce qu'ils ne peuvent pas croire que Dieu
veuille leur donner la puissance spirituelle. Mais Elisée sans importance,
conscient de sa propre faiblesse, s’abandonna totalement à son Dieu et s'empara
du Royaume des cieux avec violence". En réalité, ce qu'Elisée dit, c'était
: "Est-ce Elie qui partagea le Jourdain ? Non ce fut Dieu lui-même. Alors
où est le Dieu d’Elie ?" Il se souvint que le puissant prophète était un
homme comme lui, et que c'était l'Eternel qui avait accompli le miracle.
(Jacques 5/17).