lundi 21 décembre 2020

VOICI NOËL Ô DOUCE NUIT !...

 


(Realités de la foi 1994.04)

 

Le 24 décembre 1818, à Hallein (un village du Tyrol), le Père Joseph Mohr préparait son sermon et relisait l’histoire des bergers auxquels l’ange vint dire: «Aujourd’hui, dans la cité de David, un Sauveur vous est né...»

On frappa à la porte. C’était une paysanne qui venait lui annoncer que l'épouse d'un pauvre charbonnier avait mis au monde un enfant. La famille demandait au pasteur de venir bénir le nouveau-né.

Le Père Mohr fut très ému en arrivant dans la cabane pauvrement éclairée où la jeune mère, couchée sur un grabat, souriait très joyeuse, son bébé dans les bras. La scène ne ressemblait pas à l’étable dans la cité de David, et pourtant les derniers mots que le pasteur avait lus dans la Bible lui semblèrent soudain écrits à son intention.

Assis à son bureau, après la messe de minuit, il essaya de jeter sur le papier ce qui lui était arrivé. Les mots, sous sa plume, suivaient la rime et quand l’aube pâlit, il avait écrit un poème. Dans la journée, son ami, François-Xavier Gruber, professeur de musique à l’école du village, composa sur ces vers une mélodie.

Il ne se doutait pas qu'en ce jour anniversaire de la naissance du Christ, un grand hymne était né!

Cet hymne devait se répandre dans tous les pays où l’on célèbre Noël et quatre petits enfants devaient le faire entrer dans le chemin de la gloire.

Dans la vallée du Zillertal, les petits Strasser avaient les plus belles voix. «Les Strasser, disaient les gens chantent comme des rossignols.»

Comme les rossignols aussi, chaque printemps, les enfants s’en allaient vers le nord, à Leipzig, où se tenait la grande foire annuelle. Leurs parents étaient gantiers et les chargeaient de vendre les douces peaux de chamois renommées à la ronde.

Les enfants se sentaient parfois désemparés au milieu de la foule. Alors, pour se donner du courage, ils fredonnaient en chœur leur air favori: le «Chant du Ciel».

Il leur avait été enseigné par un fabricant d'orgues, Karl Mauracher.

Appelé dans un village pour y réparer les orgues, il avait prié l’organiste d’essayer son instrument. François Gruber - car c’était lui, se mit à jouer le Noël qu’il avait composé pour le Père Mohr.

 - je ne connais pas ce Noël, dit le fabricant d’orgues d'une voix mal assurée. Puis-je l’emporter? Il plairait beaucoup aux gens de chez moi.

Gruger acquiesça. Cette mélodie devint rapidement populaire dans le Zillertal et on l'appela le «Chant du Ciel».

Les enfants s’aperçurent que la chanson agissait comme un charme dans cette ville affairée. Les passants s’arrêtaient, fascinés par la pureté de la mélodie. Un jour, le grand maître de la musique du royaume de Saxe leur offrit des billets pour un des concerts qu'il dirigeait au Gewandhaus.

Le concert terminé, les enfants étaient encore envoûtés par la musique quand ils eurent un choc. Le chef d'orchestre venait, en effet, d'annoncer qu'il y avait dans la salle quatre enfants aux voix merveilleuses. Peut-être accepteraient-ils de chanter...

À ces mots, les enfants eurent le souffle coupé! Tandis qu’on les applaudissait, le rouge leur montait aux joues.

Ils débutèrent par le «Chant du Ciel». Quand ils eurent fini, il y eut un moment de recueillement avant que les applaudissements jaillissent de toutes parts.

Ils chantèrent tout ce qu'ils savaient et quand l'inspiration leur manqua, ils reprirent le «Chant du Ciel».

Le public enthousiasmé, criait «bis», lorsqu’un monsieur en uniforme monta sur l’estrade et annonça que leurs majestés, le roi et la reine de Saxe, attendaient les enfants dans leur loge.

—    Nous n’avions jamais entendu cet hymne de Noël, dit le roi. Qu'est-ce?

—    C'est un air que les paysans chantent dans nos montagnes.

—    Voulez-vous venir au château nous le faire entendre à Noël ? demanda la reine. Nos enfants seront ravis.

Ainsi fut fait. Le 24 décembre 1832, dans la chapelle du palais, les petits Strasser chantèrent:

Voici Noël!

O douce nuit!

L'étoile est là, qui nous conduit...

Et cette même nuit, le chant fit ses adieux aux enfants pour faire doucement son chemin à travers le monde...